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Mali : une intervention en questions

Le 11 janvier 2013 a marqué le début de l’opération « serval » sur le sol malien. Depuis le mois de mars 2012, suite au coup d’Etat contre l’ancien président Amadou Toumani Touré à Bamako, la région Nord du Mali est aux mains des djihadistes et terroristes. Des bases islamistes fortes se sont formées provoquant la terreur de tout un peuple, dont le salut ne passait plus que par une aide extérieure. Après avoir pris le contrôle du Nord, en milieu de semaine dernière les groupes terroristes ont décidé de lancer une offensive d’envergure vers le centre du pays en menaçant d’atteindre la capitale, Bamako. C’est le moment qu’a choisi l’Elysée pour réagir par la seule voix de son président, et avec l’accord du président du Mali par intérim, Dioncounda Traoré, et du conseil de sécurité de l’ONU. Derrière cette intervention aux arrière-pensées qui peuvent paraître stratégiques, la volonté de protéger ses ressortissants est la priorité pour la France.

 

Pourquoi la France est-elle intervenue au Mali ?

Depuis le fameux coup d’Etat contre l’ancien président Touré, la France tentait en vain de mobiliser la communauté internationale pour les faire réagir sur les conséquences futures de l’action islamiste. Aujourd’hui le Mali est devenu une terre hostile pour les ressortissants étrangers, et plus particulièrement Français (Huit pris en otage depuis 2010). Depuis quelques années, les terroristes d’Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi) s’en prennent ouvertement à Paris et menacent des attentats sur le territoire français. Le Mali est une ancienne colonie française du Soudan français, dont la mémoire coloniale est restée importante avec toujours de nos jours des milliers de français résidents permanents. L’Afrique de l’Ouest reste également une région stratégique pour la France, EDF étant alimenté pour un tiers en uranium par le Niger. Le pays ne peut donc, pour des raisons économiques, militaires et de sécurités, lâché la région.

 

Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense.

Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense.

Dans quelle finalité ?

Jean-Yves le Drian, le ministère de la Défense, a annoncé trois buts de l’intervention française au Mali : stopper l’offensive des groupes radicaux islamistes, empêcher la chute d’un pays dont la sécurité et les institutions sont menacées, et protéger les français et européens présents sur place. En utilisant les hélicoptères des forces spéciales et les mirages placés au Tchad, la France a déjà enrayé la machine terroriste. En pilonnant les villes de Kidal, Gao, Douentza, Kona, Mopti et Léré, l’armée française a réalisé ce qu’elle voulait : faire reculer l’avancée islamiste, réussissant même à abattre un lieutenant du groupe Ansar Dine, Iyad ag-Ghaly lors d’un raid. La deuxième volonté du ministre de la Défense paraît, elle, plus compliquée. Aujourd’hui le Mali n’a plus de gouvernement, plus d’armée et tout simplement plus la nature d’Etat. La France est intervenue pour limiter la progression des troupes ennemies (Aqmi, le MUJAO, et Ansar Dine), mais ne pourra pas reconstruire à elle seule un pays tout entier, un des plus pauvres du monde aujourd’hui. Le Mali aujourd’hui est au bord du précipice. La population malienne accueille la France à bras ouverts mais le spectre colonial refera surface un jour ou l’autre. Après désormais cinq jours de combats, la France a atteint son objectif, stopper l’avancée des islamistes et protéger la capitale Bamako. Les troupes françaises s’attaquent désormais « aux bases arrière des terroristes » selon les mots du ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, dimanche dernier.

La France en demande de renforts

Paris cherche désespérément des renforts et les choses commenceraient à se décanter. Le Royaume-Uni a mis a disposition deux avions de transports de fret, des véhicules blindés et des chars légers, tout comme le Canada et le Danemark. De leur côté, l’Allemagne et la France ont assuré à la France fournir à compter du 14 janvier, une aide logistique, médical, et côté américain de renseignements précieux des troupes présentes dans la région et dirigées par le secrétaire de la Défense, Leon Pannetta. L’ONU et son conseil de sécurité, ont confirmé à la France sa confiance totale. Tous nos partenaires ont reconnu que la France agit en conformité avec la légalité internationale et la charte de l’ONU », a déclaré Gérard Araud, l’ambassadeur français aux Nations Unies. Il a ajouté que la priorité pour la France était « la mise en œuvre rapide de la résolution 2085 de l’ONU », qui programme le déploiement à terme d’une force internationale (africaine) pour reconquérir le Nord-Mali sous le nom de « Mission internationale de soutien au Mali ». Une réconciliation entre Bamako et les groupes rebelles non-terroristes est attendue, et des négociations également.

 

Le plan vigipirate rouge a été décrété.

Le plan vigipirate rouge a été décrété.

Le sol français entre vigilance et unité

L’ensemble de la classe politique française a réagit positivement à cette intervention. Seul Jean-Luc Mélenchon, et Noel Mamère ont critiqué le président Hollande, qui a agit sans consulter directement son gouvernement et sans l’ombre d’une consultation parlementaire.

La vigilance française est également importante depuis que le Mujao a déclaré vouloir « frapper la France en plein coeur », le plan vigipirate rouge a été décrété comme l’a annoncé ce matin Manuel Valls au micro de Jean-Jacques Bourdin sur BFM TV/RMC : « Il faut être prudent, mais ce que je peux assurer aux Français, c’est que la plus grande vigilance doit permettre d’empêcher des actes sur notre sol ». Le ministre de l’Intérieur a également déclaré surveiller de près la « blogosphère » et les  individus qui voudraient se rendre en Syrie, en Afghanistan, et évidemment au Sahel« .

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