Selon un rapport du Commissariat général au développement durable (CGDD) du 22 juillet, 93% des cours d’eau français sont contaminés par les pesticides. Dans 35% des cas l’eau est jugé « impropre à la consommation humaine ». Alors surprise ? Pas vraiment !
Si à la base les pesticides sont utilisés pour protéger nos cultures, une fois lâchés dans nos milieux naturels, ils se révèlent dangereux pour l’Homme et son environnement, contaminant ainsi notre nourriture et dans le même temps tout notre écosystème.
« Si les pesticides ont initialement un rôle de protection des cultures, ils présentent in fine, par leur migration dans les différents milieux, des dangers pour l’homme et les écosystèmes, avec un impact immédiat ou à long terme. La contamination des cours d’eau est quasi-généralisée en France, essentiellement par des herbicides en métropole et des insecticides en outre-mer. Les secteurs aux teneurs les plus fortes correspondent aux zones de grande culture céréalière, maraîchère ou viticole : nord de la France, bassin parisien, Sud-Ouest, amont du Rhône, Martinique. De façon générale, les eaux souterraines semblent moins contaminées par les pesticides que les cours d’eau mais avec une large présence des produits de dégradation des pesticides » indique le rapport.
« Les substances actives des pesticides et les molécules issues de leur dégradation, appelées métabolites, sont susceptibles de se retrouver dans les différents compartiments de l’environnement (air, sol, eaux, sédiments, etc.) ainsi que dans les aliments. Même si elles ont initialement un rôle de protection des cultures, elles présentent in fine, par leur migration dans les différents milieux, des dangers plus ou moins importants pour l’homme et les écosystèmes, avec un impact immédiat ou à long terme » précise le CGDD.
Le danger des mélanges
Le problème principal ici est d’autre plus complexe, et concerne les mixes de pesticides. Il s’est avéré dans quelques récentes études que des mixes à petites doses de pesticides ont des effets bien plus dangereux pour la santé que des pesticides non mixées à fortes doses. Les pesticides les plus utilisés et mélangés en France sont au nombre d’une vingtaine. Un danger pas infranchissable.
Pour répondre à cet enjeu, le Parlement européen et le Conseil ont adopté en 2000 la directive cadre sur l’eau (DCE). Cette directive a pour objectif la préservation et la restauration des eaux et des milieux aquatiques, elle s’applique aux eaux de surface, y compris les eaux littorales et les eaux de transition, et aux nappes d’eau souterraine. Elle instaure une obligation de résultat : le bon état de toutes les eaux en 2015, sauf report de délais ou définition d’objectifs moindres dûment justifiés. Le bon état est défini pour les eaux de surface comme un bon état chimique et écologique, et pour les eaux souterraines un bon état chimique et quantitatif.
La politique agricole commune en cause
La politique agricole commune a largement contribué à l’adoption de ce modèle de production. Mais ce qui était vrai au sortir de la deuxième guerre mondiale, ne l’est plus aujourd’hui. Les consommateurs qui achètent les produits et les citoyens qui paient pour la PAC veulent une agriculture qui préserve leur santé et leur environnement. C’est aujourd’hui loin d’être le cas.
Toujours selon le CGDD, le coût complet du traitement annuel des excédents en nitrates et pesticides d’agriculture et d’élevage dissous dans l’eau peut coûter entre 54 et 91 milliards d’euros par an, soit 5 fois le solde positif de notre balance agroalimentaire, une montagne !
Les mauvais résultats sont donc bien là et cette directive-cadre de l’Union Européenne a encore bien du chemin à faire d’ici les deux prochaines années. Il serait donc primordial que l’UE prenne ce problème à bras le corps, et ce au plus vite.
Analyse complète au format PDF : http://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/fileadmin/documents/Sujets_transversaux/Developpement_durable/Indicateurs_de_developpement_durable/IDD_territoriaux/2013/iddt-pesticides-eaux-douces.pdf