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On debriefe pour vous … Iron Fist, la dernière série avant The Defenders

Sans doute la série Marvel la plus décriée, Iron Fist est disponible depuis quelques semaines sur Disney+. Est-elle la catastrophe dont tout le monde a parlé ?

C’est quoi Iron Fist ? Après 15 ans d’absence, le fils du milliardaire Wendell Rand, se retrouve plongé au cœur de New York, cherchant des réponses. Le jet contenant ses parents et lui-même s’est écrasé dans l’Himalaya. Seul lui survit. Des moines guerriers mystiques le recueillent, le sauvant d’une mort certaine. Ils vont lui enseigner l’art du combat ainsi que l’initier à leur démarche spirituelle si particulière. Ce nouveau héros détonne. Il se retrouve à la tête de l’entreprise de son père, Rand, déjà dirigée d’une poigne de fer par Ward (Tom Pelphrey) et sa sœur Joy (Jessica Stroup, 90210). Ils vont devoir composer tous les 3 pour assurer l’avenir de Rand tout en combattant l’organisation méphistophélique La Main – déjà introduite dans Daredevil saison 2. Danny, alias Iron Fist, a le pouvoir de concentrer son chi dans son poing le rendant indestructible, allié à ses qualités de ninja, il donne bien du fil à retordre.

Marvel’s Iron Fist est une série télévisée américaine créée par Scott Buck selon le personnage de comics. Iron fist, Finn Jones (Game of Thrones), se balade entre Arrow et Batman. Le super héros fait également partie de The Defenders.

Iron Fist explore l’univers monastique, et sa mystique, fondée sur l’harmonie des énergies. C’est une bouffée d’air frais car ici, on s’émancipe du schéma traditionnel de tous ces séculaires super héros bang bang. Netflix reformule proprement l’Iron Fist des comics et nous ouvre à des mondes très différents sans s’y perdre pour autant. En effet, plongé au cœur de l’Himalaya, la série met en exergue des citées célestes, des temples perdus, une toute autre dimension se voulant empreinte de la sagesse du monde. Cet enseignement pavé de douleur et de souffrance oppose le corps et la force de l’esprit afin de pouvoir construire leur union.  Le chi est une notion des cultures sino-japonaises qui désigne un principe fondamental formant et animant l’univers et la vie. C’est l’essence même qui est retenue dans son poing de fer.
Iron Fist nous abreuve également de belles chorégraphies ainsi que d’haletants combats d’arts martiaux – même si Daredevil reste la référence. On aime ces victoires systématiques. Il file joliment des trempes aux méchants, à l’aise en chaussons dans son salon.

La série regorge de easter eggs. Ce sont des références cachées, débutées en 2008 avec le film Iron Man. Les comics Iron Fist sont créés 1974. Netfix inscrit Darevil, Jessica Jones, Luke Cage et Iron Fist dans l’idée de les réunir dans The Defenders. Clair Temple est un lien entre les séries. Mais dans Iron Fist son personnage installe plus un malaise qu’autre chose, autant dans son introduction un peu cavalière que dans ses interventions souvent inutiles.

Iron Fist a été fustigé par les médias, mais malheureusement il y a beaucoup de mauvaise foi dans cette démarche. La série est accrochante. Avis à tous les binge watcher, on prend clairement son pied. Pas de lenteur stérile, un scénario fluide qui ne s’embarrasse pas de torsions superflues, des retournements de situations bien placés. En outre, son générique est remarquable. Bref la série est rafraîchissante.

Alors oui, les flashbacks du crash sont un peu rébarbatifs. On aimerait bien lui dire de passer à autre chose. Il en va de même pour le terrible effet spécial en stries, lorsqu’il se remémore son passé traumatisant. Ça ne restera pas dans les annales.

