L’année de césure est depuis jeudi 23 juillet encouragée pour les étudiants français. Depuis la mise en place d’une circulaire du ministère de l’Education, les jeunes sont invités à bénéficier d’une année de césure pendant leur cursus. Une « coupure » qui sonne comme une révolution ? On peut en effet se poser la question, étant donné que cette pratique n’a jamais été très appréciée dans notre beau pays…
C’est bien connu, l’idée de faire une année de césure n’a jamais eu le don de rassurer les étudiants français. Le coût, le manque de reconnaissance officielle, le risque d’un redoublement dans un parcours scolaire et/ou professionnel déjà tracé : tous ces critères font que seulement 15% des jeunes attirés par l’année de césure sautent le pas, selon une enquête menée par Viavoice publiée le 5 mai.
Dans le détail, qu’est-ce-que cette circulaire nous offre-t-elle ?
En effet, jusqu’à jeudi dernier, l’année de césure ne revêtait qu’un caractère optionnel, voir exceptionnel, et n’était en rien encouragée par le ministère de l’Education afin d’obtenir son diplôme, bien au contraire. Désormais, les étudiants peuvent bénéficier d’une « pause » de quelques mois pendant leur cursus, afin de vivre de nouvelles expériences et réaliser différents projets, qu’ils soient personnels, professionnels, ou encore associatifs en France, et même à l’étranger.
Pour une expérience perso., profess. ou d’engagement, la #césure facilitée pour les étudiants http://t.co/IDoEWlFNZ2 pic.twitter.com/taIlWIT6u4
— Najat Belkacem (@najatvb) 23 Juillet 2015
Concrètement, le ministère de l’Education propose que la période de césure s’étende de six mois à un an et offre la possibilité aux étudiants les plus jeunes d’effectuer cette « coupure » dès leur première année d’étude dans le supérieur. Cela vous concerne donc tous! Aussi, la valorisation des compétences acquises pendant la césure est un des objectifs de cette circulaire. En effet, « si l’étudiant le souhaite », elles pourront être mises en avant dans le parcours de formation.
Bien évidemment, la période de césure n’est en rien obligatoire afin d’obtenir son diplôme. Elle reste ouverte sur la base du volontariat, bien qu’elle soit aujourd’hui encouragée par le ministère de l’Education.
Pendant cette période, l’étudiant pourra conserver son statut et ses droits sociaux (sous conditions, évidement, de présence aux examens de fin d’année), bien que dans certains cas particuliers, le maintien de la bourse, entre autres, peut être laissé à l’appréciation de l’établissement. En retour, l’étudiant s’engage à réintégrer la formation à la fin de sa période de césure, et l’établissement à garantir sa réinscription à son retour.
Une mauvaise réputation en France
Pourtant la période de césure n’a rien d’une nouveauté dans sa pratique. En effet, elle existe déjà dans de nombreux établissements d’enseignement supérieur français, sans, toutefois, posséder un réel cadre juridique. La circulaire va donc permettre de remédier à cette situation instable et de mettre en place un certain nombre de garde-fous. « Ce texte a été rédigé dans une optique de sécurisation aussi bien de l’étudiant que de l’établissement », précise-t-elle.
L’année de #césure pour les étudiants : une mesure #PrioritéJeunesse @EducationFrance @sup_recherche pic.twitter.com/qUFpbGtM6C — Jeunes_gouv (@Jeunes_gouv) 24 Juillet 2015
Cette petite révolution dans le monde étudiant est aussi une manière de bousculer les idées reçues et autres a priori sur cette fameuse « année de césure ». En effet, cette pratique n’a jamais été très appréciée dans les mentalités françaises, qui l’assimilent trop souvent à une simple « année sabbatique », plutôt qu’à une véritable volonté de mener divers projets afin de valoriser son parcours étudiant.
Depuis longtemps, c’est une revendication portée par Animafac, réseau d’associations d’étudiants : « Les parcours atypiques sont stigmatisés au lieu d’être valorisés, ce qui peut créer un sentiment d’échec très fort chez un grand nombre d’étudiants. La société française construit des diplômés avant de construire des adultes », regrettait l’association, il y a déjà deux ans.
Prenons exemple sur les Etats-Unis et le Danemark !
Si l’idée d’une « période de césure » est souvent mal vue en France, car directement assimilée à « du temps perdu » au sein du parcours universitaire, elle n’est pas du tout considérée de la même manière au Danemark, par exemple, où il possible qu’elle soit réalisée juste après la sortie du lycée. De plus, cette « gap year » peut rapporter des points aux jeunes lors de leur entrée à l’Université. Quoi de mieux pour commencer ses études supérieures ?
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— angloitalian (@ai_followus) 24 Juillet 2015
C’est aussi le cas aux Etats-Unis, où l’année de césure est ouvertement « survalorisée » et est considérée comme un passage obligé afin d’étoffer son CV et d’acquérir de nouvelles compétences. Par exemple, dans l’université prestigieuse de Princeton, la période de « latence » bénéficie d’un programme baptisé de « Bridge Year ». Ainsi, pendant neuf mois, les étudiants peuvent débuter leur expérience universitaire à l’étranger, sur l’un des cinq sites internationaux proposés par l’école.
L’objectif est simple : offrir aux étudiants le maximum de chance de pouvoir enrichir leurs compétences « inter-culturelles », tout en leur permettant d’avoir suffisamment de recul sur leurs projets personnels.
En un mot: bye bye les clichés sur l’année de césure ; à vous de montrer de quoi vous êtes capables !
crédit image de couverture: Flickr/CC/Will Ellis