D’après une étude britannique, Instagram serait le pire réseau social pour la santé mentale des jeunes. Il entraînerait le développement d’anxiété, de dépression, d’une mauvaise estime de soi mais aussi la peur de rater quelque chose.
Instagram est le deuxième réseau social le plus utilisé dans le monde avec à son actif plus de 700 millions d’utilisateurs. 70% des utilisateurs français se connecteraient sur l’application tous les jours.
Mais une étude britannique a révélé qu’Instagram serait le pire réseau social pour la santé mentale et le bien-être des jeunes. L’étude a été conduite auprès de 1500 adolescents et jeunes adultes. Si la plateforme a été approuvée pour sa promotion de l’expression de soi et de l’identité personnelle, elle a cependant perdu beaucoup de points lorsqu’il s’agissait d’anxiété, de depression, d’harcèlement et de « FOMO » (« fear of missing out » = peur de rater quelque chose).
14 problèmes liés à la santé mentale
L’enquête nommée #StatusOfMind, publiée en Angleterre par la Société Royale pour la santé publique, recensait les données de 1479 jeunes âgés de 14 à 24 ans venant d’Angleterre, d’Ecosse, du Pays de Galle et d’Irlande du Nord.
Cette année, de février à mai, ces jeunes ont répondu à des questions concernant les réseaux sociaux et l’impact qu’ils avaient sur 14 problèmes liés à la santé mentale. Parmi eux se trouvaient :
1 – La conscience et la compréhension des expériences des autres concernant leur santé.
2 – L’accès à des informations de confiance sur la santé.
3 – Le support émotionnel (l’empathie, la compassion pour la famille et les amis).
4 – L’anxiété.
5 – La dépression.
6 – La solitude (se sentir seul).
7 – La qualité et quantité de sommeil.
8 – L’expression de soi (exprimer ses sentiments, ses pensées ou ses idées).
9 – L’identité de soi (être capable de se définir).
10 – L’image de son corps (comment on se trouve physiquement).
11 – Les relations dans la vraie vie (entretenir des vrais relations avec d’autres gens).
12 – La construction d’une communauté (avoir le sentiment de faire partie d’une communauté de gens qui pensent pareil que soi).
13 – Le harcèlement que l’on a subi.
14 – La « FOMO » (la peur de rater quelque chose – le sentiment que l’on doit rester connecté parce qu’on a peur que sinon quelque chose se passe sans soi)
Très mauvaises notes pour Instagram
Concernant la qualité du sommeil, le harcèlement, l’image du corps et la FOMO, Instagram a reçu de très mauvaises notes. Tous, sauf Youtube, étaient également associés à une croissance de la dépression et de l’anxiété.
Des études réalisées précédemment suggéraient que les jeunes qui passent plus de deux heures par jour sur des réseaux sociaux ont plus de chances d’être bouleversés psychologiquement. Les reports de #StatusOfMind expliquent : « voir des amis tout le temps en vacances ou profiter de sorties le soir peut faire sentir aux jeunes qu’ils manquent quelque chose pendant que les autres profitent de la vie. Ces sentiments peuvent promouvoir une attitude les incitant à « comparer et désespérer » ».
Attentes surréalistes
Les auteurs écrivent de plus que les posts sur les réseaux sociaux peuvent être à l’origine d’attentes surréalistes, du sentiment d’être insuffisant et d’une pauvre estime de soi-même. Cela explique pourquoi Instagram, composé presque exclusivement de photos personnelles, a eu le plus mauvais score pour l’image de son corps et l’anxiété.
Un des jeunes ayant participé à l’enquête a ainsi déclaré : « Instagram fait ressentir facilement aux filles et aux femmes que leurs corps ne sont pas assez biens et les gens rajoutent des filtres et éditent leurs photos pour que leurs corps aient l’air ‘parfaits' » sur le réseau.
Instagram est aussi la scène de nombreux comptes de « motivation » à perdre énormément de poids, au point parfois d’encourager l’anorexie. Des photos de mannequin sont ainsi beaucoup critiquées lorsqu’elles dévoilent leur maigreur. Certains utilisateurs jugent que cela donne un exemple malsain aux jeunes filles, qui peuvent ensuite facilement se laisser influencer.
