Au bord du chaos, le Vénézuela n’est plus desservi par LATAM depuis hier. La première compagnie aérienne d’Amérique Latine a suspendu ses vols pour une durée indéterminée.
La situation du pays inquiète. Frappé par une crise économique sans précédent, le Vénézuela voit dangeureusement fondre ses réserves alimentaires. Les pénuries de produits de base ne cessent de s’aggraver sur le territoire. Même le riz, denrée traditionnelle du pays, est devenu quasi introuvable. Sans approvisionnement, les citoyens usent désormais de la violence pour parvenir à leur faim. Depuis plusieurs mois à Macabo, Guarenas ou encore Caracas, les habitants en colère ont pris d’assaut les magasins. L’Observatoire Vénézuélien de conflictualité sociale (OVCS) dénombre 166 cas de pillage ou de tentative de pillage depuis début 2016
Les protestations camouflées par le gouvernement
L’État vénézuélien ne souhaite pas refléter à l’international l’image d’un pays à l’agonie, en plein embrasement social et décadence économique. C’est pourquoi les médias acquis à la cause du président Maduro, soit la grande majorité des journalistes, ne relayent pas au JT les mouvements de foule contestataires. Si le Vénézuela espère garder la confiance de ses voisins frontaliers, partenaires commerciaux essentiels, il doit camoufler la misère graduelle qui envahit ses villes.
Mais l’OVCS veille au grain, et conteste la prétendue inertie du peuple véhiculée sur la télévision publique. L’observatoire a enregistré 2130 manifestations au cours de quatre premiers mois de l’année, soit 18 par jour. Et encore, les chiffres pourraient bien être supérieurs.
Les compagnies aériennes lâchent le Vénézuela
Seulement, les acteurs commerciaux ne sont pas dupes. Il ont conscience que la situation économique exécrable du Vénézuela n’est pas près de s’améliorer. Et les premiers alliés à abandonner le navire sont les compagnies aériennes. LATAM, la plus importante d’Amérique du Sud, a rompu lundi sa coopération avec le pays en déroute, jusqu’à nouvel ordre. Les dirigeants de la société d’aviation invoquent le « scénario macroéconomique complexe qui traverse la région« . Un jour plutôt, la compagnie allemande Lufthansa annonçait pour les mêmes raisons une suspension provisoire des vols vers le Vénézuela, à compter du 17 juin prochain.
Ces décisions s’expliquent également par la complexité des transferts de devises hors du pays, en raison des contrôles de changes récemment imposés qui empêchent les entreprises étrangères de convertir leurs revenus en dollars sur place, et ainsi récupérer leurs recettes.