Danny est une arme blanche incarnée mais avant tout, un vrai gentil, blanc comme un agneau et un peu benêt, aussi. Autour de lui, tous les personnages changent. Ils évoluent sans beaucoup d’originalité vers leurs opposés. Danny se reste fidèle dans son incompréhension pour le matériel et la superficialité… ou le monde new yorkais huppé en général. Il est victime de ses émotions, resté au stade de l’enfance. Son personnage est paradoxal. Il temporise avec sa puberté sentimentale, ses compétences hors du commun de ninja, son parcours éprouvant pour accéder à son statut d’Iron Fist. En effet, dans le monastère, il a dû surpasser la douleur, l’utiliser afin qu’elle soit un vecteur de clarté. Elle fera de lui un être invincible. L’enjeu pour devenir pleinement l’Iron fist légendaire est de couper tout sentiment, être dessus des passions.
Coleen Wing (Jessica Henwick) se révèle au fur et à mesure des épisodes. Elle se déride. Elle s’oppose au personnage de Joy Meechum (Jessica Strump). Un triangle amoureux commence à se dessiner sans peine. De la même manière, elle vole la vedette à Danny. On s’identifie facilement à elle, une femme obligée d’assumer sa force mais est, avant tout, une traditionnelle petite fille abandonnée. Le retournement de situation ne surprend guerre à la fin de la saison, il fallait bien qu’elle justifie sa présence dans le show – une prof ninja ce n’est pas très rentable budgétairement. Pour sa part, Ward est un personnage ambivalent. Le scénario maîtrise joliment sa descente aux enfers et dans son apathie dénoncée, on le trouve réellement touchant.

Lorsque Danny arrive dans cette nouvelle vie. L’argent est l’unique langage, celui que, évidemment, il ne comprend pas. Il essai d’uniformiser le gouffre entre intérêt général et intérêt particulier. L’avidité n’a aucune place dans sa tête. Il utilise le vecteur de Rand pour sauver des vies, épinglé par le conseil d’administration et consacré par la presse. On voit s’esquisser par ci par là quelques problématiques altermondialistes mais bien vite reléguées en arrière-plan. Danny semble tout content d’avoir le pouvoir de changer les choses et rependre le bien universel sur un monde manichéen mais non, la série survole seulement : il faut avouer que sauver le monde avec ses poings est beaucoup plus efficace. Question de glamour.
Rand la terrible. Encore une entreprise véreuse, disposant des leviers lucifériens lui permettant de contrôler le monde et les gens. Le passage obligé, lorsqu’on semble lui déplaire, est la clinique psychiatrique. Cette-dernière a plus la saveur d’une boite noire innomée où l’on efface les personnes gênantes. Là encore, on ne peut vraiment pas dire que ce soit une critique de ces institutions.
La série oppose donc un homme machine cristallisé dans son entreprise et la force de l’homme-chi, détaché de toute matérialité, voué à la seule recherche de la vérité et de la protection. Message reçu : l’important c’est de rester vrai.

Avec ces 3 shows précédents Netflix ratisse tous les publics. Les critiques, mauvaises langues, avancent qu’Iron Fist est sensé viser les adolescents. Mais Iron Fist n’a pas la prétention d’être ce qu’elle n’est pas. En effet, nous sommes bien loin des séries psychologiques comme Jessica Jones ou encore d’action plus bastonnante comme Luke Cage.  Un peu léger cette réduction à un auditoire fantasmé. Coller des étiquettes n’a décidément jamais été salutaire. La série est certes bien-pensante et se passe dans les beaux quartiers, mais cela suffit-il à la condamner ? Iron Fist doit-il alors fatalement se retrouver associé à Christian Grey ? Ou encore être bêtement inscrite dans cette nouvelle tendance anti-Trumprunstheworld ? Tant d’apathie générale pour les jeunes et beaux milliardaires.

Iron Fist regroupe un peu tous les stéréotypes traditionnels des supers héros, qui nous repose les neurones. Danny est immaculé, il y a quelque chose de beaucoup plus doux en lui. Certains diront « lacunes scénaristiques » d’autres « offre d’un nouveau profil épuré ».  En outre, il faut bien se faire à l’idée : Iron Fist est un super héros – on ne le dira jamais assez. Il semble tout à fait logique que son univers en soit imprimé de même que son schéma narratif, répondent alors au strict cahier des charges.  Un héros sans schéma narratif héroïque est totalement vidé de son sens. On a un mot pour cela d’ailleurs : un anti-héros.

A lire aussi : notre dossier sur Jessica Jones saison 1

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