Les révélations publiques prononcées par l’acteur français Dany Boon à la télévision (Émission C à vous la suite – France 5) ont intrigué deux journalistes de Mediapart. Fabrice Arfi (journaliste) et Michaël Hajdenberg (rédacteur en chef) ont décidé de mener l’enquête sur le sujet, qui nous prouve le contraire.
Malgré l’image sympathique et généreuse de l’acteur Dany Boon, il s’avère que parfois les apparences sont trompeuses. « Non, mais je serais ravi de payer des impôts. C’est la première fois de ma vie, et la seule pour l’instant où j’ai une feuille d’impôt à deux chiffres en millions d’euros » déclare-t-il lors de son interview sur France 5.
Dans un film proposé par Mediapart, nos deux journalistes ont reçu et ont réuni un grand nombre de preuves qui laissent sous-entendre être l’opposé de ses propos. Les preuves sont à la clé.
Ses différentes entreprises
En l’espace de peu de temps et de simples recherches sur Internet, les deux journalistes apprennent que Monsieur Boon est gérant de douze entreprises. Le problème est qu’elles ne respectent pas toutes la législation française. D’après la loi française, chaque entreprise est dans le devoir de déposer un compte annuel à chaque fin d’année au registre des commerces et des sociétés. Ils se rendent vite compte que pour « Les productions du Chicon » ou même « Les productions du Ch’timi », aucun compte annuel n’a été déposé depuis 2014 jusqu’à encore 2017.
Son patrimoine
Dany Boon tient pour sa part un patrimoine mondial conséquent. Premièrement, il a une maison de campagne, un appartement et des parts dans trois sociétés en France. Deuxièmement, il a aux États-Unis une propriété et des comptes bancaires JP Morgan. Ensuite, il est actionnaire d’une société, détient une propriété et des comptes JP Morgan au Royaume-Uni. Puis pour finir, en Belgique il est actionnaire de plusieurs entreprises et possède plusieurs comptes bancaires JP Morgan et Rothschild.
Sa résidence fiscale
Il déclare dans le journal Marianne « J’ai gagné cet argent grâce à mon pays, à l’éducation que je lui ai reçue, c’est normal que ça lui revienne« . Sa communication dans les médias français et étrangers nous ferait presque oublié qu’il n’est plus résident fiscal français depuis plusieurs années. Fabrice Arfi et Michaël Hajdenberg tombent sur des lettres de ces avocats le prévenant de faire attention à cela. Pour être résident fiscale à l’étranger, il faut prouver qu’on ne vit pas en France plus de la moitié de l’année. Enchaînant les résidences fiscales à l’étranger depuis 2014, les journalistes ont décidé d’aller lui rendre une petite visite dans sa résidence française. Ils rencontrent le gardien de la propriété qui précise que l’acteur ne vit qu’environ un mois par an dans cette résidence. Quelque chose d’étrange pour un patriote fiscal, n’est-ce pas ?
Ses placements financiers
Depuis que l’enquête a été lancée, les deux journalistes accumulent un grand nombre de preuves. D’après une lettre de la banque américaine JP Morgan, Dany Boon a investi dans des hedges funds. Un « hedge fund », c’est un fond domicilié dans des paradis réglementaires et fiscaux principalement dans les Îles Caïmans. Fabrice Arfi et Michaël Hajdenberg ont donc demandé à des spécialistes d’examiner les lettres. Éric Vernier, spécialiste des paradis fiscaux s’exprime « On voit bien qu’il y a d’abord une recherche de rentabilité […] tout ce que l’on sait c’est qu’il y a un gain de promesse très fort […] sans se préoccuper de si l’entreprise va bien, si les salariés sont bien rémunérés« . D’autres documents assurent que le producteur est lié à des investissements de 790 000 £ dans des hedges funds, en mars 2014. Mais aussi d’autres investissements du même type en septembre 2014, provenant d’un compte bancaire différent équivalant à 1,1 million de dollars.
Au total, les preuves démontrent que Monsieur Boon a investi plusieurs millions dans 11 hedges funds entre 2014 et 2016. Tous transiteraient par des paradis fiscaux situés aux Bahamas et aux Îles Caïmans.
Les journalistes ont souhaité rentrer en contact avec lui et ses avocats pour aborder ce sujet mais sans succès, chacun d’entre eux n’a pas souhaité coopérer.