L’attentat manqué du 4 Août sert de prétexte au gouvernement pour durcir la répression contre l’opposition, comme le dénonce le Parlement vénézuélien.
Dans une déclaration lue dans l’hémicycle, le Parlement, seule institution tenue par l’opposition, a dénoncé la récupération de l’affaire des drones par le gouvernement. Celui-ci l’utiliserait pour« renforcer la persécution politique » de l’opposition.
Requensens, un député de l’opposition torturé et drogué.
Juan Requesens, 29 ans, représentant du parti d’opposition Primero Justicia est accusé d’être l’un des responsables de l’attentat manqué. Selon Médiapart, le Président Nicolas Maduro le désigne comme « l’un des [membres de l’opposition] les plus fous et les plus psychopathes ».
Après l’arrestation du jeune député, le gouvernement a sorti une vidéo dans laquelle on voit Requesens avoué les faits.
Cependant, vendredi 24 Août, un journaliste vénézuélien diffusait des images de Réquensens. « On l’y voit hagard, le regard vide, en caleçon maculé d’excréments. Il obéit docilement, marchant comme un zombie » rapporte Médiapart. Le chirurgien et député de Primero Justicia a reconnu les signes d’une intoxication chimique, qui provoque l’altération des conditions cognitives.
Secuestran, amenazan, drogan, torturan!!! Amenazan a nuestras familias! Tú maduro y tu gobierno de delincuentes https://t.co/50pGl3bgzE
— Jose Manuel Olivares (@joseolivaresm) 10 août 2018
Des rebondissements internationaux
Primero Justicia a dénoncé le non respect des droits de l’homme avec virulence sur les réseaux sociaux. Premièrement, la procédure est possible car l’Assemblée constituante a annulé l’immunité parlementaire. Ensuite, l’aveu douteux a été fait sans la présence d’avocat, ce qui viole les conditions requises pour un procès équitable.
#Urgente en este momento el SEBIN sin orden de allanamiento , sin presencia de abogados está entrando a la fuerza a casa de @JulioBorges para sembrarlo
— Primero Justicia (@Pr1meroJusticia) 10 août 2018
Ces manquements au droit national et international seront ajoutés au dossier contre Maduro, présenté à la Cour pénale internationale.
La scène internationale n’est pas indifférente à cette répression dictatoriale. Francisco Palmieri, secrétaire d’État adjoint des États-Unis pour l’Occident, a pris position sur Twitter, déclarant que Requensens est le « dernier exemple d’une longue litanie d’abus des droits humains ».
#Maduro and his secret police continue to disregard the rule of law in their arrest and illegal detention of constitutionally elected National Assembly member @JuanRequesens. Latest example in a long litany of #HumanRights abuses. #11Ago #Venezuela
— Francisco Palmieri (@WHAAsstSecty) 12 août 2018
La chavisme dans l’impasse
L’attentat manqué du 4 Août implique donc un nouveau pic des tensions (partisanes et civiles). Celles ci font partie du quotidien des Vénézuéliens depuis 2014, date de la crise pétrolière. A partir de là, un engrenage a conduit le pays pourtant « béni » par l’immense rente pétrolière, au cœur d’une crise politique et économique historique.
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Une dépendance économique à un pétrole trop bon marché et un président aux rêves de toute puissance mettent le pays dans le chaos. Les tensions croissantes dans la sphère politique et dans la société civile sont donc chroniques et loin d’être désamorcées.