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UMP : Diviser pour mieux régner

L’attaque de Rachida Dati sur François Fillon, hier, en témoigne, l’UMP est en pleine division. À un moment où le parti va adopter une nouvelle tournure pour préparer 2017, de plus en plus de clans se forment rue Vaugirard. Retour sur une segmentation du parti qui ne profite pas à tout le monde et qui peut courir à sa perte.

Ils ont tout raté. Après 17 ans de pouvoir, se retrouver dans l’opposition devait permettre à la droite et plus particulièrement à l’UMP de se concentrer sur les erreurs de la gauche pour réformer sa politique. Tout en gardant comme ligne de mire les présidentielles de 2017 où il pourrait s’appuyer sur le bilan de Hollande – qui risque d’être un fiasco – et un homme providentiel, que ce soir Sarkozy ou non, pour reprendre les reines du pays. Mais depuis le 06 mai 2012, le premier parti d’opposition met les pieds dans le plat sans arrêt. Cela a débuté avec le scandale des élections truquées, suivi de la présidence catastrophique de Jean-François Copé. Puis la rivalité entre ce dernier et l’ex-Premier ministre, François Fillon, a diviser le parti en plusieurs groupes.

Pendant ce temps-là, Sarkozy devenait le sujet number one des juges avec mise en examen et des doutes sur son implication dans quelques affaires malhonnêtes. L’ancien chef d’état ne redorer pas non plus l’image de son parti, où ses fidèles montraient plus de maladresses qu’autre chose pour défendre son cas. Et puis est venu l’affaire Bygmalion qui a complètement bouleversé un parti qui avait pourtant terminé en tête des municipales en mars dernier. À ce moment, et après des révélations fracassantes de Jérome Lavrilleux chez nos confrères de BFMTV, Jean François Copé quitte la présidence du parti le 15 juin dernier, obligé, par des membres du parti en colère contre le maire de Meaux et tous les scandales qui entoure son mandat.

À ce moment-là, un triumvirat composé de trois anciens chefs de gouvernement, à savoir Alain Juppé, François Fillon et Jean-Pierre Rafarin ont pris la présidence du parti en attendant de nouvelles élections en octobre prochain. Élections que beaucoup cherchent à remporter pour faire changer de ligne le parti, voir même le faire changer tout court. Et comme pour toutes batailles, tous les coups sont permis, même dans une « famille » politique.

Ça tire dans tous les sens !

J.F Copé, F.Fillon et R.Dati ne sont plus sur le même ligne politique.

J.F Copé, F.Fillon et R.Dati ne sont plus sur le même ligne politique.

Nicolas Sarkozy, Xavier Bertrand, François Fillon, Bruno Le Maire ou même Alain Juppé pourraient chercher à prendre la place du boss à l’UMP. Tous ont envie d’imposer à la droite leur ligne politique et se tailler un costume présidentiel pour mai 2017. Mais tous ne s’apprécient pas. Pire, se haïssent pour certains. Hier Rachida Dati, accusé par Le Canard enchaîné de percevoir près de 10 000 euros annuels de l’UMP pour couvrir ces factures téléphoniques, tiré sur François Fillon avec un gros calibre. Sur Twitter, l’ancienne garde des Sceaux – visiblement persuadé que les accusations venaient du clan Fillon- à déclarer « Ce n’est pas de ma faute si François a accepté d’être humilié pendant 5 ans par Nicolas Sarkozy ». Sympa, l’ambiance entre collègues. Ce n’est pas la première fois que ces derniers mois des cadres du parti s’envoient des petits pics via les médias ou les réseaux sociaux.

En effet, F.Fillion, victime du tweet de R.Dati, et pourtant un habitué des coups de tonnerre. Le 3 juin, il déclarait qu’un « parti politique n’est pas une mafia » en référence à J.F Copé. Avant la démission de ce dernier, l’ancien Premier ministre s’en prenait à son ancien « collaborateur », déclarant que « Sarkozy ne pourrait pas revenir ». Aujourd’hui, il dirige l’UMP avec le vieux sage J.P. Raffarin, qui lui tente d’instaurer la paix au sein du parti, et Alain Juppé, qui est lui bien parti pour être l’homme providentiel de l’UMP pour l’Élysée si l’ancien chef d’état ne se sort pas de toutes les affaires qui le concerne.

