L’intrigue dite « Hugues Ancelin » s’est achevée hier avant d’entrer en « confinement », démontrant la grande forme scénaristique de Un si grand soleil.
Après plusieurs mois dans la série, l’intrigue autour de Hugues Ancelin (incarné assez finement par Renaud Danner) a pris hier soir au terme d’un affrontement terrible dans la forêt, affrontement entre Julien et Hugues et qui s’est soldé par la mort de ce dernier.
Cette scène de traque puis de mort en forêt a été réalisé par Chris Nahon et elle illustre parfaitement non seulement la très grande forme scénaristique de Un si grand soleil mais également plus largement, ce que l’on peut faire aujourd’hui dans le feuilleton quotidien, un genre encore trop souvent raillé.
Quand nous étions allés sur le tournage de la série il y a un an, le réalisateur Fouad Benhammou nous avait expliqué que la raison pour laquelle il avait accepté de rejoindre la série résidait dans la possibilité, à l’intérieur d’un genre hyper calibré, de pouvoir mettre sa patte et créer des choses.
Le soap à la française est en effet très très loin du soap américain, plus cheap par ses tournages en studios et en vidéo. Depuis ses débuts, Un si grand soleil a toujours essayé de se démarquer le plus possible de ces codes, le terme de « série quotidienne » étant même utilisée pour montrer que c’est encore autre chose que le feuilleton qui est fait. C’est que Un si grand soleil s’illustre par un style plus proche du prime time (à la fois en réalisation comme en habillage musical), même si la série sait aussi créer des intrigues propres au genre.
En créant des intrigues à tiroirs qui s’arrêtent, puis reprennent plus tard, Un si grand soleil a pu monter en puissance au fil des mois. L’incendie de l’escape game et ses conséquences sur Virgil ont été le premier maillon d’une chaîne d’intrigues qui n’a cessé de s’améliorer. Puis sont arrivés les intrigues autour d’Eliott (très réussie), puis de Hugues Ancelin pour arriver à une sorte de réussite totale hier soir.
Cette dernière a d’ailleurs été l’occasion de montrer le savoir faire des équipes techniques, des réalisateurs, des auteurs qui sont parvenus à faire monter la pression pour arriver à ce paroxysme très réussi en forêt avec un style visuel et une photographie hommage aux survivals américains.
Cette intrigue a aussi souligné, démontré, confirmé, la très solide performance de Chrystelle Labaude (Elisabeth) qui a brillée dans la peau de son personnage au fil des semaines.
« J’étais content de terminer en fanfare avec cette fin assez épique dans la forêt, un peu comme une vision de cauchemar«
Renaud Danner à Allo Ciné
Si on veut bien se donner la peine de les regarder sans mépris aucun, de tenir compte de ce qui est fait dans un cadre très stricte (celui du feuilleton quotidien ET celui des règles sanitaires) qui ne peut, en principe, laisser place à aucun élément sortant du cadre, alors on constatera que ce que les équipes de Un si grand soleil ont accompli durant ces dernières semaines est une très belle réussite.
On comprend mieux dès lors pourquoi le soap made in France a une importance si particulière dans la paysage audiovisuel français et pourquoi il est un enjeu bien plus conséquent pour les chaînes que dans d’autres pays.