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La fin de Daesh, paix ou recrudescence de la terreur?

Face à la menace que représente Daesh, il est illusoire d’imaginer que le déclin financier et la perte territoriale signifient la fin de l’organisation islamiste. Faut-il craindre que lorsque l’Etat Islamique ne pratiquera plus de combat frontal, il misera intégralement sur des attentats dans le monde Arabe et Occidentale?

La reconquête complexe du territoire de l’Etat Islamique

Conquise en Juin 2014 par Daesh, la ville de Mossoul a été conçu pour résister aux assauts de la coalition internationale. Certains anciens généraux de l’armée irakienne de l’époque de Saddam Hussein, qui désormais dirigent la puissance militaire de Daesh, ont depuis longtemps préparé et organisé la guerre de Mossoul. L’inquiétude monte dans les rangs de la coalition internationale. Michel Goya, ancien colonel, remarque « pièges et les mines posés partout », les « souterrains pour circuler sans être vus du ciel »  ou encore des « champs de tirs dégagés pour les tireurs d’élites ». Les fanatiques islamistes seront doublement hargneux. Motivés par leur idéologie totalitaire, de nombreux soldats de Daesh sont originaire de Mossoul et défendront aussi leur ville natale. Les combats de guérilla urbaine, dans la vieille ville et dans les ruelles étroites s’annoncent périlleux.

Les violents combats dans lesquels la population locale, s’élevant à 1,5 millions d’habitants et près de 350 000 enfants, sera utilisée, comme à Rakka, comme bouclier humain risque de faire monter l’animosité et l’hostilité des citadins contre les forces de la coalition internationale. Ces circonstances vont alimenter l’idéologie islamiste anti-Occident. La guerre de Mossoul sera épineuse mais n’est que le début de la fin de l’Etat Islamique qui s’étend toujours sur 60.000km2. Sans trop se projeter, la reconquête des territoires de Daesh, si elle prendra du temps, est inéluctable. Pourtant, le risque d’attentats n’en sera que plus considérable.


La ville de Rakka après un bombardement de l’aviation syrienne faisant 95 morts, dont de nombreux civils

 

La question de l’après Daesh se pose. Aujourd’hui, l’EI accuse un recul sur tout ses territoires. Leur défaite étant désormais inévitable, l’organisation islamiste prépare une nouvelle stratégie, avant de l’adopter. Les hypothétiques stratégies que Daesh peut adopter débutent, initialement, par un repli dans des zones de non-droit. À l’image de la stratégie d’Al-Qaida, les troupes de l’EI risquent d’abandonner leur territoires et de se réfugier dans des terrains vallonnés ou aux alentours de Bagdad estime Rodolphe Modeste, chercheur en relations internationales. Ensuite, deux hypothèses s’affrontent et, peut-être, se complètent. Tout d’abord, Daesh peut être tenté de réaliser une nouvelle percée. Avec une force militaire et financière élevée, l’organisation islamiste peut recomposer ses troupes et préparer une vaste offensive visant à conquérir de nouveau des régions entières. Le rêve du califat islamiste n’est donc pas abandonné. La puissance de l’EI couplée à la faiblesse de l’armée irakienne ainsi que l’absence d’ordre en Syrie rend cette hypothèse plausible.

 Évolution territoriale de l'Etat Islamique

 

L’après Daesh, entre attentats et nouvelle percée

À l’inverse, d’autres estiment que l’EI va totalement se tourner vers une guérilla. L’organisation islamiste pourrait se satisfaire d’un terrorisme « low-cost », c’est-à-dire avec les moyens du bords (camion, couteau etc…) et avec peu d’organisation. Tout d’abord, Daesh a pu observer que la stratégie du terrorisme a rempli ses objectifs. Nos sociétés occidentales se sont fracturés, divisés sur la place des musulmans. Les 30 000 soldats dans les rangs de l’EI, originaires de 86 pays différents posent le problème de leur retour dans leur pays d’origines. Le risque est élevé en Turquie, en Syrie ou encore en Russie. Mais les pays européens ont également fort à craindre et notamment la France. Le directeur de la DGSI, Patrick Calvaron, chiffre à 1 800 les résidents français en relation avec les filières djihadistes et compte 600 français dans les rangs de l’EI parmi les quels 400 mineurs. Il est important de souligner qu’une centaine d’enfants sont nés sur les territoires irakien et syrien de l’Etat Islamique. Avec des moyens humains important, armés et entrainés, la fin territoriale de l’EI n’est donc pas synonyme de la fin de la menace terroriste.


Kevin Guiavarch, un Français de 24 ans, ayant été en contact avec le commando responsable de l’attaque du Bataclan, se dit aujourd’hui repenti

Ces deux stratégies nouvelles et probables posent l’enjeux de l’adoption d’une réponse adaptée de la part de la coalition internationale. Tout d’abord, organiser le State et nation-building en Irak, en retenant les leçons des échecs de ces politiques en Irak déjà en 2003. Remettre l’ordre en Syrie est nécéssaire mais aussi, et surtout, possible à la seul condition que les pays de la coalition se mettent d’accord sur la stratégie à adopter dans ce pays. Il faut aussi dès maintenant préparer le retour des djihadistes dans leur pays d’origines: mettre en place des méthodes de dé-radicalisation efficace, proposer une intégration à la société, créer des prisons ou des zones d’internements pour fanatiques convaincus… Enfin, pour les pays Occidentaux, il est urgent de repenser l’espace Schengen afin d’éviter que des terroristes, à l’image de Anis Amri responsable de l’attentat sur le marché de Noel de Berlin qui avait circulé entre 3 pays, puissent circuler librement entre les pays européens. Nous avons gagnés une première bataille sur le champ territorial, gagnons maintenant la guerre.

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