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Détournement: une pièce audacieuse, une visite immersive

L’artiste Stephane Thidet invite la Seine dans la Conciergerie

La Conciergerie: l’identité du lieu qu’a choisi l’artiste plasticien n’est pas anodine.

Vous seriez sûrement intrigué si d’aventure, vous empruntiez le Quai de l’Horloge, d’où l’on peut actuellement observer une cascade chutant de l’intérieur même du monument. Non, il ne s’agit pas d’une inondation mais d’un audacieux projet de Stéphanie Thidet…

Cascade vue du quai de l’Horloge

 

Le Centre des monuments nationaux de Paris a demandé à Stephane Thidet d’investir artistiquement un monument patrimonial. Ce n’est pas par hasard que l’artiste a choisi la Conciergerie. Rappelons que c’était la résidence médiévale aux Rois de France puis qu’elle a servi de haut lieu de justice et de détention pendant la Révolution.

L’inondation du monument, en janvier 1910, a laissé sur les murs l’empreinte de la Seine en crue. C’est en lisant  l’inscription « Inondation 28Janvier 1910  » sur l’un des piliers de la grande Salle des Gens d’Arme que l’artiste se décide à en faire une partie intégrante de son œuvre.  Stephane Thidet a ainsi eu l’idée de réintroduire la Seine dans la Conciergerie.

 

 

Les aqueducs en bois de sapin acheminent l’eau au travers de la Salle des Gens d’armes

 

Au terme d’un an et demi de préparation et d’un travail technique élaboré, on peut voir les eaux de la Seine serpenter sous les arcades de ce lieu chargé d’histoire. L’eau est pompée dans la Seine près du Pont au Change. Elle fait son entrée par la fenêtre des cuisines, elle débouche ensuite dans la grande salle des Gens d’armes, qu’elle traverse sinueusement. Elle rejoint son lit en tombant en cascade par les fenêtres de la salle des gardes. L’eau se déverse en cascade à deux reprises: au beau milieu de la salle des Gens d’arme, puis sur le quai de l’Horloge. Le tout a des allures de de jeux d’eau.

L’intention de l’artiste: éclairer un contraste saisissant

Stephane Thidet a voulu confronter la Seine, cet élément sauvage, en constant mouvement, difficile à contenir, avec la Conciergerie, un lieu de confinement, de détention, immobile au fil des siècles. Prison sous l’Ancien Régime, la Conciergerie se définit aussi par son imperméabilité vis-à-vis de l’extérieur. Or, Détournement fait communiquer le monument avec un « extérieur vivant et fort ».

« Le dehors s’invite à nouveau dans le dedans« .

A l’inverse, la Seine se domestique à l’intérieur des murs. Paisible et discrète, c’est comme si elle respectait la solennité de l’endroit. Elle suit sagement le parcours de l’aqueduc en bois, avant de retrouver le tumulte du monde extérieur.

Un travail sur les éléments

Stephane Thidet est réputé pour son travail sur les éléments naturels. Détournement suit bien le fil rouge de sa lignée artistique. L’eau est « la matière sculptée par les rebonds, détours et méandres que Stephane Tidet lui offre dans sa fuite inévitable » (Rebecca Lamarche-Vadel, critique d’art).

L’œuvre fait bien écho aux précédentes, qui se déclinent sur le registre de l’esthétique des éléments naturels, pris dans leurs formes pures.

Par exemple, Impact, 2016; ou encore Chair, 2009.

L’impression des visiteurs

Détournement est une pièce étonnante par son audace, mais aussi par les différentes impressions sensibles perçues par le visiteur. Le clapotis de l’eau qui glisse dans les rigoles de bois nous invite à écouter le calme des lieux. Les reflets d’eau sur le plafond et les murs flattent l’œil.  Il y fait frais. Les couleurs sont sobres et harmonieuses, on s’y sent bien.

On aime à penser que l’eau de la Seine, pourtant d’habitude lointaine et presque inaccessible, est à portée de bras, dans son état naturel (filtrée mais non traitée). Les passants du Quai de l’Horloge peuvent même remarquer les changements de couleurs ou de texture de la cascade extérieure, plus ou moins claire et lisse selon les jours. Détournement, un voyage au fil de l’eau à découvrir jusqu’au 31 Août!

A lire aussi: On a aimé: l’expo « teamLab: au delà des limites »

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