Dans le cadre de la commission d’enquête sur le Covid-19, des députés LR et LaREM ont quitté l’audience pour protester contre la présence de Maryam Pougetoux, vice-présidente du syndicat étudiant Unef qui porté le voile.
Une femme voilée à l’Assemblée nationale, les députés quittent la salle. Scène surréaliste mais pourtant vraie ce jeudi lors d’une table-ronde consacrée à l’impact de la crise du Covid-19 au sein de la jeunesse, en présence de plusieurs associations étudiantes. Alors que la vice-présidente de l’Unef, Maryam Pougetoux, voilée, prend la parole, des députés Les Républicains (LR) et leur collègue LREM, Anne-Christine Lang sont sortis en cours d’audition à cause du hijab de la jeune femme. Le député LR du Pas-de-Calais Pierre-Henri Dumont en a profité pour faire un rappel au règlement : « Nous faisons le constat avec regret qu’un syndicat étudiant auditionné enfreint le principe de laïcité auquel doit s’astreindre notre Assemblée« , indique t-il. Et il a tout faux. Selon le règlement du Palais Bourbon, «le port de signes religieux pour les personnes auditionnées» n’est pas interdit rappel Sandrine Mörch. Anne-Christine Lang (LaREM) justifié sa décision de quitter la salle car le « port du hijab » est « incompatible » avec ses « valeurs ». Sa consoeur, Sandrine Mörch, la présidente LaREM de la commission, lui a rétorqué « C’est un mauvais procès […] On vous remercie de quitter la salle, on va continuer nos entretiens sans vous, ce sera plus constructif« , a-t-elle poursuivi. Drôle d’ambiance pour une commission destinée aux « effets de la crise du Covid-19 sur les enfants et la jeunesse»
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« Estomaquée par ces images », Ségolène Royal assure qu’elle « aurait quitté la salle »
Visiblement, Ségolène Royal aurait également quitté la salle. L’ancienne candidate socialiste à l’élection présidentielle de 2007 estime que le port du voile Maryam Pougetoux est de la « provocation » et du « militantisme » assure t-elle chez Jean-Jacques Bourdin ce matin. « Le règlement de l’Assemblée nationale n’a pas prévu ce cas : parce que c’était imprévisible ! » poursuit Ségolène Royal qui se dit « estomaquée par ces images ». Selon elle, il faudrait obliger les personnes auditionnées à avoir la tête découverte, « comme ça on ne cible pas forcément une religion même si c’est bien ça quand même qui est ciblé », a-t-elle dit. Ce n’est pas la première fois que Maryam Pougetoux est ciblée pour son port du voile. Marlène Schiappa, alors secrétaire d’État à l’Égalité femmes-hommes, avaient critiqué l’Unef, syndicat étudiant de gauche, pour avoir désigné une étudiante voilée comme porte-parole.
Des personnalités de gauche montent au créneau
Le port du voile de la vice-présidente du syndicat étudiant UNEF à l’Assemblée nationale divise la classe politique. Quelques personnalités plutôt de gauche ont défendu fermement Maryam Pougetoux avec Cécile Duflot en tête de liste. L’ancienne ministre écologiste parle « d’une obsession du voile » assurant que « la laïcité était respectée » lors de cette réunion. Le député de la France Insoumise, Adrien Quatennens a également pris la parole et dénonce « les parlementaires qui ont honteusement quitté la salle parce qu’une jeune femme auditionnée à l’Assemblée nationale portait le voile » écrit-il sur Twitter avant d’expliquer que « la laïcité impose la neutralité de l’Etat, pas des citoyens » poursuit le proche de Jean-Luc Melenchon.
Face à la polémique, le syndicat de Maryam Pougetoux a défendu publiquement sa vice-présidente. L’Unef estime qu’il est « scandaleux, qu’en 2020, une députée de la République s’en prenne à une étudiante voilée » écrit le syndicat sur Twitter.
Crédit : Capture écran LCP