Un cri d’alarme lancé par UNICEF. Dans son rapport proposé au Comité des droits de l’enfant à l’ONU, l’association dénonce la situation d’enfants en France : 3 millions vivent sous le seuil de pauvreté, 30 000 sont sans domicile, 9 000 habitent dans des bidonvilles et chaque année, 140 000 décrochent de l’école.
La situation s’est aggravée avec la crise, dont la prise en compte a été « dramatiquement insuffisante » : entre 2008 et 2012, 440 000 enfants ont basculé avec leur famille dans la pauvreté. Le rapport « Chaque enfant compte. Partout, tout le temps« , sera remis à l’ONU et Claude Bartolone, dans l’espoir de sanction contre la France qui est accusée par l’ONG de ne pas respecter tous les principes de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE).
Justice, éducation… 36 recommandations
La justice des mineurs française est pointée du doigt : l’association demande la suppression des tribunaux correctionnels, afin que les moins de 18 ans ne soient plus jugés comme des adultes, notamment avec la suppression promise par différents gouvernements des tribunaux correctionnels.
La ministre de la justice Christiane Taubira a réagi sur twitter.
#Unicef, est-ce bien une marque de progrès, des enfants pauvres, sans abri ni espoir, des adolescents dont les adultes auraient peur? ChT
— Christiane Taubira (@ChTaubira) 9 Juin 2015
Le rapport dénonce le système éducatif qui « creuse les inégalités« , ainsi que les disparités territoriales « de plus en plus marquées, particulièrement criantes en France ultra-marine« . Or l’école est une des seules chances de ces enfants de s’en sortir et beaucoup « cumulent les inégalités aux conséquences désastreuses pour leur avenir et celui de la société ».
Le sort des enfants migrants, « une situation inacceptable »
Ces mineurs sont isolés « comptent parmi les plus vulnérables« . UNICEF demande donc plus de stabilité pour les familles : »Favoriser une stabilisation des familles vivant en bidonville en mettant un terme aux démantèlements erratiques successifs des campements (…) et en permettant l’accès aux dispositifs sociaux de droit commun respectueux des droits de l’enfant« .
Ci dessous, un camp de migrant au métro la Chapelle, où vivaient de nombreuses familles.
L’association recommande aussi des campagnes de communication afin de réduire les stéréotypes sur les bidonvilles, et de punir « toutes formes de stigmatisation et de discrimination des élus de la République à l’égard des populations en bidonville« .
Deux enfants roms décédés suite à l’insalubrité de leurs bidonvilles
Ces 7 et 8 juin, deux enfants sont décédé à la suite d’explosion et incendie d’une caravane dans leurs campements situé respectivement en Yvelines et Nord Est de Lille.
Les associations déplorent les démantèlements de camps qui se multiplient ces dernières années, et dont les enfants sont les premières victimes : « Mercredi 3 Juin, une centaine de personnes ont été expulsés d’un campement à Hellemmes-Lezennes. A cause de la confiscation de leurs biens et de leurs caravanes, un nouveau-né de 5 semaines était en train de dépérir, victime d’une grosse déshydratation.« , déplore Patrick Vigneau, directeur de l’association Sauvegarde du Nord, qui a pu reloger la famille dans une interview au Monde.
De plus, un démantèlement conduit à la perte du suivi d’enfants et famille et de leur scolarisation. Un suivi médical est aussi permis par les associations : l’accès aux vaccins infantiles n’est plus garanti.
« Nous pourrions faire beaucoup mieux avec les mêmes moyens« , conclu Michèle Barzach, présidente d’UNICEF dans une interview pour l‘AFP.