Inédit. Historique. Face aux défis contemporains de sécurité, l’Europe souhaite davantage peser sur la scène internationale et met en place un nouveau budget spécifique. Développer la défense et la sécurité est devenu l’un des piliers de la politique de l’Europe.
Dans les années 2000 naît la Politique de Sécurité et de Défense Commune (PSDC) de l’Union Européenne. L’objectif principal est une meilleure gestion et prévention des crises internationales. Cette évolution de la sécurité européenne rentre entièrement dans la volonté de peser davantage sur la scène internationale. L’Europe doit être capable de se défendre seule et venir en aide à ses partenaires. La PSDC s’appuie sur un constat des défis considérables auxquels l’Union Européenne doit faire face, et un dialogue pour trouver des solutions.
L’Union Européenne, au coeur de multiples conflits
L’intervention européenne s’établit de l’intérieur de ses terres à des territoires sous tensions comme le Moyen-Orient ou le continent africain. En 2014, l’UE intervient dans l’annexion de la Crimée. Les conflits s’étendent vers l’est et le sud du globe. L’Union Européenne doit répondre à cette extension de la violence. Naîssent de ces tensions internationales, une nouvelle ère du terrorisme et des mouvements de population massifs. L’Europe et le monde entier sont touchés par ces crises juxtaposées. Les 28 doivent maîtriser ce voisinage en crise qui menace constamment la paix.
Seulement, les conflits énoncés ci-dessus ne sont pas les seules crises traversées par l’Union. À cet aspect incontournable d’assurer la paix internationale s’ajoutent les questions économiques, sociales, politiques… Bref, le problème est compliqué et nécessite une réponse multiple. La sécurité et la défense de la politique européenne – externe et interne – fait partie de cette réponse à mille facettes.
Trois axes à développer autour de cette nouvelle politique de défense et de sécurité
1. Le développement des capacités de défense
Lors de la naissance de ce nouveau projet de sécurité, l’accent était mis sur la protection du continent européen. Désormais, la sécurité et la défense dépassent les frontières de l’Europe. Dans ce contexte, l’Afrique devient un nouveau foyer de préoccupations. La PSDC considère indispensable une meilleure coopération avec les Etats volontaires dans l’investissement commun et le développement de capacités de défense.
Le CARD (Coordinated Annual Review on Defense) examine ainsi les plans nationaux de défense pour identifier des capacités communes et construire une action coordonnée. En juin 2018, un nouveau plan de défense est proposé à l’Agence Européenne de Défense (AED).
2. Les structures de gestion de crise : une coopération européenne avec des alliés extraterritoriaux.
Plus de capacités actives. C’est le credo de l’Union Européenne sur cette nouvelle politique sécuritaire. Dans cette optique, il s’agit de développer une nouvelle structure de commandement et de contrôle militaire. Est ainsi mise en place la Facilité européenne de paix, un fonds extrabudgétaire pour financer les opérations menées par l’Union Européenne.
3. Les opérations de gestion de crise de l’Union Européenne : lier la PSDC avec les instances de sécurité européennes.
Un budget historique
En septembre 2016, le président de la Commission Européenne Jean-Claude Juncker annonçait la création d’un Fonds européen de la défense (FED). En juin 2017, une première version de ce fonds était présentée à la Commission. Le point d’orgue est mis sur l’importance de la recherche dans le cadre d’une défense efficace. Ainsi, l’UE financera 90 millions d’euros jusqu’à 2019 pour la recherche active de technologies et produits innovants. En 2020, le financement du volet « recherche » s’élèvera à 500 millions d’euros.
Dans ces nouvelles dépenses étalées sur sept ans – de 2021 à 2027 –, il faudra compter le Fonds européen de défense (estimé à 13,5 milliards d’euros), 6,5 milliards consacrés à la mobilité militaire et la Facilité européenne de paix dont le plafond s’élève à 10,5 milliards d’euros. Dans ce plafond de 10,5 milliards sont comptés les coûts des opérations militaires européennes, l’appui des opérations d’intervention auprès de partenaires et le bon équipement des armées.
L’Union Européenne compte dédier près de 30,5 milliards d’euros à la défense de son territoire et de la paix internationale. Un budget qui sera à 80% financé par les Etats membres volontaires.
Autonomie, stratégie et efficacité dans la dépense publique
Quelles sont les prochaines étapes ? En 2018, les appels à proposition sont ouverts. L’Union Européenne souhaite développer de nouvelles techniques innovantes en matière de défense. C’est par exemple chose faite avec Ocean 2020, une surveillance maritime intégrée dans la mer Baltique et la mer Méditerranée, orchestrée par Leonardo, une entreprise italienne.
En termes d’infrastructures, l’Union Européenne souhaite mettre à jour et construire de nouvelles infrastructures plus adéquates avec les besoins militaires. Allier l’utilisation civile à l’utilisation militaire pour faciliter la mobilité, tel est l’objectif afin d’adapter le réseau de transport européen à la défense et la sécurité.
« By 2025 we need a fully-fledged European Defence Union »
— Président Juncker, Septembre 2017