Il y a deux semaines Vin’s sortait #Metoo, un freestyle engagé au sujet du combat de tous les jours que représente le fait d’être une femme, de la vision des hommes et du débat que cela suscite. Loin d’être à son premier coup d’essai on connaissait déjà Vin’s avec Fbitch, un freestyle sur les réseaux sociaux et leurs influences.
On a rencontré le rappeur à Paris :
Tu viens de sortir un morceau, #Metoo, qui a eu une grande résonance, comment as-tu eu cette idée ?
Ça faisait longtemps que je voulais traiter ce thème en fait, depuis Freeson je voulais aborder un sujet autour des femmes. Mais c’est tellement complexe que j’avais besoin de temps pour savoir comment le traiter.
L’actualité autour de #balancetonporc, #metoo et les réactions négatives qu’elles ont suscité, et particulièrement celles des hommes ça m’a animé dans l’envie de le faire.
Le morceau Fbitch avait déjà pas mal buzzé et une des (rares) critiques concernait une des phases autour des femmes et de leur manière de s’habiller. Est-ce que tu as pris ça en compte sur ce morceau ?
Disons qu’entre le moment où j’ai écrit Fbitch et Metoo j’ai mûri et j’ai une portée plus conséquente donc ma réflexion a un peu évolué. Je me suis dis les gens peuvent l’interpréter comme ça ou comme ça, à l’époque je n’avais pas ce recul. J’ai écrit Fbitch avec la vision que j’avais à l’époque, là j’ai plus pris en compte les retours que pouvaient avoir les gens étant donné la complexité du sujet. J’ai cherché à être plus subtil en tout cas.
Quels retours as-tu eu ?
J’ai eu beaucoup de retours positifs, les gens ont été très touchés. Beaucoup de femmes m’ont envoyé des messages pour me remercier et me féliciter, j’ai été très touché.
Tu es très peu présent par rapport aux autres rappeurs au niveau de la fréquence des sorties ? C’est voulu ?
J’ai voulu prendre du recul après mon dernier projet qui était conséquent. J’avais besoin de m’habituer à cette exposition à laquelle je n’étais pas habitué, et aussi me retrouver un peu. Prendre le temps de travailler ma musique de mon côté.
À l’époque en tout cas le rap ce n’était pas ton métier, qu’est-ce que tu faisais dans la vie ?
J’étais animateur pour enfant donc ça m’a pas mal apporté. J’ai pu être confronté à l’influence qu’ils reçoivent par rapport à la société et surtout aux médias. Donc forcément ça m’a animé de les voir, surtout que j’ai pu travailler avec toutes les tranches d’âges. Freeson a été beaucoup marqué par ça, quand je dis « à 9 ans ça va sur YouPorn, 3 piges plus tard ça avorte » c’est presque des choses que j’ai vues, ça m’a pas mal influencé.
Le rap a souvent été l’occasion pour les artistes d’avoir une tribune pour s’exprimer en réaction à des incidents (Zied & Bouna/16min30 contre la censure/Kery James), te sens-tu influencé par ces artistes ?
Oui bien sûr surtout que j’ai grandi avec ce rap là donc je suis un peu de cette école où on est là pour exprimer. Au-delà de prendre position moi c’est surtout mettre des mots sur des émotions et de capturer, un peu comme un photographe qui capture un instant. Moi j’essaye de faire ça avec des mots. Après forcément je suis animé par la vie en général et la société dans laquelle je vis donc ça m’arrive de m’engager sur certaines choses.
Ce qui est paradoxal c’est qu’avec FBitch tu critiques ce modèle de personne qui cherche le buzz etc.. et au final tu as bâtis ta popularité sur des buzz autour de ces sujets, c’est quelque chose auquel tu réfléchis ?
Oui j’en ai conscience c’est tout le paradoxe. On dirait Black Mirror où le mec pète les plombs pour dénoncer un système et au final les gens l’adulent pour ça et il se retrouve à ne faire que ça. Après je pense que pour combattre quelque chose il faut connaitre les règles et savoir s’en servir. Rejeter pour rejeter ça ne sert à rien.
Penses-tu que le rap peut avoir un rôle éducatif ou du moins informatif ?
Un rôle d’influence clairement. Forcément on influence les gens qui nous écoutent d’une manière ou d’une autre donc je pense que c’est important d’en avoir conscience. Après il ne faut pas taper sur les rappeurs en disant qu’ils influencent la jeunesse. Oui on a un rôle mais on est pas les seuls influenceurs. J’essaye de profiter de ça, mais même dans la vie j’essaye de tirer les gens à côté de moi vers le haut et de ne pas avoir cette démarche uniquement dans mon rap. Sinon ça ne veut rien dire, c’est hypocrite. Donc on ne peut pas le nier, ça serait mentir de dire qu’on en a aucune, mais il ne faut pas l’exagérer.
Quel est le futur pour Vin’s ? On va moins te voir ? Plus te voir ?
Je vais sortir un EP 23h59, avec des morceaux qui sont déjà sortis dont les 4 clips avec Daymolition et disquette que l’on vient de sortir.
On verra pour la suite a plein d’idées en tête.
Tu vas continuer à réagir comme ça sur certains sujets ?
Oui je pense que je le referai, c’est quelque chose qui m’anime mais je ne le contrôle pas on verra si l’occasion se présente.
Un conseil à donner à un jeune rappeur ?
Jamais perdre la passion et de toujours s’écouter et d’être soit même