La course à l’Elysée est lancée. Les sondages propulsent de nouveau le duo Macron-Le Pen au second tour de l’élection. Pour la droite, la question devrait se régler avec les résultats des élections régionales. La gauche, quant à elle, va tenter d’unir ses forces pour tenter d’exister voire créer la surprise.
A moins d’un an de l’élection présidentielle, les candidats semblent tour à tour entamer leur campagne. Ainsi, qu’en est-il à l’heure actuelle des (éventuels) candidats à la plus importante élection en France ? Nous en avons un élément de réponse à travers les sondages récemment publiés. A commencer par le président sortant, dont la position résulte de son bilan à la tête du pays.
Quel bilan pour Macron ?
Le patron de La République en Marche (LREM), parti qu’il a lui même créé, devrait selon toute vraisemblance se représenter. Mais le président de la République a vu son statut changer tout au long de son mandat… pas encore achevé. Alors inconnu au bataillon à son élection en 2017, Emmanuel Macron a débuté son mandat sur les chapeaux de roue avec la crise des gilets jaunes en 2018. Ce fût une crise socio-économique sans précédent, et on comprend vite que les taxes sur l’essence ne sont que la goutte d’eau qui a fait déborder un vase rempli par la politique du nouveau président. La côte de popularité d’Emmanuel Macron s’est clairement effritée, pour celui qui a l’image d’un « président des riches » (suppression de l’ISF, déclarations polémiques…). Il a donc tenté de se détacher de cette image en versant la modique somme de 17 milliards d’euros (« annulation de la hausse de CSG pour les retraités les plus modestes, défiscalisation des heures supplémentaires, hausse de 100 euros de la prime d’activité pour les salariés au smic », Libération) aux classes moyenne et populaire au sortir de cette crise, qui sera sans conteste le fait marquant de son début de quinquennat
Mais cette crise économique n’était presque rien à côté de celle du coronavirus, qui a arrêté la France toute entière. S’il gère cette épidémie d’une main prudente, tremblante pour certains et trop ferme pour d’autres, en raison notamment des connaissances progressives sur le virus, les français se souviendront surtout de la vaccination s’il réussit ce pari. S’il est évident que n’importe quel président aurait eu du mal à gérer cette épidémie sans précédent dans l’Histoire, il est aussi évident que trouver rapidement le moyen d’en sortir serait un coup de maître. Emmanuel Macron en est conscient : c’est l’occasion en or de se racheter pour entamer sa campagne de 2022 tambour battant. Et ce, surtout que sa concurrente principale, Marine Le Pen, n’a pas chômé depuis 2017.
Quid de Marine Le Pen ?
Si ses propositions n’ont pas grandement changé sur le fond, elle a surtout profité des multiples crises pour s’attirer les faveurs des indécis. « Anti-Europe, anti-immigration, anti-islamisme », le triptyque de Marine Le Pen la présente comme la candidate « antisystème », ce qui lui donne l’opportunité de réunir les ennemis de son ennemi préféré : Emmanuel Macron. C’est la troisième tentative de celle qui s’inscrit dans la lignée de son père, dont elle assure la « relève », à la tête du Rassemblement National. La finaliste de la dernière présidentielle reste quoi qu’il en soit la première opposante, avec 28% (IFOP) des suffrages. Derrière elle, de la gauche à la droite, la concurrence reste un cran en dessous. Une concurrence qui n’est d’ailleurs toujours pas identifiée, les deux camps jouant la montre.
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Qui se présentera à droite ?
L’absence de candidature de Nicolas Sarkozy, contrainte par sa récente condamnation (et peut être celle à venir dans l’affaire Bygmalion) est vue comme une place de choix laissée vacante. Outre Xavier Bertrand, qui a décidé de faire actuellement cavalier seul sans accepter le jeu de la primaire des républicains, d’autre candidats à l’image de Laurent Wauquiez ou Valérie Pécresse sont de plus en plus enclins à se présenter. S’ils n’ont pas officialisé leur candidature à la présidentielle, excepté Xavier Bertrand, c’est tout comme. Les résultats des élections régionales seront cruciaux pour les départager.
Devant se dérouler courant juin, les régionales vont effectivement révéler le potentiel électoral des candidats. Elles montreront ainsi si Valérie Pécresse aura trouvé les moyens de regagner la présidence de la région Ile-de-France, Laurent Wauquiez celle de l’Auvergne-Rhône-Alpes ou Xavier Bertrand celle des Hauts-de-France. Ce dernier, qui se dit défenseur d’une droite populaire, est actuellement la force de droite la plus vive puisqu’il est annoncé troisième du premier tour avec 16% des suffrages (IFOP). Inutile donc de rappeler l’importance des élections dans la tête des prétendants de droite à la succession d’Emmanuel Macron.
Du côté des Républicains, qu’ont progressivement quittés ces trois candidats après les résultats catastrophiques aux Européennes de 2019, on est divisé quant à organiser une primaire. Son intérêt pour la droite ? Présenter un seul et unique candidat à la Présidentielle, qui, au sortir de cette primaire, sera paré de la légitimité du parti et n’aura pas de concurrence en interne. Le président des Républicains, Christian Jacob, y est réfractaire dans la mesure où il dit vouloir « ne pas brûler les étapes ». Bruno Retailleau y est au contraire favorable afin d’unifier la droite, où une guerre d’égo a souvent été observée. Peut-être même davantage depuis que Sarkozy n’est plus présidentiable pour 2022. Si les Régionales représentent donc un enjeu majeur à droite, elles sont aussi importantes pour une gauche plus que jamais divisée.
« Le potentiel électoral de la gauche n’a jamais été aussi faible sous la Ve République : entre 26 et 28% »
La gauche, les gauches ou plus de gauche… ce bord politique est plus fissuré que jamais comme l’explique Frédéric Dabi. A l’instar de la droite, les candidats sont là aussi pléthore. Sont ainsi en lice : Jean-Luc Mélenchon (La France Insoumise), Yannick Jadot (Europe-Ecologie-Les-Verts) ou encore Anne Hidalgo (Parti Socialiste). Le dernier sondage en date, réalisé par l’IFOP début avril 2021, montre que Jean-Luc Mélenchon est de loin le candidat qui récolterait le plus grand nombre de voies au premier tour, avec 12% des suffrages, devant Yannick Jadot (6%) puis Anne Hidalgo (5%).
Recluse derrière un Jean-Luc Mélenchon déterminé à se présenter, et qui a très rapidement recueilli les 150 000 « parrainages citoyens » qui étaient sa condition pour se présenter à la présidentielle, LFI est en tête de peloton à gauche. S’il est le premier candidat à avoir annoncé sa candidature, Mélenchon n’a pas tardé à se mettre à l’assaut des réseaux sociaux (Twitch, Youtube…) pour séduire la France de demain. Pour autant, séduit-il les électeurs d’aujourd’hui ? C’est l’un des défis qu’il essaye de surmonter, malgré le nombre incessant de citoyens issus des classes populaires qui se tournent, faute de mieux à leurs yeux, vers Marine Le Pen. Mélenchon semble loin devant Jadot et Hidalgo… mais tout aussi loin derrière les candidats des autres bords politiques. Même s’il se qualifiait au second tour, il rassemblera certainement peu d’électeurs… à moins que ne se dessine finalement une union de la gauche.