Le 27 juin 2018, la préfecture et la mairie de Paris se lient pour accomplir une mission de taille : déloger la centaine de toxicomanes qui stagnent à la Porte de la Chapelle. Un mois plus tard, VL MEDIA s’est rendu dans ce quartier, où règnent toujours drogue et prostitution.
Entre l’autoroute du Nord et le périphérique, impossible de marcher cinq mètres sans voir un de ces accros au crack. Ils sont là, à déambuler dans les rues. Certains font la manche au feu rouge, d’autres se prostituent pour se payer une dose. Ce qui jadis s’appelait “La porte de la Chapelle” se nomme désormais “La colline du crack.” Il y a un mois jour pour jour, la ville de Paris et la préfecture s’étaient fait une promesse : démanteler ce réseau de trafic et de consommation de drogue. Aujourd’hui, la situation est pire qu’avant.
“Vous voyez bien que le problème est loin d’être résolu !”, fustige Véronique, consommatrice de drogue dure. En traversant la nationale sans se soucier des voitures, cette SDF revient d’une séance de shoot sur la “nouvelle colline du crack”. “Ils nous ont dégagé, mais on s’est juste délocalisé à quelques centaines de mètres”, explique-t-elle, en pointant l’ancien camp et le nouveau, désormais situé en dessous du périphérique.
“Donnez-nous du logement !”
Selon cette cracker, le quartier, qu’elle qualifie de “plaque tournante” en vue du nombre de migrants, de dealers, consommateurs et autres prostituées, est toujours sujet au même fléau : la drogue. Avant de retourner dans son abri de fortune, Véronique souhaite faire une requête au gouvernement : “donnez nous du logement !”
Officiellement, déjà 70 toxicomanes ont été relogés. La mairie de Paris et la préfecture assurent conjointement avoir pris en charge une quarantaine de personnes. L’association Aurore, elle, dit s’occuper de trente autres drogués. La plupart ont été installés dans des hôtels, sous condition sine qua non de participer à un programme de désintoxication. A l’heure actuelle, bon nombre sont revenus à leur campement d’origine, à la porte de la Chapelle, aussi appelée “Porte de l’enfer.”
Philippe, lui, a pu être relogé par des associations il y a de ça trois ans. Ce qui ne l’empêche pas de continuer de consommer “la drogue du pauvre.” Titubant, ce quarantenaire, une chaîne anti-vol en guise de collier, nous explique que “la situation est certes meilleure qu’avant, mais que les crackers sont toujours présents dans le quartier. On continue toujours de consommer.”
Pas question de partir pour les dealers de drogues. Ce quartier est pour eux un endroit propice aux affaires, où “le mal est partout”, comme dirait Aurélie, à l’allure douteuse, les pieds pleins de boue. Moussa, un vendeur de haschich, ne fréquente que très peu l’univers de la drogue dure. Pourtant, ce jeune afro connaît bien le quartier, et confirme que “les dealers reviennent toujours ici pour vendre. C’est impossible de les arrêter.”
Un défi que la ville de Paris lance au Gouvernement. Pour mettre fin à cette situation critique, la maire (PS) Anne Hidalgo a lancé mercredi dernier un appel à l’aide, et demande “une aide urgente de la part de l’Etat”. Son premier adjoint, Bruno Julliard, tire lui aussi la sonnette d’alarme : “Paris démultiplie les initiatives et renforce ses moyens, bien plus qu’elle n’est obligée de le faire : il faut que l’Etat s’implique. La Ville ne peut agir seule.”
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