Ça y est, j’ai décidé de changer de veine éditoriale et de me MODERNISER. Fini les interrogations morales sur le racisme, l’homophobie et la condition féminine. Tout ça, c’est dépassé ! La tendance est à la ré-gré-ssion. C’est vrai quoi, ça devient fatiguant de défendre les minorités.
Votre fils est-il gay ?
, précurseur de l’air du temps comme toujours, l’a bien compris. Après l’application « Juif ou pas Juif ? », de Apple il y a quelques semaines, il nous révèle une AUTRE préoccupation phare des français, après s’interroger sur les éventuelles origines israélites des présentateurs télé, bien sûr : « Votre fils est-il gay ? » est la nouvelle appli Android qui vous propose de résoudre en 20 questions ce dilemme de taille.
En plus de son titre extrêmement accrocheur, il faut l’avouer, le questionnaire se base sur des données scientifiques incontestables. Comme par exemple : « Votre fils prête-il attention à ses vêtements ? » « Aime-t-il le football ? » « A-t-il un piercing ? ».
A l’aide de toutes ces questions, je suis parvenue à vous définir le portrait type de l’homosexuel de base, afin de vous épargner la peine de dépenser 0.50 centimes dans l’achat de l’application.
Si votre fils est gay, il apprécie sans doute les comédies musicales (vérifiez ses marques pages pour voir si il regarde Glee), a une meilleure amie (même si c’est le cas pour environ 95 % des jeunes), s’habille bien et ne fait pas des sports typiquement masculins, est « discret » , met « du temps à se coiffer » et est fan de « Dalida et Mylène Farmer » (visiblement le jeune homosexuel n’a pas compris que nous n’étions plus dans les années 90). Si pourtant aucun de ces signes n’apparaît chez votre fils, reportez vous tout de même aux questions : « Êtes vous divorcée ? » « Le père est-il absent ? ». Oui, parce que si on a décidé de vraiment régresser, autant le faire en beauté. Résumons donc : Être homosexuel est une anomalie, tout comme le divorce. Donc, si l’on est divorcé, on provoquera forcement une anomalie chez son enfant. Logique. Bien sûr, vous pouvez aussi vous demander si, avant la naissance, vous souhaitiez que « cet enfant soit une fille » !
Enfin, au terme de ce quizz, vous pourrez enfin savoir, comme le dit très justement le créateur de l’application, « si tout est en ordre ».
Je lance d’ores et déjà les paris sur les prochaines applications téléphones, toujours plus loin dans la polémique : « Comment virer votre fils gay de chez vous en 10 leçons » (suite logique de « Votre fils est-il gay ? »), « Votre fille est-elle lesbienne ? » (un indice : si elle a la carrure d’un camionneur et ne se maquille jamais, vigilance maximum) « Arabe ou pas Arabe ? » « De gauche ou pas de gauche ? » « Mon voisin est-il étranger ? » « Ma voisine a-t-elle déjà avortée ? ».
Et bien quoi ? Comme le clame le créateur de l’application, cela n’enfreint pas les règles de Android Market, donc il n’y aucune raison de l’interdire. La loi morale ? La bible ? Les valeurs des droits de l’homme ? Pffffft ! Si Android Market l’accepte, ne nous posons pas plus de questions.
Blague à part, l’application a fini par être retirée de Androïd Market, ayant suscité la controverse et une pétition contre elle ayant recueillie plus de 37 000 signatures. En Amérique, elle a été vivement critiquée. Preuve que le monde n’est pas encore devenu complétement fou.
Leïla Cassar