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Vu à la télé : Hell on Wheels, une conclusion satisfaisante

L’ultime épisode de Hell On Wheels vient d’être diffusé aux Etats-Unis ; retour sur le western d’AMC après la conclusion très satisfaisante du voyage commencé il y a 5 saisons.

Terminus : tout le monde descend ! AMC vient de conclure sa série Hell On Wheels,  avec un dernier épisode doux-amer qui met un terme à une épopée ferroviaire intense, et Cullen Bohannon a raccroché le chapeau et rengainé le colt après 5 saisons de bons et loyaux services. Inégale et parfois maladroite, la série a toujours su… raccrocher les wagons, et a offert à son public une conclusion très satisfaisante.

Au lendemain de la guerre de sécession, Cullen Bohannon (Anson Mount), ancien esclavagiste et colonel sudiste, prend la direction de l’Ouest pour traquer les assassins de sa femme et de son fils. Sa route croise le chemin de fer de la Union Pacific, construit sous la direction de Thomas Durant (Colm Meaney), un homme d’affaires retors. Cullen se fait engager sur le chantier et, sa vengeance assouvie, il lie son destin à celui de la voie ferroviaire, s’impliquant corps et âme jusqu’à en devenir l’un des principaux responsables. Mais la progression à travers le grand Ouest américain ne se fait pas sans mal car aux difficultés techniques s’ajoutent les tensions avec les Indiens ou les Mormons, les conflits ethniques, et les rivalités économiques entre sociétés concurrentes. Tandis que le développement de la voie ferrée bouleverse la société, Bohannon tente de se reconstruire et de trouver la paix…

Lancée en 2011, Hell On Wheels a mis du temps à conquérir son public, frôlant plusieurs fois l’annulation. Pourtant, sans jamais dérailler, la série est parvenue à développer sur 5 saisons un récit linéaire et cohérent, en s’appuyant sur deux axes principaux : la construction de la voie ferrée et le parcours personnel de Bohannon. Deux trames menées en parallèle ou qui se superposent, selon les interactions du héros avec la Union Pacific. Mais même lorsqu’il s’en éloigne, il finit toujours par y revenir… De façon très intéressante, la série se sert de l’avancée du chemin de fer comme d’une double métaphore, attachée au parcours d’un héros malmené par la guerre et qui doit trouver un moyen de continuer, un but à sa vie : la construction de la voie illustre celle d’un homme et celle d’une nation, qui se font au rythme du chantier, avec des progrès et des stagnations, mais sans possibilité de retour en arrière. C’était déjà du reste le thème qu’abordait Il était une fois dans l’Ouest de Sergio Leone, où l’épopée transcontinentale servait à raconter la transformation d’une Amérique redessinée par le train, qui  reliait entre elles des terres isolées et substituait l’autorité de l’Etat à la loi du plus fort.

Cullen Bohannon : ceux qui l’aiment prendront le train

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Mais plus prosaïquement, Hell On Wheels  est avant tout un western, qui s’inscrit dans toute une tradition cinématographique dont il reprend les codes pour calquer son univers sur le mythe fondateur de la conquête de l’Ouest. Tout y est : tribus indiennes, immigrants chinois, anciens esclaves, duels au pistolet, fusillades dans une ville déserte, scènes de saloon, bordels et maisons de jeu… Un Ouest des grands espaces, de terres sauvages encore vierges, visuellement très classique mais remarquablement montré grâce à une mise en scène, une photographie et des cadrages qui évoquent les films d’Henry Hathaway voire de Leone – déjà cité ci-dessus.

Fondamentalement, Hell on Wheels s’appuie surtout sur ses personnages, formidablement écrits et interprétés, certains purement imaginaires quand d’autres ont réellement existé (Par exemple Durant, mais on croise aussi le Général Grant, Sherman ou le mormon Brigham Young) La série ne néglige pas les intrigues annexes centrées sur ses seconds rôles, à l’instar justement d’un Durant (impeccable Colm Meaney) charmeur et manipulateur, d’un Elam (le rappeur Common) ancien esclave métis, ou encore des femmes largement et diversement représentées. Et la série a l’art de soigner leur sortie dans des scènes spectaculaires à couper le souffle… Mais tout repose en définitive sur les épaules de Bohannon, cowboy solitaire et vengeur au passé obscur, droit dans ses bottes et pétri d’un sens de l’honneur et de la justice qui n’exclut pas la violence – bref, un héros de western dans toute sa splendeur. Anson Mount l’incarne magnifiquement, donnant au personnage un charisme et une complexité faite de force et de sensibilité qui lui confèrent un côté à la fois impitoyable et attachant. Mais un héros de western ne se révèle que face à des adversaires à la hauteur et ici, on peut dire que Bohannon est servi en la personne du Suédois. Ce psychopathe sadique et cinglé est plus résistant qu’un cafard, et l’affrontement final est à la hauteur de cet antagoniste hors norme, interprété par un Christopher Heyerdahl époustouflant.

Le Suédois et Durant : la brute et le truand

Le Suédois et Durant : la brute et le truand

Restait donc à conclure en beauté une série passionnante mais, reconnaissons-le, souvent inégale d’une saison à l’autre. Toute une partie du scénario étant basée sur des faits historiques, il n’y avait guère de suspense quant au dénouement de l’entreprise ferroviaire ; encore fallait-il réussir à en faire une scène marquante puisqu’il s’agit tout de même de la raison d’être d’Hell on wheels. Mission accomplie : l’avant-dernier épisode voit la fin du chantier, avec une scène géniale (Hell on wheels étant, à ce jour, la seule série qui ait réussi à me faire pleurer devant un mec qui plante un clou…) Et puis, il y a le sort de Bohannon, beaucoup plus incertain puisque relevant de la fiction. Jusqu’au tout dernier épisode, on pouvait tout envisager : fin tragique ou heureuse, sa mort ou la rédemption tant attendue. On ne va rien vous dévoiler, ce n’est pas notre genre ! Disons simplement que le final est totalement convaincant, que les derniers chapitres montrent le personnage fidèle à lui-même, entre violence et émotion (deux scènes superbes : une fusillade épique dans l’antépénultième épisode, et une séquence bouleversante à la fin du suivant), que la boucle est bouclée grâce à un écho à l’épisode pilote, et que la décision prise par Bohannon lorsqu’il doit choisir entre le cœur et la raison est précisément celle que tous les fans romantiques espéraient…

On l’a dit, Hell On Wheels est parfois tombée du train avec des intrigues poussives et un récit parfois confus. Malgré tout, elle a toujours réussi à se remettre sur les rails, poursuivant intelligemment un récit épique et plus profond qu’il n’y parait, qui s’est conclu de façon brillante, la fin du chantier voyant Bohannon arriver au terme de son voyage… Vous avez manquez le train ? Il n’est jamais trop tard pour monter à bord…

Hell on Wheels – AMC : Saison 5 – prochainement en VF sur OCS

Crédit photos : AMC

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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