Jeudi, la cour d’assises du Val-de- Marne a donné son verdict concernant l’affaire des « tournantes » de 1999. Un jugement qui fait débat.
[divide]
Cela se passait il y a treize ans ; dans la cité de Fontenay-sous-Blois, une jeune fille de 16 ans, Nina, se fait réguliérement violer par deux bandes de garçons. Ils l’ont d’abord contraints par les coups, puis par la menace. Par peur de porter plainte, sa famille n’ayant pas les moyens de déménager, Nina subit les pires sévices pendant six mois : pénétration vaginale, anale, fellation forcée, coups lorsqu’elle les rencontre par hasard dans la cité. Les garçons la guettent devant chez elle, l’emménent dans des lieux déserts. Bientôt, ils effectueront les mêmes actions sur une fille d’un an plus jeune, Aurélie. Ce sera un jeune homme, qui les surprenant, les fera arrêter.
Les agresseurs, qui sont au nombre de 17, ont avoués devant la justice, tout en tentant de minimiser leur implication dans l’affaire. Reconnus coupables, ils ont pourtant été condamnés à des peines qu’on pourrait qualifier de « légéres » : quatre ont été condamnés de peines allant de quatre à cinq ans avec sursis et dix autres acquittés. Le débat est également nourri par le fait que ce procés intervient plus de treize ans aprés les faits.
« Ce verdict envoie un message catastrophique à l’ensemble de notre société. Aux victimes de viol : porter plainte ne sert à rien ! Aux violeurs : il est permis de violer ! » déclare l’association Osez le Féminisme dans un communiqué.
Au procés, les accusés n’ont semblé montrer aucun remord : La fille, si elle est là, c’est qu’elle est d’accord », a estimé l’un d’eux. D’autres sont persuadés qu’elle y a « pris du plaisir« , car de toute façon « c’est une pute« . N’ayant cessé d’insulter les jeunes femmes pendant le procés, ils vivent toujours à Fontenay-sous-Blois, en totale liberté, tout comme les victimes. Aujourd’hui, Nina, que les anti-dépresseurs ont rendu obése, vit cloitrée chez elle. Son avocate la dit « effondrée » par l’annonce du verdict.Il s’agit donc bien de se demander si ces jeunes hommes, qui n’ont que trés peu subi les conséquences de leurs actes, ont conscience de leur violence.
Emmanuelle Piet, présidente du Collectif féministe contre le viol, considère que les jurés de la cour d’assises de Créteil ont délivré un véritable »permis de violer ». Et, en vérité, que penser d’une société qui laisse entendre qu’un viol, et plus encore, ce qu’on peut qualifier de véritable torture sexuelle, est acceptable ?
Les femmes victimes de viol auront, dans le futur, sans doute plus de réserves à aller porter plainte. On peut alors se demander si la France n’est pas un pays où la « rape culture » ou « culture du viol », « le mécanisme écrasant qui minimise, tolère, esthétise voire même encourage le viol dans une société patriarcale » commence à devenir de plus en plus dangereusement importante