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Vincent Feuray, un photoreporter passionné au cœur de l’évènement

Vincent Feuray

               Âgé de 34 ans, Vincent Feuray se fait un nom dans le milieu de la presse grâce à ses clichés engagés. Mis sous le feu des projecteurs après avoir vécu les violences policières de Rennes lors des manifestations anti loi travail, rencontre avec un photoreporter au parcours singulier.

Une passion devenue métier

               Vincent Feuray n’a pas immédiatement fait de la photographie son métier. Son intérêt pour la photographie est né il y a plus de 15 ans. Avant de se lancer comme photographe de presse, il est entré dans l’armée. « J’ai pu heureusement ou malheureusement voir certaines scènes ». Militaire de l’âge de 20 ans à 24 ans, Vincent Feuray reste profondément marqué par cette expérience qui l’a convaincu à franchir le cap de passer du rôle d’acteur à celui de témoin. Il l’explique lui-même : « on est tous façonné par ses expériences ». C’est décidé : à l’avenir, il sera photoreporter. Cette profession est pour lui une passion avant d’être son métier. Enthousiasmé par une envie de voir le monde, le photo-reportage répond en tout point à sa curiosité sans limite pour le monde qui l’entoure. Mais avant de se lancer dans le métier, il décide de se former à l’école de photographie de Rennes. Diplômé en 2007, ce cursus lui aura permis de « mettre un premier pas dans la photo » et de commencer à se constituer un réseau au contact d’autres professionnels. Mais il l’assure : « tout le monde peut se revendiquer photographe ». Plus qu’une question scolaire, « l’apprentissage du métier se fait sur le terrain. C’est une question de feeling. ». La pratique et l’expérience sont les meilleurs des enseignements.

Une profession avant tout précaire

              Il n’est pourtant pas naïf sur la précarité de sa profession. La presse écrite est un secteur qui « évolue très vite avec l’avènement du numérique ». « Il faut s’adapter aux évolutions du métier. Il est très compliqué de gagner sa vie ». Pigiste indépendant depuis ses débuts, il ne réussit pas pour le moment à vivre uniquement de sa passion. Il cumule les petits jobs alimentaires pour payer ses factures. Actuellement surveillant dans un collège, ce poste l’aide à vivre correctement tout en lui donnant la flexibilité horaire nécessaire à l’exercice de sa profession de photoreporter. Mais ce n’est pas toujours évident. « Je finis ma journée de travail au collège pour en faire une autre sur le terrain ». Pourtant ce statut n’est pas que désavantageux puisqu’il lui laisse une marge de liberté pour prendre son temps en restant longtemps sur un sujet. Et comme il le note avec dépit, son statut précaire est amené à durer : « les titres de presse écrite n’embauchent plus de photographes salariés ». Cependant, il projette de vivre uniquement de sa passion dans un avenir proche grâce à des « activités liées à la photographie dans les établissements scolaires » en plus de la vente de ses clichés pour l’agence Andia, Taranis News ou encore le journal Libération. « C’est un processus qui se met en place ». La couverture pour Libération des manifestations d’opposants à la loi travail est un des premiers accomplissements de ses efforts fournis jusqu’à maintenant.  « Travailler pour Libération est déjà une victoire ».

Une profession à risques

                Les manifestations anti loi El Khomri ne sont pas les premiers mouvements sociaux qu’il couvre. Néanmoins, se fondre au milieu des manifestants est loin d’être évident pour Vincent Feuray et ses collègues. En ce moment, ils collectionnent les galères en reportages. « On a été malmenés ». Le dernier incident date du jeudi 2 juin. Il suivait les opposants au texte de loi avec trois autres photographes à l’entrée de la rocade de Rennes. Les adversaires de la loi travail voulaient bloquer la rocade, ce que les CRS n’avaient pas l’intention de laisser faire. Son collègue Jérémie Verchere relate les événements tels qu’ils se sont passés sur sa page Facebook.

                Jeremie Verchere a assisté aux violences policières qu’a subies Vincent Feuray : « il a été violemment mis au sol par un coup de matraque au visage ».


Rennes : des journalistes agressés

               Vincent Feuray semble résigné comme si tout cela faisait partie du métier : « subir des violences policières n’est pas normal mais il faut accepter de prendre des coups ». Le soir même, les deux photoreporters se sont arrêtés au point presse du préfet qui justifiera la violence de ces actes par « une situation extrêmement compliquée » et niera le ciblage spécifique des journalistes : « peut-être dans des conditions de rapidité qui ont pu apparaître à certains comme un signal ou un signe d’agressivité à leur égard, ça n’était pas le cas ».Jérémie Verchere en garde un goût amer : « la réaction du préfet est logique. Tristement logique. D’abord car nous ne possédons pas d’images irréfutables de l’agression. Ensuite parce que le préfet est le gardien de l’ordre étatique, et qu’il ne peut remettre en cause ses propres forces de polices. Mais elle est déplorable et totalement aveugle, et nous prouve encore une nouvelle fois que le gouvernement ne souhaite pas, en aucun cas écouter la rue. ». Vincent Feuray explique cette « langue de bois » par l’attente du préfet d’avoir plus d’informations. « A chaud, il ne pouvait pas raconter n’importe quoi ».

Ils ne veulent pas en rester là : « le club de la presse de Rennes a saisi le défenseur des droits, et nous allons déposer une plainte pour violences et dégradations de matériel par les forces de l’ordre. » annonce Jérémie Verchere.  A Rennes depuis 2006, tous les reportages de Vincent Feuray ne sont pas si compliqués. Quand on lui demande son meilleur souvenir, il n’hésite pas longtemps et cite son reportage 280 qui se compose d’une série de portraits réalisés dans un squat de migrants sans solution de relogement. Cette ouverture sur d’autres cultures fut l’une des expériences marquantes du photographe. Et au vu de son parcours, on est persuadés que ce ne sera pas la dernière.

Pour regarder les photographies de Vincent Feuray, vous pouvez aller sur son blog ou sa page Facebook Vincent Feuray photographe.

Crédit photographie à la Une : Vincent Feuray par @Gaspard Glanz

About author

Promotion 71 du CFJ Paris // Rédacteur en chef Médias à Radio VL // Rédacteur en chef adjoint et programmateur de Réveil Médias
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