Alors que l’univers du MCU entame sa phase 4, on revient sur le pilote de Legion, proposition étonnante autour des X-Men.
C’est quoi déjà… Legion ?L’histoire de David Haller, le fils schizophrène du professeur Xavier, un homme sujet depuis l’adolescence à une maladie mentale. Au cours d’un de ses nombreux séjours en hôpital psychiatrique, une étrange rencontre avec un patient lui fait réaliser que les voix qu’il entend et les visions auxquelles il est confronté pourraient se révéler vraies.
Difficile encore de croire que le genre superhéros nous apportera quelque chose de neuf qui tranchera avec le tout venant. Difficile d’espérer encore, quand la télévision américaine ne nous met sous la dent que la guerre fratricide entre les séries DC Comics (Gotham, Arrow, Flash, Supergirl…) et Marvel (Agents of S.H.I.E.L.D, Daredevil, Jessica Jones, Luke Cage…) dont certaines ont beau être très réussies et destinées à des publics divers et variés, elles ne constituent pourtant pas un programme qui pouvait nous contenter à lui seul. Il manquait clairement quelque chose. Une série avec un vrai ton, une vision, un univers, des personnages fascinants, une atmosphère. On a cru que Daredevil pourrait être celle-là et elle l’est par intermittences. Mais ce qui fallait au genre superhéros, c’est une série qui serait une œuvre d’art à part entière, difficile à appréhender parce qu’elle exhale un parfum qu’on ne sent plus guère, celui du renouveau, transcendé par un point de vue d’auteur. A la vue de son premier épisode d’un peu plus d’une heure, Legion est tout cela. Et plus encore. Une série dingue qui interpelle et interloque, à laquelle on a du mal à s’offrir mais qui finalement, par son abattage, sa densité, sa poésie et sa folie, vous fait lâcher prise et baisser votre garde. Et pourtant Legion ne déroge pas à la règle qui veut que DC Comics et Marvel se partagent le gâteau puisque c’est de cette dernière écurie dont dépend cette nouvelle série diffusée depuis le mercredi 8 février sur la chaine FX.
Déclinaison de l’univers des X-Men, Legion n’est pas à ce stade à proprement parler une série de superhéros comme on l’entend et ce premier épisode, si il nous présente le personnage principal s’attarde plus sur ses tourments, qu’à développer une intrigue narrative faite de rebondissements intempestifs et d’action continue. Le « héros » de Legion, c’est David Haller (interprété par un Dan Stevens, remarquable dans la palette d’émotions qu’il parvient à faire poindre) un jeune homme schizophrène et paranoïaque, interné dans un hôpital qui n’est pas sans rappeler celui de Vol au-dessus d’un nid de coucou (Milos Forman, 1975). Haller subit son pouvoir de contrôler les objets qui l’entourent comme un fardeau en pensant que cela découle de sa maladie. En rencontrant une jeune femme qui ne peut en aucun cas se laisser toucher, elle aussi internée et dont il va tomber éperdument amoureux, le jeune homme va voir ses certitudes s’effriter petit à petit et sa vie être chamboulée…
Créée par Noah Hawley, le créateur de la passionnante et déjantée Fargo, Legion est la preuve par A + B qu’une série atmosphérique, complexe et atypique pouvait totalement être le terreau idoine pour évoquer les thématiques en creux qui nourrissent les histoires de superhéros qui sont souvent bien plus élaborées qu’on ne veut le croire. L’univers des X-Men dans laquelle la série s’inscrit mais qui n’est pour le moment présent que légèrement référencé charrie d’innombrables thématiques que Legion sur ce postulat de départ semble tout à fait à même d’embrasser. Série caméléon, Legion est un maelstrom d’idées et de propositions formelles dont certaines sont plus délicates à digérer que d’autres mais qui au final dessinent un univers neuf et jamais formaté. Que ce soit la photographie qui utilise toute une variété de couleurs, le travail étonnant réalisé sur le sound design, l’humour et la poésie qui se répondent dans une scène de séduction d’ores et déjà culte, la noirceur du propos et l’ambiance anxiogène mais également les moments de purs science fiction et d’action qui sont bien présents, la sensation à l’issue de l’épisode que l’intrigue va se développer et nous embarquer dans un trip et une aventure bien particulière est bien présente. Réussite hors pair, ce pilote de Legion démontre que la patte de Noah Hawley est capable de se poser sur des projets relativement différents mais que sa vision sans concessions et ses choix artistiques transcendent. Et puis une série qui a les Rolling Stones ou du Serge Gainsbourg dans sa B.O ne peut de toute manière pas être mauvaise.
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