Le Conseil Constitutionnel a invalidé hier les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy pour 2012. Ce dernier a immédiatement déclaré « démissionner » du Conseil des Sages. L’UMP se voit privée du remboursement des 11 millions d’euros par l’Etat. Et si l’ancien président de la République voyait dans ce désastre une porte d’entrée pour un retour en politique ?
C’est une histoire à 400.000 euros, un « léger débordement » qui peut vous coûter très cher. A l’occasion des élections présidentielles de 2012, l’UMP a dépensé 22 975 118 euros, pour la campagne de Nicolas Sarkozy. Or l’Etat peut rembourser intégralement les frais si le solde n’excède pas 22 millions d’euros. Si les dépenses dépassent 5% de ce seuil, le parti politique ne sera remboursé qu’à moitié (47,5%). Or les fameux 22 975 118 euros débordent le plafond maximal de 400 000 malheureuses pièces.
C’est pourquoi le Conseil Constitutionnel a décidé hier de refuser le remboursement des comptes de campagne de l’ancien président. Ce dernier a alors vivement réagit. Dans un communiqué, il annonce « démissionner immédiatement » du Conseil des Sages, « afin de retrouver sa liberté de parole ».
Alors que MM. Jean-François Copé et François Fillon appellent à une « grande souscription nationale » pour « assumer […] les conséquences financières de cette décision », Nicolas Sarkozy demande de l’aide à ses « amis » sur Facebook. « Je dois assumer mes responsabilités en m’engageant pour la garantie d’une expression démocratique libre dans notre pays. écrit l’ancien locataire de l’Elysée. « Je vous demande de m’aider en vous mobilisant, comme je vais le faire, à cette fin. »
Les rumeurs incessantes sur le retour du « patron » ne finissaient pas de défrayer la chronique. Chaque semaine, c’était la même chose. Les journalistes récupéraient les confidences que leur susurraient les proches de « Nicolas » pour emballer les médias, anesthésiés par la « normalité » du nouveau gouvernement. Des informations toujours démenties par d’autres proches. Maintenant c’est officiel, l’ancien président de la République, presque divinisé par la droite, semble avoir trouvé le remède idéal à son « si je perds, j’arrête la politique ».
Nicolas Sarkozy peut en effet dire « Merci » au Conseil Constitutionnel, qui vient de lui offrir sur plateau le prétexte absolu pour un retour en politique. L’idée est la suivante : l’UMP l’a soutenu jusqu’au bout, son parti a dépensé des millions pour sa campagne, or on refuse de rembourser ce que ses partisans ont payés pour lui. C’est pourquoi il se sent dans « l’obligation » de se battre, de se racheter, car il ne peut laisser son camp « seul » dans cette situation.
Et la situation est très mauvaise pour l’UMP. Criblée de dettes, fracturé en de nombreux groupes d’influences après le suicide Copé-Fillon, le premier parti d’opposition a besoin d’un chef naturel pour redresser la barre. Le terrain est donc préparé. Etait-ce prémédité ? Impossible de le savoir, mais l’ancien chef de l’Etat bénéficie d’une position en or, d’autant plus que ses nombreuses mises en causes par la justice lui ont conféré une stature de « Saint Sébastien national ». Son aura s’accroît, ses fidèles se multiplient et ses prétendus « opposants » risquent de faillir… La situation n’est pas propice à celui que l’ancien président de l’UMP considère comme « le pire des traîtres ». François Fillon ne s’y était pas du tout préparé, il risque de perdre les soutiens qui l’avaient rallié.
En réglant les problèmes financiers de son parti, Nicolas Sarkozy s’attaquera forcément aux conflits internes. Ceux qu’il traitait « d’incapables » de sa tour d’ivoire risquent bien de perdre leur tête. Et au-delà de l’UMP, l’ancien président pourrait s’en prendre à l’actuel gouvernement. François Hollande qu’il juge « vraiment nul » et manquerait « d’autorité », est incapable de redresser cette société « vraiment fragile ». Un Etat qu’il accuse aussi de lui mettre des bâtons dans les roues en remboursant « toutes les formations politiques […] à l’exception de l’UMP ».
Depuis sa défaite, le 5 mai 2012, Nicolas Sarkozy semblait préparer un semblant de revanche. Multipliant les conférences et les voyages à l’étranger pour visiter les autres chefs d’états. « Je serai obligé d’y aller, avait-il confié. Pas par envie. Par devoir. »