Après le coup d’Etat manqué en Turquie le 16 juillet, le président Recep Tayyip Erdoğan a promis « d’éliminer le virus » de l’Etat. En dépit des appels internationaux à respecter l’Etat de Droit, la purge continue et les détentions arbitraires se multiplient.
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Après les militaires et la police, c’est au tour des médias et de l’enseignement de subir la purge imposée par le régime d’Erdoğan. Sachant que près de 3000 magistrats, procureurs et juges avaient déjà été limogés, on peut clairement mettre en doute l’indépendance de la Justice vis-à-vis du président.
Nettoyage de l’exécutif
C’est aujourd’hui quelques 15 000 membres du ministère de l’Education, enseignants et doyens d’universités qui ont été licenciés pour être sous l’influence du mouvement güleniste ou soutenant le coup d’Etat. C’est aussi 1 500 membres du ministère des finances, 492 membre des Affaires religieuses et quelques 100 agents du renseignement turc qui ont été limogés voire sont détenus par le régime.
Il s’agit là d’un nettoyage de grande ampleur presque systématisé. Certains dénoncent même le fait que des listes de membres opposés à Erdoğan aient été dressées avant que le coup d’Etat n’échoue. Ce qui est sûr, c’est que le président a su écarter toute opposition à son régime islamo-conservateur et qu’une large partie de la population le soutiens fermement.
Les médias touchés eux aussi
L’AFP a déclaré que le Haut Conseil de l’audiovisuel turc, le RTUK avait retiré mardi 20 juillet « tous les droits de diffusion et licences délivrés à toutes les organisations (radios et télévisions) liées, en relation et soutenant le FETÖ/PDY », c’est à dire appartenant à la mouvance güleniste.
Selon l’agence de presse turque Anadolu, cette censure concerne 24 chaînes de télévision, publiques et privées. Par conséquent, c’est aussi les moyens de communication que le président fidélise.
En tout cas, Erdoğan aura fait de sa rivalité avec l’imam Fethullah Gülen exilé aux Etats-Unis une affaire d’Etat. Il a fait pour ce dernier qu’il juge responsable, une demande d’extradition pour qu’il soit jugé en tant que « terroriste ». Lui apporter son soutiens reviendrait à se condamner en dépit des « principes démocratiques » qui régissent la Turquie.
Photo à la Une : manifestation pro-Erdoğan à Istambul le 19 juillet
crédit : REUTERS/Alkis Konstantinidis