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Zimbabwe : Mugabe l’éternel ou le dictateur qui ne veut vraiment pas crever !

Au pouvoir depuis 33 ans sans discontinuité, Robert Mugabe, 89 ans, ne semble pas vouloir tirer sa révérence. Ce mercredi 31 juillet se tiennent les élections présidentielles (anticipées par le roi lui-même) du pays, et 6,4 millions d’électeurs sont attendus dans les urnes. Le souverain Mugabe lui, s’est d’ores et déjà dit sûr de sa réélection. Et après tant d’années de dictat, une telle déclaration n’a plus grand-chose d’étonnant. Les opposants et les ONG dénoncent déjà des élections frauduleuses.

 

Figure éternel du dictateur par excellence, Robert Mugabe, le plus vieux chef d’Etat d’Afrique, reste pourtant populaire au Zimbabwe, particulièrement chez les ruraux et les personnes âgées. Icône majeure de l’indépendance de 1980 contre les colons de Rhodésie du Sud, il finit par être élu président de la république en 1987. Sonne alors un tournant dictatorial. Et puis, à partir des années 2000, la ruine économique. Le pays compte aujourd’hui un taux de chômage de 80%, et le redressement parait aujourd’hui monstrueusement compliqué, en dépit même des investissements chinois.

 

Bobby en mode nazi !

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Mugabe, un tyran, un raciste

Après l’indépendance du pays, le pays connait une guerre civile, jusqu’en 1987, moment où le Zanu-PF, partie de Mugabe signe des accords de pays. L’économie surfait alors sur la vague florissante de la décolonisation, se portant sur ses richesses agricoles, avant de progressivement s’effondrer.

En 1990, Mugabe est élu président de la République et fait part de son intention d’imposer institutionnellement la ZANU comme parti unique et de transformer l’État en régime marxiste. Mais la chute du bloc soviétique empêche cette mutation, du moins en droit. En pratique, c’est à peu près ça !

Au début des années 2000, alors qu’une infime minorité, 1 % de la population zimbabwéenne, essentiellement blanche, possédait 70% des terres arables du pays, celui qu’on appelle « Comrade Bob » a confisqué les terres de 4 000 fermiers Blancs pour les donner notamment à des familles rurales pauvres, qui représentaient 80% de la richesse nationale. La cause aussi noble puisse-t-elle être, a eu des conséquences économiques catastrophiques.

Pour ce faire, Mugabe soumet à la population une nouvelle constitution incorporant notamment une réforme agraire avec des expropriations sans compensation et surtout une amnistie permanente aux militaires et aux membres du gouvernement. Mais contre toute attente, ce projet de nouvelle constitution soumis à référendum est rejeté par 54,7 % des électeurs, manifestant pour la première fois la défiance de la population envers le vieux dirigeant. Il passa donc outre ce vote pour imposer sa réforme agraire en recourant à la violence des milices d’anciens combattants. La plupart des fermiers blancs sont expropriés et des dizaines sont assassinés. Depuis lors, la plupart fuient à l’étranger. Cet exode des Blancs est suivi par celui d’environ 3 millions de Noirs.

 

Hyperinflation & crise alimentaire

100 milliards de dollars pour acheter 3 oeufs

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En 2008, lors de la précédente élection présidentielle, l’inflation était si forte qu’elle n’était pas précisément chiffrable, certains économistes ont estimé à plus de 231 000 000 % la dévaluation de la monnaie nationale en 2008. Le chômage atteignait 94 % de la population active fin 2007. Dans les supermarchés, les rayons étaient vides, trouver des denrées de bases relevait alors de l’exploit.

