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On a vu pour vous… Au Revoir là-haut le grand film d’Albert Dupontel

Après le succès de Neuf Mois Ferme Albert Dupontel revient avec Au Revoir là-haut adaptation du Prix Goncourt 2013 de Pierre Lemaitre

En 5 films Albert Dupontel a construit pierre après pierre une œuvre sans pareille dans le cinéma hexagonal, singulière, corrosive, drôle et enlevée qui lui a conféré un statut enviable de cinéaste de grande valeur. Avec Neuf mois ferme en 2013, il avait même réussi à emballer tout le monde dans des proportions qu’il n’avait jamais atteintes, remportant le César du Meilleur Scénario Original et permettant à Sandrine Kiberlain d’obtenir celui de la Meilleure Actrice.

Quand on a appris qu’il s’attelait à l’adaptation du Prix Goncourt 2013, Au Revoir là-haut de Pierre Lemaitre, on s’est dit qu’il ne manquait décidément pas d’ambition et on se demandait comment il parviendrait à concilier celle-ci et le foisonnement d’un roman qu’il paraissait compliqué à porter à l’écran en y apposant sa patte. Albert Dupontel est t-il parvenu à faire de Au Revoir là-haut le grand film exigeant et populaire qu’il semblait devoir devenir ?

Mais c’est quoi déjà… Au Revoir là-haut ? Novembre 1919. Deux rescapés des tranchées, l’un dessinateur de génie, l’autre modeste comptable, décident de monter une arnaque aux monuments aux morts. Dans la France des années folles, l’entreprise va se révéler aussi dangereuse que spectaculaire…

Avec Bernie, Le Créateur, Enfermés Dehors, Le Vilain et Neuf mois ferme, Dupontel, auteur de tous ses films, a dépeint des personnages en marge de la société et qui se battent pour s’y imposer. Avec Au Revoir là-haut, il se frotte pour la première fois à une adaptation et on voit bien ce qui a pu l’attirer dans un tel sujet (la réadaptation sociale, la marginalité dans laquelle les blessés de guerre ont été contraints de se réfugier devant l’indifférence qu’ils suscitaient…) ainsi que la peinture d’une société bourgeoise et corsetée, avide d’argent et de réussite face au prolétariat, obligé en l’occurrence de recourir à l’arnaque pour assouvir une soif de revanche face au destin.

La première scène de Au Revoir là-haut est tout bonnement extraordinaire. Peut-être la scène la plus impressionnante de l’année dans le cinéma français, brillante de bout en bout, immersive, formellement sublime et bourrée d’idées de mise en scène avec des images ébouriffantes (le premier plan nous dévoilant Pradelle (Laurent Lafitte) est un modèle du genre). Doté d’une photo à tomber signée Vincent Mathias, sublimé par des décors de Pierre Quefféléan, le film a l’immense mérite de ne pas baisser de pied après cette introduction tonitruante et tout du long c’est un éblouissement formel auquel nous convie Dupontel. La reconstitution incroyable d’une bataille durant la guerre, l’attente et la vie dans les tranchées, les rues de Paris de la belle époque, les masques à la fois magnifiques et inventifs que porte le personnage d’Édouard, tout concoure à ce que Au Revoir là-haut soit esthétiquement renversant.

L’histoire elle, est non seulement maligne et nous tient en haleine sans discontinuer, nous fait sourire et nous émeut dans un même élan, nous surprend puis nous séduit, nous emporte dans son tempo et ses envolées. Rien ne dépasse, tout est presque trop parfait, comme si Dupontel avait eue une telle exigence que les aspérités, le sang et la poussière même avaient bénéficié d’un soin maniaque afin que le rendu esthétique soit irréprochable. Pourtant, cela ne nuit en rien au réalisme du film qui nous prend implacablement dans sa toile.

En embrassant ce sujet qu’on dirait à posteriori fait pour lui, Dupontel ne s’est ni trahi, ni perdu, il conserve son état d’esprit corrosif, son sens du cinéma chevillé à l’âme et au corps, son sens du détail pour croquer des personnages singuliers, attachants ou repoussants, des situations cocasses, surréalistes ou dramatiques. C’est notamment ce qui en fait l’un de nos réalisateurs les plus passionnants et il le prouve ici avec une dextérité qui laisse pantois. Si le film surprend parfois par sa tendance à être plus grinçant que profondément dramatique, comme si Dupontel renâclait à totalement abandonner la fantaisie pour le drame, on ne lui en tient nullement rigueur, tant les choix faits nous semblent judicieux.

S’il n’était pas prévu que Dupontel joue dans le film (c’est le désistement de l’acteur choisi qui a fait qu’il a endossé le costume d’Albert Maillard, il reste dans la lignée des personnages qu’il maîtrise à merveille, mais c’est surtout en s’entourant magnifiquement qu’il a effectué les choix les plus pertinents. Laurent Lafitte, Niels Arestrup, Emilie Dequenne, Mélanie Thierry (les personnages féminins n’étant pour le coup pas les mieux servis à l’exception de la petite Héloïse Balster qui a l’un des plus beaux rôles du film), Michel Vuillermoz, Philippe Uchan… c’est une distribution de haut vol qu’a dirigée Dupontel. Mais c’est avec le personnage d’Edouard Péricourt incarné par le fascinant Nahuel Perez Biscayart (120 Battements par Minute) qu’il trouve un formidable écho à son récit, auquel le comédien prête sa grâce et sa poésie.

Avec Au Revoir là-haut Albert Dupontel livre un très grand film, qui met à l’amende un paquet de ses collègues metteurs en scène. La fluidité de ses mouvements de caméra, son sens du tempo et du spectacle, sa propension à savoir rester en équilibre entre la fantaisie et le drame, entre classicisme et modernité, lui permettent de réussir une œuvre exigeante et populaire qui le place au sommet de la pyramide du cinéma français. On a connu pire comme position.

Avec Au Revoir là-haut, Albert Dupontel signe un vrai régal de cinéma populaire et virtuose presque trop parfait mais d’une folle ambition.

Au Revoir là-haut de Albert Dupontel – En salles le 25 octobre 2017

A lire aussi : Découvrez la bande-annonce de Au Revoir là-Haut d’Albert Dupontel

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Journaliste pôle séries et La Loi des Séries, d'Amicalement Vôtre à Côte Ouest, de Hill Street Blues à Ray Donovan en passant par New york Unité Spéciale, Engrenages, Une famille formidable ou 24, la passion n'a pas d'âge! Liste non exhaustive, disponible sur demande!
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