Le président turc Recep Tayyip Erdogan a « condamné » hier, lors d’un discours à Istanbul, l’usage de la force par la police française contre des manifestants. Il se dit même « préoccupé » de la situation dans le pays.
Ami du peuple et fervent défenseur des droits de l’Homme, Sir Erdogan a clamé hier son soutien affectif aux manifestants français, mobilisés contre le projet de la loi travail. L’ambassadeur de la Paix les a encouragés à poursuivre leur révolution et condamné les violentes répressions policières qu’ils essuient depuis plusieurs mois.
« Je condamne la violence exercée par la police française contre les gens qui usent de leur droit de manifester« , a-t-il lancé lors de son discours public à Istanbul. Recep Tayyip Erdogan est avant tout un homme du peuple, un diplomate ouvert d’esprit pour qui la liberté d’expression est une valeur essentielle à la démocratie. Bon, d’accord, il lui est arrivé à une époque d’user un peu de la force pour assagir la rebellion. Mais loin de lui le désir de faire mal. Vous n’imaginez pas que ce fut une partie de plaisir, lors des manifestations de mai 2013 en Turquie, d’expédier huit protestataires à la morgue et d’en flanquer 8000 autres à l’hosto. Ça lui a grisé l’âme, au Grand Pacifiste.
« La violence naît là où il n’y a ni pensée ni idée », Recep Tayyip Erdogan
Et l’année suivante, quand des milliers de personnes ont investi Ankara et Istanbul pour célébrer le premier anniversaire des rassemblements anti-gouvernementaux. Il s’en serait bien passé, des 25 000 policiers, des boucliers anti-émeute, des canons à eau et du gaz lacrymogène, si les foules avaient daigné suivre ses conseils.
« Vous ne pourrez pas occuper Taksim comme vous l’avez fait l’an dernier parce que vous devez respecter la loi. (…) Si vous vous y rendez, nos forces de sécurité ont reçu des instructions claires et feront tout ce qui est nécessaire. »
À l’insu de son plein gré qu’il a violemment dispersé la populace. Ça lui a crevé le coeur, à Sa Majesté Recep, Serviteur de la tolérance, de réprimer ainsi ses propres citoyens. Mais il devait écouter la voix de la raison. Chef de l’État, on bannit ses convictions personnelles pour le bon fonctionnement de son pays. Sir Erdogan, quand tout semble être contre vous, souvenez-vous que l’avion décolle face au vent, et non avec lui.