En tant que 2e ville de France, Marseille tient une place importante dans la politique française. La cité phocéenne a eu de nombreuses personnalités atypiques. Retour sur 5 d’entre elles à l’occasion de la disparition de Jean-Claude Gaudin.
Renaud Muselier, actuel Président de la Région
Il est le seul des cinq politiciens encore en activité. Renaud Muselier préside le Conseil Régional Provence-Alpes-Côte-d’Azur depuis 2017. Il a débuté sa carrière politique en 1992, à la mairie de Marseille en tant que premier adjoint de Jean-Claude Gaudin. Au fil des années, Renaud Muselier gravit les échelons politiques, oscillant entre la droite et le centre droit de l’échiquier politique. Il a occupé le poste de secrétaire d’État aux affaires étrangères de 2002 à 2005, celui de député français de 2007 à 2012, et celui de député européen de 2014 à 2019 avant de devenir Président de la Région.
Âgé de 65 ans, Renaud Muselier est bien connu dans la région. Comme l’exprime Valérie, une Marseillaise de 72 ans : « Nous le connaissons bien dans la région, il a occupé à peu près tous les postes. » Elle ajoute : « Il donne tout de même l’impression d’être opportuniste. Bien qu’il vienne de la droite, il a formé une alliance avec le centre droit et certains membres de gauche au conseil Régional pour devenir Président. Mais malgré cela, nous l’apprécions, il dégage une image sympathique. »
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L’éternel Jean-Claude Gaudin
Il était une figure emblématique de Marseille. Jean-Claude Gaudin a dirigé la mairie de la ville pendant un quart de siècle, de 1995 à 2020. Sa carrière politique a été remarquablement diversifiée, passant par la présidence de la région PACA de 1986 à 1998, ainsi que par des fonctions de conseiller régional, député et ministre de l’Aménagement du territoire, de la Ville et de l’Intégration.
Pendant ses années en politique, Jean-Claude Gaudin a toujours été au cœur de la controverse. Si l’ancien maire a indéniablement contribué au développement de Marseille, son parcours politique a également été émaillé d’histoires controversées, notamment des allégations de détournement de fonds, de clientélisme et d’emplois fictifs. Cependant, Jean-Claude Gaudin n’a jamais fait l’objet de condamnations. Comme le souligne Albert Antony, un ancien électeur du maire de 1995, « Quand il y avait Monsieur Gaudin à la mairie, il n’y avait jamais de poubelles dehors ». Et bien que des questions persistent, aucune preuve tangible n’a été avancée dans ces affaires. Pour certains, il demeure un véritable politicien, dans le sens le plus complexe du terme.
Même après sa disparition, les opinions sur l’ancien maire restent partagées. « L’homme était une personnalité reconnue, certainement aimée et respectée », affirme Christophe Masse, Ancien Député et Conseiller municipal de Marseille. « Durant ces 4 mandats, il n’a pas su inscrire Marseille dans la lignée des grandes villes Euro Méditerranéennes, il n’a pas su non plus, par des choix financiers hasardeux, établir un équilibre social dans la ville. »
Bernard Tapie, l’homme aux multiples casquettes
C’est l’un des personnages les plus singuliers et les plus appréciés à Marseille. Surnommé le « Boss » par les supporters de l’OM, Bernard Tapie a eu une carrière riche et variée. Après avoir dirigé l’Olympique de Marseille, qu’il a porté au sommet avant de le voir rétrogradé en D2, ce Parisien a tenté sa chance en politique. Il a été conseiller général des Bouches-du-Rhône de 1994 à 1995, député européen de 1993 à 1996, député puis ministre de la Ville de 1992 à 1993.
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Si son passé à l’OM est toujours chéri par une grande partie de la population marseillaise, son engagement politique a suscité moins d’intérêt. « Il aurait mieux fait de rester en dehors de la politique », regrette Marc, un ancien abonné de l’OM des années 90. « C’est un terrain propice aux problèmes, et il n’y a pas échappé. Cela a quelque peu entaché sa réputation. Avec ses affaires judiciaires antérieures, la politique n’a rien arrangé. »
L’inépuisable Gaston Defferre
Il est le maire ayant exercé le plus longtemps à Marseille. Gaston Deferre a occupé la fonction pendant 32 ans, au cours desquels il a également occupé divers postes politiques tels que Secrétaire d’État, Sénateur, ministre des Outres-mers et de l’Intérieur. Pendant son mandat, il a dû faire face à une période de grand banditisme dans la ville, qui a duré de l’après-guerre jusqu’à la fin des années 70.
Gaston Deferre a dû ajuster sa politique pour répondre aux flux migratoires importants, notamment après la guerre d’Algérie, lorsque de nombreux pieds-noirs ont afflué vers Marseille. Sa politique a consisté à trouver des solutions et à construire les premiers grands ensembles dans les quartiers. Il est également à l’origine des deux lignes de métro de la ville. Un restaurateur du Vieux Port affirme : « Quand on parle de Marseille, on pense forcément à Gaston. Il a façonné la Marseille d’aujourd’hui. On peut critiquer l’évolution de la ville, mais il a été celui qui nous a menés vers la modernité. »
Félix Barret et la modernisation
Félix Barret est un politicien purement provençal. Il a suivi sa formation à Aix avant de se faire une carrière à Marseille. Il a été conseiller général du canton de Trets de 1881 à 1882, Président du Conseil régional des Bouches-du-Rhône de 1891 à 1892 et enfin Maire de Marseille de 1887 à 1892.
Lorsque Félix Barret dirigeait la mairie de Marseille, des travaux modernes ont été réalisés. Il s’agit notamment de la réfection des trottoirs, de la construction de la poste Colbert, de la construction de la bourse du travail, de l’inauguration du lycée de jeunes filles Montgrand et surtout de la construction d’un réseau d’égouts. À la fin du XIXe siècle, le choléra s’étend dans la ville. Félix Barret et ses élus entreprennent des efforts d’hygiène pour la ville avec un collecteur central d’eaux usées, déversées dans les Calanques, loin de la ville.