À l’UMP, c’est tous contre Juppé

Et oui, être aimer par tout le monde ce n’est jamais bon signe. Rassemblant la confiance de plus de 75% des adhérents du parti, le Maire de Bordeaux est aujourd’hui l’homme de confiance de l’UMP. Plus apprécié des sympathisants et moins embêté par la justice que N.Sarkozy, l’ancien Premier ministre reçoit forcement les jalousies des autres « clans » de parti. Chez les Sarkozystes, l’assurance du Girondin agace et inquiète. Au point que la plume de l’ancien Président, Henri Guaino, c’est permis de parler d’un Juppé rempli « d’une épouvantable arrogance que les épreuves de la vie auraient dû lui aider à s’en débarrasser ». Ce dernier avait invité quelques semaines plutôt au député de la région parisienne de quitter son poste à l’UMP s’il ne soutenait pas Alain Lamassoure aux Européennes.

L'avenir s'éclaircit pour Alain Juppé, alors que Sarkozy est dans le flou

L’avenir s’éclaircit pour Alain Juppé, alors que Sarkozy est dans le flou.

Il faut dire que les ambitions de Juppé sont, certes discrètes, mais tout aussi grande au vu de l’amour que lui donnent les électeurs aquitains et français. Il est de plus en plus le favoris incontesté des primaires 2016, si et seulement si Sarkozy ne pouvait revenir. Par ailleurs, le Maire de la cinquième ville de France a déclaré sur BFMTV, le 25 juin dernier, qu’il « vaut mieux un sexa en forme plutôt qu’un quinqua amorti ». Âgé de 68 ans, il affirme une fois de plus ces intentions et devient tout naturellement l’homme à abattre rue Vaugirard, surtout pour ceux qui souhaitent revoir le cinquième président la Ve République revenir au pouvoir dans trois ans. Des fillonistes déclarent d’ailleurs « Alain grignote du terrain de jour en jour, à ce rythme-là on va finir par plus avoir de chance ».

Il faut dire qu’à droite Juppé à toujours était un taulier. Fondateur et premier président du l’UMP, le patron de la commune bordelaise avait atteint son record d’impopularité à Matignon entre 1995 et 1997. Aujourd’hui, celui que Chirac qualifiait de son temps de « meilleur d’entre nous » suscite la jalousie de son parti. Le but étant de démystifier ce « syndrome du bon élève droit dans ses bottes » incarné par l’Énarque. Surtout qu’il est considéré aujourd’hui comme le second homme politique préféré des français L’idée principale étant de l’écarter pour la course à l’Élysée de 2017, qu’il pourrait gagner grâce à sa popularité, avec ou sans l’étiquette UMP.

Le parti porté disparu ?

Et oui, il semble peu probable que si A.Juppé ou N.Sarkozy se présente en 2017 sous une autre étiquette que celle de la droite. Il est, en revanche, envisageable que sous les poids des affaires qui volent au-dessus du parti depuis quelques mois, que tout change, des membres au patronyme.

La question d’un changement d’identité a été amenée sur la table dès la fin des élections de 2012. À l’époque, le changement devait plus s’opérer sur le plan politique que sur celui de la communication. D’où le duel Fillon-Copé, où le premier était plus au centre et l’autre plus à droite. Mais entres les conflits idéologiques et les affaires de sur-facturation de la campagne de 2012, l’initiative de Xavier Bertrand, changer la ligne et le nom du parti, pourrait voir le jour après les résultats de l’audit financier sur la dette de l’UMP.

Les électeurs auront-ils bientôt une nouvelle carte d'un "nouveau" parti ?

Les électeurs auront-ils bientôt une nouvelle carte d’un « nouveau » parti ?

En effet, ce mardi 08 juillet, le triumvirat à annoncer lors d’un bureau politique, que la dette de l’UMP était de 74 millions d’euros. En baisse de 22 millions d’euros par rapport à 2012, celle-ci reste néanmoins très importante et pourrait handicaper l’UMP pour les échéances à venir. Bien évidemment, la dette est attribuée au travail de Jean-François Copé et de son conseiller Jérome Lavrilleux depuis la campagne de 2012.

Ainsi, des caciques du parti comme le Maire de Nice, Christian Estrosi, sont favorable à un changement de nom pour « révolutionner » les idées de la droite. Ce dernier souhaiterait « couper les branches pourries » de l’arbre de l’UMP, pour faire repousser le fruit de la victoire. Si politiquement le changement de nom a un sens – il permet de changer un acronyme qui porte préjudice dorénavant – il ne règlerait rien au problème financier. La dette continuerait donc de mettre à mal les finances du « nouveau parti de droite » dont les anciens dirigeants seraient toujours responsables.

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