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On a aimé : l’exposition « Artistes et Robots » au Grand Palais

Jusqu’au 9 juillet, l’exposition nous interroge sur la frontière séparant humains et robots, dont la porosité s’immisce également dans le processus de création. Entre crainte et fascination, le spectateur assiste à ces œuvres hybrides, annonciatrices d’une ère nouvelle. Immanquable.

« La beauté est dans les yeux de celui qui la regarde » disait Oscar Wilde. Et si le simple regard des spectateurs était ainsi performatif, permettant de transfigurer une quelconque création en œuvre d’art ? En effet, dès l’instant où l’œuvre s’émancipe de la contrainte de la représentation, caractéristique de l’art abstrait mais aussi de l’art contemporain, il convient de redéfinir la notion même « d’Art ».

On se souvient ainsi du scandale provoqué par Marcel Duchamp et sa « Fontaine » en 1917, lorsqu’il exposa un simple urinoir inversé dans plusieurs galeries d’art. Avec l’avènement de la photographie et la naissance du monde moderne, Duchamp croit en effet que l’ère de la peinture est révolue. « C’est fini la peinture. Qui ferait mieux que cette hélice ? » s’interroge-t-il après avoir visité au Grand Palais le salon de la locomotion, avec ses premiers avions.

Un siècle plus tard, débarrassé de « l’objet », l’Art continue son évolution en cherchant à s’affranchir du « sujet » en tant qu’être pensant : les progrès de la Science tendent en effet à minimiser la place de l’Homme dans la création. Dès lors, la caractérisation de l’œuvre ne serait plus que l’apanage des spectateurs, remettant en question le statut de « l’artiste ».

Un robot est-il un artiste ?

L’exposition nous propose ainsi un parcours à travers le temps, des années 1950 à nos jours, et fait écho à l’annonce du Président français de son plan pour l’intelligence artificielle. De tous temps, l’Art et la Technique ont en effet formé un couple indissociable, en permettant à l’Homme de s’extirper du reste du règne animal. Le philosophe Henri Bergson pensait ainsi que la distinction fondamentale de l’Homo Sapiens résidait dans son intellect, dans la mesure où celui-ci est capable de modifier le monde dans lequel il vit. C’est de cette idée que découle la notion d’homo faber, ou plus simplement l’aptitude pour les hommes à créer des outils qui seraient le prolongement de leur corps, avant de les supplanter.

Dès l’entrée de l’exposition, Jean Tinguely et son « Méta-Matic n° 6 » exemplifie ce concept : sorte de sculpture animée, elle dessine et crée des œuvres d’art dès l’instant où l’on y introduit une feuille de papier, tel un bras dessinateur.  Plus loin, un robot graffeur fixé sur un skateboard et armé de bombes aérosol réalise un va-et-vient selon un programme algorithmique, en suivant des mouvements mis au point par des ingénieurs.

Au fil du parcours, le robot disparaît, change de forme, fusionne même avec l’Humain : l’artiste ORLAN et son double robotique, l’ORLANoïde, dialoguent autour de sujets politiques et actuels, dont le droit à l’avortement ou la surpopulation qui menace notre Terre. A proximité, on peut également assister à un court-métrage dont le scénario, ubuesque, est entièrement réalisé par un robot. Dans une salle sombre, un écran gigantesque fait défiler indéfiniment une succession de chiffres, de coordonnées et d’images brouillées, au rythme de sons tantôt stridents, tantôt apaisants. Une représentation de notre monde actuel où les données numériques explosent et s’échangent par-delà les frontières.

Vidéo : L’ORLANoïde en action

Si toutes ces créations fascinent, on en ressort quelque peu secoué, tant le futur dépeint dans les films semble proche. Toutefois, le robot ne semble pas encore prêt à se détacher de l’Homme, insufflateur de la vie de ces machines : espérons alors que Kubrick et son Odyssée de l’Espace avait définitivement tort.

« Artistes & Robots », jusqu’au 9 juillet au Grand Palais (Paris VIIIe), tous les jours sauf le mardi, de 10 heures à 20 heures (22 heures le mercredi). Tarif : 10 et 14 euros. Gratuit pour les moins de 16 ans.

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Étudiant en science politique, explore l'Art et joue le dimanche à ses heures perdues.
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