Jalouse deuxième film des frères Foenkinos met en scène une incroyable Karin Viard qui brille dans un film jubilatoire. Critique
Jalouse de David et Stéphane Foenkinos, est une comédie (beaucoup) dramatique (un peu) finement écrite et magistralement interprétée par un casting quatre étoiles au sommet duquel brille Karin Viard.
Mais c’est quoi déjà… Jalouse ? Nathalie Pêcheux, professeure de lettres divorcée, passe quasiment du jour au lendemain de mère attentionnée à jalouse maladive. Si sa première cible est sa ravissante fille de 18 ans, Mathilde, danseuse classique, son champ d’action s’étend bientôt à ses amis, ses collègues, voire son voisinage… Entre comédie grinçante et suspense psychologique, la bascule inattendue d’une femme.
Du duo de réalisateurs de Jalouse, David est surtout connu pour son travail d’écrivain, multiprimé et prolifique (un livre par an depuis le début des années 2000). Il est également un scénariste reconnu. C’est aussi le cas de Stéphane (pour la TV), mais l’aîné de la fratrie est avant tout un directeur de casting expérimenté. Pas étonnant donc que Jalouse, la seconde réalisation en duo des frères Foenkinos (après le touchant La Délicatesse) bénéficie d’un casting racé et investi.
Merveille de douceur et de classe, la sublime Dara Tombroff, danseuse d’origine, fait une très belle entrée dans le cinéma français, en incarnant l’objet de ladite jalousie. Côté Rolls-Royce de la comédie, Bruno Todeschini, Thibault de Monthalembert, la Québécoise (habituée de Xavier Dolan) Anne Dorval, et la toujours fraîche Anaïs Demoustier. Toutes et tous sont excellents, et leurs échanges sont un vrai plaisir pour les yeux et les oreilles. Mention spéciale à la douce et drôle Marie-Julie Baup, dans un rôle moins bébête qu’il n’y parait, mais dont les lignes savoureuses, récoltent les éclats de rire les plus vifs du public.
Évidemment, le meilleur pour la fin, en la personne de Karin Viard, preuve vivante que l’on ne tient pas le haut de l’affiche pour rien. Elle est tout simplement parfaite en chieuse hors-catégorie, une mère célibataire et cinquantenaire en voie de tatiedaniellisation (nous prions très fort pour que ce mot entre un jour dans le dictionnaire) qui prendra son temps pour se rendre compte des excès vers lesquels elle est en train de transiter.
Avec de telles pépites entre les mains, il aurait été sacrément dur pour les frères Foenkinos de rater leur film. D’autant plus que le scénario, qu’ils co-signent, est lui aussi très travaillé. Certes, on n’évite pas quelques clichés de la comédie française, à savoir une poignée de situations tarabiscotées, une pincée d’invraisemblance et un soupçon de mauvaise foi pour faire rentrer toutes les intentions des metteurs en scène dans une histoire dont le pitch de base laisse peu de doute quant à sa conclusion.
Pourtant, on se surprend à être surpris justement, à baisser la garde face à des dialogues savoureux, une mise en scène simple mais sans fioritures, et, répétons-le, à une vraie alchimie entre des acteurs qui se font plaisir individuellement, mais au service du collectif. Le troisième acte, attendu, réservera tout de même quelques bonnes surprises qui achèveront de convaincre même les plus suspicieux.
Au final, Jalouse est un vrai plaisir de jeu pour des acteurs en pleine forme, sur un scénario et une mise en scène soignée des frères Foenkinos. Karin Viard est royale dans un rôle plus complexe qu’il n’en a l’air, pour un film très drôle, mais dont le sujet (la jalousie, la solitude, l’âge) touche parfois des cordes sensibles. Un beau moment à partager au cinéma.
Jalouse de Stéphane & David Foenkinos – En salles le 8 novembre 2017