Mardi, Kiev et Bruxelles ont ratifié l’accord d’association, à l’origine des discordes avec Moscou. Plus tôt, le Parlement ukrainien avait adopté des lois garantissant une plus grande autonomie des régions de l’Est du pays, majoritairement prorusses, ainsi que l’organisation d’élections en décembre et une amnistie pour les combattants.
« Historique », tel est le terme utilisé par le président du Parlement européen, Martin Schulz, pour qualifier la ratification de l’accord d’association entre l’Ukraine et l’Union Européenne. Face à un hémicycle européen conquis, le président Petro Porochenko a lancé un véritable message d’amour en duplex depuis la Rada à Kiev, « Gloire à l’Ukraine, gloire à l’Europe! », qui s’est conclu par une standing ovation des députés.
Avec cet accord politique et économique, l’ancienne république soviétique espère concrétiser l’éloignement de la domination russe sur son territoire, dont une partie reste dans les mains de milices pro-Poutine. Rapidement, Moscou a pris ses dispositions puisque son dispositif militaire est renforcé en Crimée.
Un accord qui reste symbolique
A ce stade, l’association reste encore symbolique. En effet, après une réunion tripartite incluant la Russie, l’Union Européenne a annoncé un report de l’accord de libre-échange, composante importante de l’accord d’association, à la fin de l’année 2015, pour permettre de nouvelles discussions avec l’Etat russe, opposé au projet.
Les critiques de ce report n’ont pas tardé. De nombreuses personnalités ukrainiennes comparent cette concession faite à Moscou aux évènements de fin 2013, quand l’ancien président ukrainien, Viktor Ianoukovitch, sous pression russe, avait refusé au dernier moment ce même accord d’association. Refus à l’origine des manifestations sanglantes de la place Maïdan.
Mise en place d’un « statut spécial » dans l’Est de l’Ukraine
Parallèlement, l’Ukraine a renforcé l’autonomie des régions prorusses de Donetsk et Lougansk, organisé le 7 décembre prochain des élections dans les districts séparatistes, et mis en place une amnistie pour les rebelles et les militaires sous certaines conditions. Les deux premiers points faisant partie du protocole de cessez-le-feu du 5 septembre signé à Minsk.
Ainsi, par ces concessions, Kiev donne aux autorités locales des prérogatives élargies pendant une période de trois ans à partir de l’adoption du texte. Le but, selon le président ukrainien, est d’ouvrir la voie à une décentralisation tout en garantissant « la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance » de l’Ukraine.
Un « premier pas » vers l’adhésion à l’Union Européenne a été fait, selon Porochenko. Les Etats-Unis ont d’ailleurs « applaudi » ce statut spécial et ces lois d’amnistie.
Poursuite des affrontements
Pourtant, cette joie n’est pas partagée partout. Dans les rues de Donetsk, la perplexité est de mise après les annonces de Kiev. Les habitants ne semblent pas convaincus par ces engagements. Depuis plusieurs jours, les tirs d’artillerie se poursuivent sur la ville.
La région déplore déjà la mort de cinq personnes en seulement 24 heures. Selon un comptage établi par l’AFP à partir des chiffres officiels de l’armée ukrainienne et des autorités locales dans les régions séparatistes, près de 30 personnes – 16 soldats et 12 civils – ont péri dans les bombardements depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu. Pas de quoi totalement crier victoire pour l’Ukraine.