Black Sails s’est achevée la semaine dernière, avec un épisode final qui conclut la série en beauté.
C’est quoi, Black Sails ? Vingt ans avant les évènements relatés dans le roman l’Ile au trésor, la mer des Caraïbes est dominée par des pirates sanguinaires. En marge de leurs exactions, tous sont à la recherche d’un mystérieux trésor. Lors de l’attaque d’un navire, le redoutable capitaine Flint (Toby Stephens) capture un certain John Silver (Luke Arnold): en possession d’informations capitales pour localiser le trésor, il se rallie à Flint pour sauver sa peau tout en veillant à ses propres intérêts. Mais malgré leurs rivalités, tous les pirates vont devoir s’unir pour affronter la Marine britannique, déterminée à les éradiquer pour reprendre le contrôle du territoire. Pour autant, aucun ne perd de vue son objectif : mettre la main sur l’or disparu.
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Toutes les bonnes choses ont une fin : après 4 saisons, Black Sails s’est achevée la semaine dernière. La barre était haute et le défi complexe, l’ultime épisode ayant la lourde tâche de refermer toutes les intrigues en suspens, sceller le sort des personnages et établir la connexion avec L’île au trésor, Black Sails se revendiquant dès le départ comme un prequel du roman de Stevenson. Mission accomplie, avec un final à la hauteur d’une série intelligente et spectaculaire, qui n’a cessé de monter en puissance. Il faut dire que les scénaristes avaient préparé le terrain avec une saison 3 remarquable, qui portait en germe le lien définitif rattachant la série à l’œuvre littéraire.
Point d’orgue d’une saison 4 qui poursuivait dans cette voie, le dernier épisode est probablement l’un des meilleurs de la série. Et avec pas moins de deux batailles navales, s’il vous plaît ! Des scènes qui, clairement, ont toujours été le point fort de Black Sails, jamais meilleure que dans ces séquences immersives et spectaculaires, portées par une esthétique soignée, une réalisation magistrale et la bande-son épique du génial Bear McCreary. Ces ultimes affrontements ne dérogent pas à la règle quand, au milieu d’un chaos indescriptible, entre coups de canons et combats au corps à corps, Flint et ses acolytes affrontent par deux fois la marine britannique. Au cours de ces combats acharnés surviennent deux duels très attendus : Rackham (Toby Schmitz) se bat au sabre contre le commandant Rogers ; Flint et Billy Bones (Tom Hopper) s’affrontent à mains nues, dans une lutte sans merci à l’issue incertaine où tous les coups sont permis. Et tandis que Rachkam vient à bout de son adversaire, Billy est précipité en mer.
La voie est désormais libre pour Flint et Silver, qui peuvent partir récupérer le trésor de l’Urca et accomplir leur dessein initial. Mais une fois la menace britannique annihilée, plus rien ne justifie leur improbable association et l’affrontement est inévitable. Silver contre Flint : on s’y attendait depuis le tout premier épisode et on en pressentait l’imminence. Nous n’étions pas les seuls, Flint percevant la tension croissante et n’étant pas dupe du double jeu auquel se livrait son partenaire. En pleine forêt vierge, avec le trésor à portée de mains, Silver tombe enfin le masque. Face à face, les deux hommes nous offrent alors un de ces magnifiques dialogues dont Black Sails a le secret, pour un ultime échange intense et définitif. L’issue ? Le lecteur de L’ïle au trésor la connaît déjà… Ou croit la connaître, Black Sails réservant une dernière surprise à tous ceux qui prenait le sort de Flint pour acquis.
Tous n’en sortent pas indemnes, mais Black Sails s’est montrée étonnement clémente envers ses personnages. S’il devait y avoir un grand gagnant, ce serait incontestablement (et logiquement) Silver : devenu une légende parmi les pirates, craint et respecté par ses pairs comme par ses ennemis, il a détruit ou neutralisé tous ses rivaux et il peut désormais mener une vie paisible. Contraint de renoncer à ses rêves de grandeur et à sa soif de vengeance, Flint survit mais sombre dans l’oubli, déporté dans un camp de prisonniers. Son destin est toutefois moins amer qu’il n’y paraît, puisqu’il y retrouve son amant, que l’on croyait mort. D’autres ont moins de chance : le mythique Barbe Noire (flamboyant Ray Stevenson) périt lors d’un assaut, Eleanor Guthrie (Hannah New) paye au prix fort ses innombrables trahisons. En revanche, le truculent Rackham et Anne Bonny (Claire Paget) naviguent ensemble, faisant régner la terreur sur les mers et imaginant, dans une scène finale jubilatoire, le célèbre drapeau noir à tête de mort devenu l’emblème de la piraterie : le Jolly Roger. Enfin, le sort réservé à Billy Bones est cohérent avec l’œuvre de Stevenson : celui qui, vingt ans plus tard, sera l’initiateur des évènements du roman a miraculeusement survécu à sa chute en mer ; il erre, perdu et abandonné par tous ceux qu’il a trompés.
Globalement, Black Sails a offert à ses personnages une fin pertinente au regard du roman. Elle s’octroie toutefois une certaine latitude en épargnant la vie de Flint. Tenu pour mort sur le papier, le personnage est donc exilé dans un camp de prisonniers dont on ne revient jamais, mais où il retrouve son grand amour… C’est inattendu, en tous cas beaucoup moins tragique que ce que l’on pouvait supposer ; cette fin, un peu trop positive pour certains, est sans doute le seul reproche que l’on pourrait faire à Black Sails. Tant pis ! On excusera les scénaristes qui, apparemment, n’ont pu se résoudre à tuer un personnage aussi magnifique, superbement interprété par un Toby Stephens génial de bout en bout, au point d’éclipser John Silver…
Loin de décevoir, Black Sails se referme sur un final magistral, à la hauteur d’une série qui n’a cessé de se surpasser, gagnant progressivement en profondeur et en intensité. Alors qu’elle s’annonçait en saison 1 comme une simple série d’aventures, divertissante mais parfois confuse, Black Sails a réussi l’exploit de renouveler l’histoire de pirates, implantée dans un cadre historique et plus mature, tout en atteignant le but vers lequel elle tendait : L’Île au Trésor. Avec ses scènes d’action sublimes, ses dialogues inspirés, ses intrigues intelligentes et ses personnages charismatiques en constante évolution, Black Sails s’impose comme un chef d’œuvre du genre. Embarquez avec Flint et compagnie : le trésor est bien là, il est sur votre écran.
Black Sails – Starz.
4 saisons – 38 épisodes.