Des influenceuses Instagram elles-même ont avoué avoir souffert d’un trouble de l’alimentation (comme l’anorexie ou la boulimie). La pression à être toujours parfaite, à avoir un corps toujours plus mince d’après les critères du réseau les ont elles-mêmes poussées à ne plus manger. C’est par exemple le cas pour Alexis Ren, suivie par près de 10 millions de personnes, qui vient de rendre public sa lutte avec l’anorexie.
La dépression et l’anxiété
D’autres recherches ont mis à jour le fait que plus les jeunes utilisent de réseaux sociaux, plus ils ont de chances de souffrir de dépression ou d’anxiété. D’après les auteurs de l’étude, naviguer entre plusieurs normes et plusieurs réseaux d’amis dans différentes plateformes serait le problème. Mais il est aussi possible que les personnes souffrant d’une maladie mentale soit plus attirés par de multiples réseaux sociaux en premier lieu.
C’est par exemple sur Youtube que sont partagées beaucoup de vidéos relatives à la dépression, à l’anxiété ou à d’autres maladies mentales. Les Youtubeurs peuvent alors partager leur expérience, donner des conseils sur la façon de vivre/traiter la maladie et les internautes peuvent y trouver du réconfort et une aide privilégiée qu’ils n’ont pas forcément si le sujet est encore tabou chez eux.
Les bons points des réseaux soulignés aussi
Ainsi, les réseaux ne sont pas que mauvais. Ils peuvent aussi aider les personnes souffrant d’une maladie mentale ou même physique. Des patients atteints de certaines maladies partagent par exemple leurs expériences et cela attire l’attention donc peut générer plus de fonds pour des antibiotiques ou pour du matériels censés aider à la guérison.
D’autres bénéfices ont été associés aux réseaux sociaux. Ils ont par exemple reçu de bons scores concernant l’identité de soi, l’expression de soi, la construction d’une communauté et le support émotionnel.
Youtube ressort comme le meilleur des réseaux sociaux pour la santé mentale. Il a en effet obtenu la meilleure note concernant la santé et le bien-être et fut le seul site à finir avec un score final positif. Le réseau de vidéos a aussi été remarqué pour l’accès à des informations de santé de confiance, pour la sensibilisation à des expériences liées à la santé d’autres internautes, et pour sa participation à la baisse de la dépression, de l’anxiété et du sentiment de solitude des participants.
Concernant le reste des réseaux, Twitter est arrivé deuxième, suivi par Facebook puis Snapchat, avec Instagram à la traîne.
Des idées d’amélioration
Pour réduire les effets nocifs des réseaux sociaux sur les jeunes, la Société Royale encourage les entreprises à introduire du changement. Le rapport recommande en effet l’introduction d’une bannière « pop-up » indiquant que l’application a été beaucoup utilisée. 71% des enquêtés y seraient favorables.
Il propose aussi que les entreprises trouvent une façon de mentionner lorsque les photos ont été modifiées, et qu’elles trouvent un moyen d’identifier et d’offrir de l’aide à des utilisateurs qui souffrent de problèmes de santé mentale. Sur Instagram déjà, on peut depuis l’année dernière signaler les posts qui posent problème.
Le gouvernement peut aussi aider, d’après le rapport. Celui-ci encourage l’apprentissage d’un « usage sécurisé des réseaux sociaux » à l’école. La Société Royale souhaite aussi que les professionnels qui travaillent avec les jeunes soient formés aux réseaux sociaux et digitaux et que plus de recherches soient faites sur les effets des réseaux sur la santé mentale.
Les enquêteurs espèrent responsabiliser les jeunes qui utilisent ces plateformes « d’une manière qui les protège et qui promeut la santé et le bien-être ». Etant donné que « les réseaux sociaux ne vont pas disparaître et qu’ils ne le devraient pas, on doit être prêt à encourager l’innovation future ».