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Joel Bouraima : « C’est Kanye West qui m’a fait venir au Etats-Unis »

Joël Bouraima

Tout Pour Réussir, dix minutes d’interview avec Saad Merzak. Un retour sur la carrière d’une personnalité du monde médiatique, artistique ou économique, et les raisons de son succès. Aujourd’hui Saad reçoit Joël Bouraima, l’un des coachs sportifs privés les plus en vue de la planète, avec des clients comme Omar Sy, Kanye West ou la famille Kardashian.

Saad Merzak : Tout d’abord, comment devient-on coach sportif ?

Joël Bouraima : Aujourd’hui il existe le BPJEPS. C’est une formation d’un an qui mène à une filière universitaire que j’ai empruntée et qui vous emmène sur un cursus de trois ans. Après je pense que pour devenir coach, il faut avant tout être passionné par le sport et avoir une envie d’aider les gens à évoluer au travers du sport. S’il n’y a pas cette envie, cette passion, je pense qu’on fait le métier de coach pour les mauvaises raisons.

Justement, lorsque tu étais adolescent, tu avais déjà envie de t’orienter vers le coaching sportif ?

Quand j’étais adolescent il n’y avait pas encore beaucoup de coachs. À cette époque, même les salles de sport ou de muscu en général n’étaient pas répandues comme aujourd’hui. Donc déjà rentrer dans une salle de muscu c’était quelque chose ! Une fois rentré tu n’avais pas encore de coach personnel. Tu avais les coachs plateau, c’est-à-dire un monsieur dans son bureau. Tu lui demandais un programme et puis tu te débrouillais après.

En France, on te connait peu. À quoi ressemblait ta vie avant de partir à Los Angeles ?

C’était la vie d’un coach qui voulait s’en sortir et évoluer sur Paris. Donc il a fallu se faire un nom, être assez fort pour évoluer dans cette jungle parisienne que je ne connaissais pas spécialement. Les coins que j’ai fréquentés en étant coach, ça n’était pas forcément les coins dans lesquels je sortais avant, avec mes amis par exemple. Donc il a fallu redécouvrir Paris, sa population et faire mon trou.

Un jour justement, en 2009, tu deviens coach dans une salle de sport qui s’appelle « L’Usine ». Qu’est ce qu’il se passe après ?

Là-bas c’était plutôt bien, c’était une très belle porte d’entrée pour le coaching puisque c’était l’un des endroits les plus chics de Paris, on va dire, pour coacher. C’était une plateforme où tous les milieux se rencontraient et moi j’ai réussi à me faire mon petit nom dans ces milieux là, de manière à ce que les gens parlent de moi à l’extérieur et même à l’international. C’est là que j’ai rencontré le client qui m’a ensuite présenté Kanye West.

Le client que tu avais à « L’Usine » te dit qu’il connait Kanye West. Comment ça s’est passé ?

Ça s’est fait de manière très simple. On était à table et il m’a sorti son téléphone sur lequel il y avait une photo de Kanye West et lui. Il y avait un sourire sur les lèvres de Kanye West, il sourit très peu habituellement, et je me suis dit que pour avoir ce genre de photo tu dois le connaitre un minimum. Là il me dit que oui, et que justement Kanye arrive sur Paris pour enregistrer son album « Yeezus » et qu’il va avoir besoin d’un coach pendant quatre mois. Moi j’ai sauté sur l’occasion et le lendemain j’ai le manager de Kanye qui m’appelle en me disant qu’ils allaient arriver sur Paris, qu’il avaient entendu parler de moi et il me demande si je suis disponible, où est-ce que j’entraine etc, … et ça s’est fait quoi.

Ça fait maintenant quelques années que tu bosses pour Kanye, est-ce que contractuellement tu dois-être dispo quand il a besoin de toi ? Comment ça se passe ?

Kanye là je le vois beaucoup moins ces temps-ci, je suis beaucoup plus avec les sœurs Kardashian, Kourtney et Khloe par exemple. C’est Kanye West qui m’a fait venir aux Etats-Unis, qui m’a fait faire un visa sous l’une de ses compagnies ce qui fait que je dépendais un peu de lui. Pour moi ça c’était un peu un problème parce que ça ne me permettait pas de me développer d’un point de vue professionnel sur Los Angeles. Depuis l’année dernière j’ai réussi à changer mon visa et à passer sous un visa où je suis beaucoup plus libre. Ça ne m’empêche pas de continuer à travailler avec lui mais si un jour il pète un plomb et qu’il me dit « je ne veux plus de toi », je peux encore rester aux Etats-Unis. C’est un peu ce que je voulais faire, ne pas être appuyé sur eux et pouvoir évoluer sans eux au cas où.

Tu as beaucoup voyagé avec Kanye West, notamment sur une tournée de plusieurs dates, également avec les sœurs Kardashian. Est-ce que tu as des anecdotes à nous raconter ou des souvenirs qui t’ont marqué ?

