Adaptation de la saga-culte Evil Dead, la série Ash vs Evil Dead est un bon palliatif en attendant le nouveau film Evid Dead Rise attendu pour avril prochain.
C’est quoi, Ash Vs Evil Dead ? 30 ans après les sinistres événements du film The Army of Darkness, Ash Williams (Bruce Campbell) s’est difficilement remis de sa confrontation avec les forces du Mal. Solitaire, amputé d’un bras, il enchaîne les petits boulots médiocres et va de ville en ville dans un vieux camping-car. Mais les morts-vivants n’en ont pas fini avec lui : le livre qui a causé tous ses malheurs, le Nécronomicon, réapparaît soudainement, semant à nouveau le carnage et la désolation. A contrecœur, Ash reprend les armes : avec ses jeunes acolytes Kelly (Dana de Lorenzo) et Pablo (Ray Santiago), il va tenter de sauver l’humanité des ténèbres échappées du livre maudit.
Parmi la multitude de films récemment adaptés en séries, Ash vs Evil Dead se classe sans aucun doute dans la catégories des bonnes surprises, ses créateurs ayant su garder l’essence de la saga tout en se confrontant au format sériel. La série fait suite à la trilogie inaugurée en 1981 avec Evil Dead, film-culte, que l’on doit au trio Robert Tapert (production), Sam Raimi (réalisation) et Bruce Campbell (dans le rôle du héros, Ash Williams.) Deux ans après un reboot du film originel au cinéma, Sam Raimi et son frère Ivan se sont donc tournés vers le petit écran pour poursuivre l’aventure, avec le concours du scénariste Tom Spezialy (Deperate Housewives, The Leftovers).
30 ans après que nous l’ayons quitté, Ash a perdu de sa superbe : pensant avoir laissé derrière lui les créatures infernales qu’il a combattu, notre homme reste marqué par les combats qu’il a menés, tant physiquement que psychologiquement. Anonyme et solitaire, il partage un vieux camping car pourri avec son lézard de compagnie et il travaille dans une grande surface. Jusqu’au jour où, ivre mort, il commet l’erreur stupide de réactiver le Nécronomicon, livre à l’origine de tous ses malheurs, libérant toute une engeance infernale. Ash n’a pas le choix : il se résigne à reprendre son combat et sauver le monde – encore une fois.
Tout en sortant Ash de sa léthargie, la série introduit aussi deux jeunes gens, qui vont devenir ses partenaires : Pablo (formidable Ray Santiago), un grand naïf béat d’admiration devant lui, et Kelly (non moins géniale Dana De Lorenzo), bad ass solitaire qui n’est pas la dernière pour dézinguer du mort-vivant. Victimes des événements, ils vont accompagner notre héros dans ses (més)aventures. Sillonnant les États-Unis dans une sorte de road-movie, ils vont tenter d’empêcher le carnage commis par les monstres venus de l’enfer et de détruire définitivement le Nécronomicon. Ils croiseront en route la mystérieuse Ruby (Lucy Lawless, inoubliable Xena), qui recherche également le livre – mais pour des raisons bien plus obscures…
Au cinéma, Evil Dead a toujours joué sur un double registre : l’horreur et le gore, mais aussi un humour assumé, en particulier à partir du deuxième opus. Cette dualité est encore accentuée dans la série, et elle semble d’autant plus appropriée qu’il est difficile, avec ce format, de maintenir sur le long terme la tension propre à un film d’horreur. Car le registre de Ash Vs Evil Dead reste celui de l’horreur et du fantastique, avec créatures abominables, scènes violentes et débauche de sang et viscères…
Toutefois, l’humour est omniprésent, dans chaque scène de chaque épisode – ou quasiment. Ce qui évite les baisses de rythme et désamorce tout comique involontaire ou ridicule éventuel – écueils menaçant souvent le genre de la série B (voire Z) auquel appartient la série. Les réparties hilarantes de Ash, la naïveté de Pablo face à l ‘assurance décomplexée de Kelly, l’ironie, l’outrance les gags lourdingues voire scatologiques en font une série drôle, mais de façon consciente. Et la série ne recule devant rien – à l’image de cette scène, qui se déroule dans une morgue (S2E02), et qu’on vous déconseille de regarder en mangeant…
On a souligné le talent des acteurs secondaires. Toutefois, la série repose avant tout sur les épaules d’un Bruce Campbell inénarrable et déchaîné. Le plaisir qu’il prend à jouer Ash Wlliams est quasiment palpable. Fidèle au personnage des films, il lui donne de surcroît un côté sarcastique et incrédule qui le rend extrêmement drôle et sympathique. Pourtant, c’est un type peu avenant, un beauf raciste, sexiste et prétentieux… Mais voilà : son humour, son culot et certains moments de doute font qu’on s’attache à Ash, et qu’on se réjouit de voir par quel moyen incroyable ce héros vieillissant va se sortir du mauvais pas dans lequel il s’est fourré.
Évidemment, la série reprend aussi l’une des grandes caractéristiques de son héros : elle ne pouvait faire l’impasse sur la mythique tronçonneuse qui lui sert de main. Une prothèse totalement improbable, qui joue un rôle essentiel dans de nombreuses scènes – dans la suivante, par exemple, où Ash est obligé de démembrer son double meurtrier.
Avec ses scènes gore impressionnantes contrebalancées par un humour quasiment parodique, Ash Vs Evil Dead est un mélange extrêmement réussi d’action, d’horreur et de comédie. La série ne se prend pas au sérieux : c’est ce qui fait son charme, mais c’est peut-être aussi sa limite. Plus drôle qu’effrayante, elle reste néanmoins déconseillée aux âmes sensibles, tandis que son ton à la limite de la bouffonnerie découragera les puristes qui cherchent une série plus sombre et sérieuse. En attendant, si l’on adhère à son style, Ash vs Evil Dead est une perle dans son genre.
Ash vs. Evil Dead (Starz)
3 saisons de 10 épisodes.