Le procès de Reinhold Hanning, ancien gardien du camp d’Auschwitz, s’ouvre jeudi 11 février en Allemagne. L’homme, âgé aujourd’hui de 94 ans, est poursuivi pour s’être rendu complice du meurtre d’au moins 170 000 personnes entre janvier 1943 et juin 1944.
L’état de santé de l’ancien gardien ne permettra que deux heures d’audiences par jour. Accusé d’avoir été l’un des rouages de l’extermination, il risque de 3 à 15 ans de prison.
Un ancien SS
Jeune ouvrier engagé à 18 ans dans les Waffen SS, il a combattu dans les Balkans avant de partir sur le front russe. Hanning a été transféré début 1942 à Auschwitz : membre des Totenkopf, unité SS portant un uniforme reconnaissable à sa tête de mort, il était affecté au camp de base Auschwitz-I. Il surveillait également à l’occasion la rampe d’arrivée de Birkenau, dit Auschwitz-II. A la différence des précédents procès, l’accusation ne se limite plus aux meurtres dans les chambres à gaz, mais englobe les exécutions sommaires et «l’extermination par les conditions de vie».
Tout en reconnaissant avoir été garde, Reinhold Hanning a démenti avoir été impliqué dans les assassinats de masse. Le parquet ne reproche à Reinhold Hanning aucun geste criminel précis mais l’accuse d’avoir été l’un des « rouages » de l’extermination.
Porter en justice la mémoire des victimes
L’ancien garde sera confronté aux témoignages de plusieurs survivants de la Shoah. Angela Orosz sera notamment présente. « Je suis probablement la plus jeune d’entre eux, mais pour moi c’est un devoir de maintenir la mémoire en vie« , déclare à l’AFP cette femme de 71 ans, qui est née à Auschwitz et a survécu miraculeusement avec sa mère. Même si longtemps après, les procès contre les derniers nazis « doivent avoir lieu« , estime-t-elle. « Il semble que le monde oublie vite, et quand j’entends que l’antisémitisme et l’extrémisme progressent de nouveau en Europe, je suis en colère« , ajoute-t-elle.
Une quarantaine de parties civiles sont venues des Etats-Unis, du Canada, d’Israël et d’Angleterre.
Une vague de procès tardifs
L’homme est le troisième accusé d’une vague de procédures tardives qui a commencé avec le procès de John Demjanjuk, ex-gardien de Sobibor, en 2011 puis celui d’Oskar Gröning, condamné à quatre ans de réclusion en juillet dernier. Deux autres anciens SS seront jugés fin février à Neubrandenburg puis mi-avril à Hanau.
Sur les 6 500 SS du camp qui ont survécu à la guerre, moins de 50 ont été condamnés. L’envie de tourner la page et la forte présence d’anciens nazis dans la magistrature en Allemagne sont notamment à l’origine de ce retard.