Il y a presque 100 ans, Adolf Hitler rédigeait Mein Kampf, un des livres les plus controversés de l’Histoire. Un pamphlet qui expose l’idéologie raciste et antisémite de son auteur, à l’origine de la Shoah.
Un livre écrit en prison
Adolf Hitler rédige Mein Kampf (ou littéralement Mon Combat), en 1923. Il est à ce moment emprisonné à Munich, après avoir tenté un coup d’état le 8 novembre de la même année. En prison, Hitler lit beaucoup, notamment des ouvrages sur les inégalités des races humaines. Il va par conséquent beaucoup s’en inspirer pour la rédaction de son livre. Adolf Hitler veut, par le biais de Mein Kampf, convaincre les Allemands que les Juifs veulent détruire l’Allemagne.
De nombreux Allemands jurent ignorer tout de ce massacre. Mais au procès de Nuremberg en 1945, l’anglais Elwyn Jones va s’exclamer : « Les nazis n’ont jamais caché leurs intentions. Pour ceux qui savaient lire, il y avait Mein Kampf : les mots issus du cerveau du Führer ».
Ce livre a clairement donné des idées aux partisans du régime nazi. Il a joué un rôle très important dans la mise en place de l’un des plus grands crimes à l’échelle mondiale.
Un ouvrage en deux tomes
La première partie de Mein Kampf sera publiée deux ans après le début de son écriture, c’est-à-dire en 1925. Puis, le second volume sortira l’année suivante.
Le livre se découpe en deux tomes. Le premier est purement autobiographique, Hitler revient sur son parcours. Il y évoque aussi les échecs de la Première Guerre mondiale et les débuts du parti nazi. Le second tome rapporte son idéologie ainsi que la question raciale.
Par ailleurs, le mot « juif » est cité 373 fois dans Mein Kampf, un des termes qui apparaît le plus dans l’ouvrage.
Mein Kampf, interdit en France ?
La publication de Mein Kampf n’était pas si interdite que ça. En effet, l’ouvrage était interdit à la présentation dans les librairies par exemple, mais pas à la vente. L’Allemagne avait empêché toute nouvelle traduction du livre, car elle détenait les droits d’auteur, et ce, jusqu’en 2016.
En 2020, Amazon interdit la vente de Mein Kampf sur sa plateforme. Cette décision a été prise après vingt ans de campagne pour obtenir la fin de vente des éditions du livre. Le site de e-commerce se défendait en évoquant la liberté d’expression. De plus, plusieurs éditions du livre sur Kindle ont également été retirées des propositions sur la plateforme d’Amazon. La page d’auteur d’Hitler a aussi été supprimée.
Certains pays relancent la publication de Mein Kampf
Le 2 juin 2021, une version critique de Mein Kampf a été republiée dans les librairies, en France. Ce sont les Editions Fayard qui ont pris cette initiative. Le livre s’intitule désormais « Historiciser le mal, une édition critique de « Mein Kampf » ». Un ouvrage sobre, sans illustration et qui ne mentionne pas le nom d’Hitler sur sa couverture. Il s’agit par ailleurs d’une version critique et contextualisée.
Cette nouvelle édition est limitée à 12 000 exemplaires et coûte 100 euros. Par ailleurs, les droits du livre sont reversés à la Fondation Auschwitz-Birkenau.
Par ailleurs, Mein Kampf est entré dans le domaine public en 2016. Il avait notamment été réédité en Allemagne, cette même année. C’était la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale. Le résultat de trois ans de travail, réalisé par des historiens allemands. De plus, il avait été remis en vente en Inde, où il a connu un vrai succès.
Des rééditions qui divisent
Pour certains, la publication de Mein Kampf devrait être interdite, car elle pourrait donner de mauvaises idées aux lecteurs. Pour d’autres, elle permettrait d’instruire la population et faire en sorte qu’elle découvre les atrocités recueillies dans cet ouvrage.
En 2015, Jean-Luc Mélenchon a demandé aux Editions Fayard, dans une lettre ouverte, de ne pas republier Mein Kampf. « Rééditer ce livre, c’est le rendre accessible à n’importe qui », s’était-il exaspéré. Mais l’historien, Christian Ingrao, avait répondu au député chez Libération. « Ni les usines de mort ni les groupes mobiles de tuerie ne sont annoncés dans Mein Kampf et il est tout simplement faux de penser accéder à la réalité du nazisme et du Génocide par la seule lecture du piètre pamphlet du prisonnier autrichien », avait-il déclaré. Il avait notamment rappelé qu’en quelques clics, il était possible d’accéder à l’ouvrage en format PDF sur Google.