Un homme vêtu de noir surgit hors de la nuit… Son nom ? Non, il ne s’agit pas de Zorro. Mais de Kidult. Ce n’est pas un cavalier. Il ne porte ni cape ni épée mais un sweat à capuche toujours armé d’un extincteur rempli de peinture. Ce street-artist est l’enfant terrible des rues. Il agit la nuit et choisit ses proies: « les boutiques de luxe ».
La liste de ses victimes appartient aux hautes sphères de la mode: Chanel, Yves Saint Laurent, Colette, Jean-Charles de Castelbajac, agnès b., Louis Vuitton ou encore Hermès. Ce personnage underground tague son nom à coups de grands jets de peinture faits à l’extincteur en lettres capitales sur les vitrines des enseignes de mode.
Kidult vise à conserver la créativité, l’honnêteté et l’impertinence propre aux enfants. D’où le pseudonyme de « Kid…ult » en rapport aux enfants en anglais. Selon lui, les artistes s’associant aux grandes marques sont « des vendus ».
Un message percutant
Depuis plus de 10 ans, cet artiste engagé dénonce les problèmes écologiques et les inégalités. Derrière ses interventions graphiques jugées violentes, il y a un message. L’artiste défend corps et âme le fait que les marques n’ont pas le droit d’utiliser les graffitis à des fins commerciales.
Kidult reproche aux enseignes de mode d’utiliser le graffiti pour vendre leurs créations. D’après cet « enfant » talentueux et imperturbable: « Toutes ces boutiques ont utilisé la culture du graffiti comme image commerciale. Ces marques aiment le graffiti. Je ne fais que leur donner ce qu’elles veulent ».
Le « graffeur » détient un registre d’expression qui lui permet de dénoncer cette exploitation outrancière du graffiti par les boutiques de luxe. Sur la photo ci-dessous, nous avons droit à l’interprétation de la campagne pub de la marque Supreme. Kidult a modifié le portrait de Kate Moss.
Rien ne le perturbe. Il change les affiches de campagnes publicitaires, en opérant toujours de nuit. Et au petit matin le public découvre une nouvelle campagne by Kidult.
Les marques en profitent
Sous la dénonciation du consumérisme, les coups de pub de Kidult font de la pub. Et à qui ? À la marque visée bien évidemment. Récemment, l’artiste s’est permis de vandaliser une boutique de Marc Jacobs du quartier de SoHo, à New-York.
Marc Jacobs, qui à défaut de « subir » les dégradations de Kidult, a préféré tourner l’incident à son avantage… en sortant un t-shirt cyniquement intitulé « Art by Marc Jacobs ». Le t-shirt a atteint en terme d’image une polémique digne de l’insolence de Kidult. Mais aussi un prix astronomique: 689 dollars. Le styliste a appliqué la fameuse réponse du « berger à la bergère ».
Mais Kidult sait user de la gaminerie. C’est pourquoi, il a immédiatement réagi en créant un anti-t-shirt sur la base de Marc Jacobs. Sur celui-ci, on peut lire « Not art by Kidult ». Il s’agit là une façon de montrer aux marques visées que Kidult reste le roi de la provocation.
Les oeuvres de Kidult ne laissent personne indifférent. Au delà de son militantisme anti-industrie de luxe, l’artiste ou le gamin à l’extincteur reste tour à tour salué ou décrié. Ce street-activist suscite le respect dans sa démarche audacieuse. Selon lui, le champ visuel citadin se doit de redevenir le notre. Les marques polluent notre vision avec la publicité.
La récupération bourgeoise du milieu de la rue par le grand capital ne devrait pas exister