Le 14 juillet 2016, le secrétaire d’Etat à la marine américaine a déclaré qu’un navire de guerre porterait le nom d’Harvey Milk, une icône du mouvement gay des années 1970. L’USNS Harvey Milk, un pétrolier de l’US Navy, porte en conséquence une signification toute particulière au sein d’une marine qui n’a pas toujours su accepter les homosexuels dans ses rangs.
L’USNS Harvey Milk
Le secrétaire d’Etat à la marine américaine a confirmé le 14 juillet qu’un navire de l’US Navy porterait le nom du leader du mouvement gay, Harvey Milk. Il s’agirait d’un pétrolier militaire de la classe John-Lewiss T-AO 206 construit par General Dynamics NASSCO, a révélé l’US Naval Institute.
D’après les mots du neveu d’Harvey, Stuart Milk, nommer un vaisseau d’après le nom de son oncle « enverrait un signal favorable à tous les braves hommes et femmes qui servent [la] nation, et que l’honneteté, l’acceptation et l’authenticité font partie des plus hauts idéaux de [l’]armée » a-t-il déclaré en 2012. Les démarches pour une telle entreprise ont débuté en 2012 avec une résolution de Scott Wiener, un élu démocrate de San Francisco, ville d’Harvey Milk, demandant à l’armée de baptiser le bateau.
Dans le lot des nouveaux baptisés, nous retrouvons aussi l’USNS Earl Warren, l’USNS Lucy Stone et l’USNS Sojourner Truth ; respectivement partisan des droits civiques et abolitionnistes. Il y a donc un réel effort de la part de la marine américaine, d’essayer d’incarner et de célébrer des valeurs qui furent autrefois des tares dans la société américaine. Cet effort avait été fait il y a quelques années avec notamment des navires de guerre tels que le Medgar Evers, ou le Cesar Chavez, eux aussi partisans d’une cause.
Harvey Milk ou l’Amérique déviante
Le choix d’Harvey Milk n’est pas anodin. Ce dernier a notamment servit dans la Navy en tant qu’officier plongeur entre 1951 et 1955 à bord du sous-marin Kittiwake lors de la guerre de Corée. Bien qu’alors très discret sur ses orientations sexuelles, il quitte l’armée qui n’aurait plus voulu de lui.
C’est en allant vivre à San Francisco que lui prend le goût de défendre la cause des homosexuels qui sont persécutés dans une Amérique puritaine. Malgré la répression policière que subit la communauté gay dans la ville libertine qu’est San Francisco, Milk parvient à se faire élire au poste de conseiller municipal en 1977 et promet de défendre les droits des homosexuels. Il est le premier homme à accéder à ce poste en se revendiquant ouvertement homosexuel.
Malheureusement il est assassiné avec son maire George Moscone l’année suivante par un de ses collègues, Dan White. Mort en martyr, Milk restera donc une icône pour les différents mouvements pour les droits de la communauté LGBT, en ce qu’il incarnait un leader juste qui a su démontrer que les « déviants » participent eux aussi à la grandeur de la nation et qu’ils ont leur place dans la société.
L’homosexualité dans l’armée : un vieux tabou
Les minorités et surtout les homosexuels ont toujours été discriminés dans l’armée et la marine, à l’image de la société américaine. Les marins homosexuels ont longtemps été harcelé, voire déféré devant une cour martiale et démis pour déshonneur.
Sous la présidence Clinton a été mis en place la politique du Don’t tell, don’t ask (ne pas en parler, ne pas demander), qui visait à accepter d’une certaine façon les homosexuels au sein de l’armée sous réserve qu’ils ne révèlent par leur orientation sexuelle. Cette législation discriminatoire a été abolie sous Obama en 2011. Aujourd’hui, tout américain peut participer à la défense du territoire. A ce propos, le secrétaire de la Défense Ashton Carter a déclaré il y a quelques mois que « les transgenres américains pourront servir ouvertement dans l’armée, avec effet immédiat ».
Si la marine se veut ouverte à qui veut défendre la patrie, l’acceptation des homosexuels qui part de loin, ne se vérifie pas toujours dans les faits, mais le pays est sur la bonne voie.
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A voir absolument le film oscarisé de Gus Van Sant sur la vie d’Harvey Milk, magnifiquement incarné par Sean Penn.
Photo à la Une : © navalphotos.blogspot.fr/