Pour moi, tout ce que j’ai pu faire avec eux déjà c’est un souvenir, surtout les premières fois en fait. Me retrouver parfois au fin fond de la pampa (ndlr la campagne) italienne avec Kanye West où il n’y avait que lui, moi et sa styliste, on se baladait pendant trois heures à chercher des tissus différents, il allait chercher dans des usines de jean des trucs différents puisqu’il était déjà dans la création de vêtements etc… Rien que ça, même si ça n’est pas du sport, ça a été une expérience de fou pour moi parce que c’est dans ces moments là que t’apprends sur les gens, tu les connais un peu plus et pouvoir passer du temps avec une personne comme ça c’était plutôt cool.

Le basket est aussi l’une de tes passions. Est-ce que tu as eu l’occasion de côtoyer des gens de la NBA ?

Ouais, j’ai eu la chance de pouvoir entrainer Tristan Thompson qui est le petit copain de Khloe Kardashian. L’été dernier j’entrainais Khloe, Tristan était en vacances à Los Angeles, et un jour elle me demande si je peux venir un peu plus tôt le lendemain pour entrainer Tristan et donc on a fait sa prépa sur tout l’été. Ça s’est bien passé, j’ai eu des bons retours donc ça va sûrement se reproduire sur le prochain été.

Quand on t’écoute ça a l’air d’être plutôt pas mal mais est-ce qu’il y a quand même des contraintes dans ton mode de vie ? Est-ce qu’il y a des choses que tu ne peux plus faire comme avant ? Des gens que tu ne peux plus voir ? …

Dans ce genre de métier il faut que tu donnes l’impression d’être presque disponible tout le temps pour la personne, sauf que tu n’as pas qu’une personne. Si tu pouvais te dédoubler, te multiplier ça serait parfait mais quand t’es tout seul, le travail de coacher les gens c’est pas ça le plus dur. Aujourd’hui le plus difficile pour moi c’est d’organiser mon emploi du temps et de placer tout le monde aux heures qu’ils me demandent, aux jours qu’ils me demandent… Tu ajoutes à tout ça les voyages, les déplacements, donc il faut réussir à jongler avec tout ça et essayer de maintenir tout le monde le plus heureux possible.

En parlant d’emploi du temps, tu vis maintenant à Los Angeles, à quoi ressemble une journée type de travail là-bas ?

Ça commence déjà plus tôt que la France, les premières séances peuvent commencer à 5h30/6h. Ça parait fou mais c’est normal. Après en France j’avais quand même des séances à 7h/8h déjà. Mais c’est bien de commencer les journées si tôt aussi, en tout cas moi je préfère parce que je les finis aussi plus tôt. À 18h là-bas j’ai fini ma journée alors qu’en France je pouvais travailler jusqu’à 20h, 21h, 22h, … La plupart du temps ce que je fais c’est que la matinée je suis chez les particuliers donc je me déplace chez les gens, de maison en maison, et l’après-midi j’ai un pied-à-terre à West Hollywood où les gens viennent à moi.

En début d’interview j’ai cité tes principaux clients, est-ce qu’il y a d’autres stars avec qui tu voudrais travailler prochainement ou est-ce qu’il y a des stars qui veulent travailler avec toi et qui t’ont contacté récemment ?

J’ai été contacté récemment par des groupes américains que je ne connaissais pas spécialement tu vois, des groupes de country, des groupes de pop… Donc là j’ai commencé à travailler avec certains d’entre eux, ça se passe plutôt bien. Après moi j’étais obsédé par Jay-Z tu vois donc ça va je m’en suis rapproché, j’ai eu Kanye West, c’est déjà pas mal ! Mais travailler avec quelqu’un comme ça, au delà encore de l’aspect sportif, ça permet de rencontrer l’homme et voir ce qu’il dégage en vrai et voir s’il est ce que je me représente de lui.

Lorsque tu ne travailles pas, est-ce que les gens que tu coaches sont des amis dans la vie ? Par exemple, est-ce qu’il t’arrive d’aller boire un verre avec la famille Kardashian ?

Boire un verre non mais après ils sont super cool, tu vois. Je suis invité dans pas mal d’événements, j’ai fait la soirée d’avant Noël de Kris Jenner et les Kardashian où il y a plein de gros noms invités. C’était assez fou d’être au milieu de tout ça. Après je suis aussi invité aux anniversaires tu vois. Mais aux Etats-Unis, la barrière entre professionnel et amical, faut pas non plus essayer de la franchir trop vite. Pour l’instant, on est cool, on s’entend bien mais pas encore de là à aller boire un verre.

Dernière question, est-ce que tu envisages un jour de revenir travailler en France définitivement ?

Maintenant que je suis à Los Angeles et que j’ai des bases qui se construisent là-bas, ça va être dur de revenir définitivement en France. Alors que quand j’étais en France, je me voyais partir définitivement aux Etats-Unis. J’essaie de construire les choses avec différents projets qui me feront faire des allers-retours entre les Etats-Unis et la France, et pour moi ce serait le dilemme parfait.

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