Suite à l’affaire Benalla, l’Assemblée Nationale discutera, durant les 48 prochaines heures, d’une double motion de censure votée par la droite et la gauche.
Ce mardi 31 juillet, le gouvernement d’Edouard Philippe s’apprête à affronter une double motion de censure votée par la droite Les Républicains (LR) et la gauche, réunie pour l’occasion (PS, LFI et PCF). Alors que les motions de censure sont fréquentes – une centaine ont été déposées au cours de la Vème République -, une seule a abouti à la démission du gouvernement. Le 5 octobre 1962, le général De Gaulle alors à la tête du pays, doit dissoudre l’Assemblée Nationale et se séparer de son Premier ministre. Georges Pompidou sera reconduit à l’issue de la victoire des gaullistes aux législatives. Mais l’initiative d’une double motion de censure concernant l’affaire Benalla reste un évènement rarissime, voire inédit car il concerne des partis politiquement opposés. En 1980, deux motions de censure avaient été proposées sous Raymond Barre mais émanaient toutes deux de la gauche : le parti socialiste et le parti communiste.
Aujourd’hui, l’évènement résonne comme l’opportunité de répondre au chaos créé par le scandale de l’affaire Benalla dans l’hémicycle. Alors qu’Édouard Philippe devra répondre à Christian Jacob (LR) et André Chassaigne (PCF), qui présenteront tous deux leur motion de censure. Le Premier ministre n’a pas à craindre de dissolution du gouvernement. En effet, une motion de censure recquiert 289 voix pour être effective. Or, Les Républicains – rassemblant 103 députés -, et la gauche – 63 voix -, sont numériquement inférieurs aux députés LaREM-MoDem. D’autre part, alors que La France Insoumise déclarait plus tôt voter la motion de censure présentée par Les Républicains, ces derniers ne rendront pas la pareille à leur opposant car « il ne faut pas faire d’alliance contre nature » déclarait Damien Abad, député LR.
L’initiative d’une double motion de censure ne relève pas directement d’un souhait de renverser le gouvernement, mais d’une opportunité de « rétablir l’ordre républicain » plaidait Jean-Luc Mélenchon, député LFI. Alors que le gouvernement doit faire face aux scandales et oppositions des députés de tous bords, la classe politique souhaite obtenir davantage d’explications sur le scandale Benalla. Il y a une semaine, Emmanuel Macron s’exprimait sur l’affaire, accusé jusqu’alors de rester silencieux, le Président de la République souhaite faire une distinction entre « une affaire d’Etat » décriée par la majorité et « une dérive individuelle » dont il assume l’entière responsabilité.
Durant les prochaines 48 heures, Édouard Philippe devra donc converser avec l’opposition afin d’appuyer le discours du président et rétablir un ordre institutionnel. Les députés, en attente d’explication, souhaitent voir ressurger une vérité et actualiser un débat jusqu’à présent trop verrouillé.