On se demande donc comment il est possible que cet homme reste encore populaire. Ce mot a peut-être en l’occurrence déjà perdu son sens. Une des raisons est bien sûr l’exode, tous les anti-Mugabe s’étant enfui, les pro-Mugabe sont donc proportionnellement plus nombreux. « Mugabe reste populaire chez une grande partie de la population, notamment chez les personnes âgées qui ont vécu la période de la guerre qu’a menée Robert Mugabe pour la décolonisation du Zimbabwe, explique Emmanuel Goujon, fondateur de la société de conseils Africa Global Approach. Il ne faut pas oublier qu’il a été un héros africain dans les années 1980, qu’il a mené son pays à l’indépendance et à la fin d’une situation d’apartheid où la minorité blanche dominait la majorité noire. Et ça, c’est resté dans les mémoires des gens ».

 

De nouveaux soupçons de fraude

Morgan Tsvangirai, Premier ministre et principal opposant à Mugabe pour cette élection, a lui aussi assuré, lors de son dernier rassemblement lundi 29 juillet, qu’il était sûr de la victoire. Mais l’accord de partage de pouvoir aurait finalement affaibli la position de son partie le Mouvement  pour un changement démocratique (MDC). Le MDC parie même sur une victoire dès le premier tour.

C’est déjà la troisième fois que les deux hommes s’affrontent aux présidentielles. Et les deux dernières élections ne se sont pas vraiment bien passées…  En 2002, Tsvangirai s’était incliné à 43% des voix contre 57%, mais les preuves de fraude du parti de Mugabe étaient accablantes. Et lors de la dernière présidentielle en 2008, Tsvangirai avait pris l’avantage avec 47% des voix au premier tour, contre 43% à Robert Mugabe. Les partisans du président avaient alors déchaîné la violence dans le pays, faisant près de 200 morts. Pour éviter la guerre civile et mettre fin aux violences, Tsvangirai avait retiré sa candidature, laissant Mugabe seul en lice pour le second tour. Sous la pression de la communauté internationale, il avait même accepté en 2009 une cohabitation contre nature avec Robert Mugabe.

Après avoir précipité les élections au 31 juillet, les soupçons de fraude sont de nouveau retentissants. Pour David Coltart, sénateur MDC, l’élection ne pourra se passer sans qu’il y ait des fraudes de la part de la Zanu-PF : « Il n’y a pas eu de violence cette année ; l’Union africaine et la SADC n’accepteront pas des résultats marqués par des violences. Ils ont donc recours à des techniques plus sophistiquées pour décourager les jeunes et les électeurs des grandes villes, en manipulant la liste électorale et en la gardant secrète ».

Sur Facebook, un lanceur d’alertes, sous le pseudonyme de Baba Jukwa, a levé le voile sur les assassinats politiques dans le pays. Le mois dernier, il a ainsi prédit la mort de l’ancien ministre des mines Edward Chindori-Chininga, tué quelques jours plus tard dans un accident de voiture aux circonstances troubles. Concernant l’élection présidentielle, il accuse en effet le régime de vouloir truquer ce scrutin et divulgue les consignes données par leur hiérarchie aux policiers, qui auraient tous reçu l’ordre de voter en faveur du Zanu-PF.

 

Bien que ces élections soient à nouveau prises par la corruption généralisé du pays, l’Union Européenne a, en mars dernier, suspendu l’essentiel de ses sanctions pesant sur le Zimbabwe, dont 81 personnalités et 8 entreprises. Pour cause, le pays s’est doté d’une nouvelle constitution, que l’UE a jugé « pacifique, réussi et crédible ».

Un cri d’honneur pour le parti d’un homme qui baigne dans l’exaction la plus infâme depuis tant d’années, et probablement une stratégie politique pour éviter des mouvements sociaux, et surtout de perdre les élections. Car même si l’application d’une telle constitution peut aller dans le bon sens, il est impossible de faire confiance à un homme dont le passé est si lourd. Mugabe reste d’ailleurs persona non grata dans l’Union Européenne, une sanction qui ne devrait pas s’assouplir, lui qui a refusé l’envoi d’observateurs européens dans son pays récemment.

Mumu en mode fashion !

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