Le festival international du film d’histoire de Pessac nous permet souvent de voir une programmation de qualité. Cette année ne déroge pas à la règle notamment avec ce film dingue « Jojo Rabbit » diffusé en avant-première en France.
Une œuvre satyrique singulière
Taika Waititi est habitué au tour de force. Après avoir revitalisé la série des Thor avec un troisième opus particulièrement agréable et prometteur, le réalisateur néozélandais s’attaque à la Seconde Guerre mondiale et plus particulièrement à la propagande d’Etat.
Le film se déroule durant la période de l’Allemagne Nazie et relate, au travers le regard d’un enfant fanatisé en passe de devenir un adulte trop tôt, l’insidieuse propagande de l’Etat par le biais des Jeunesses hitlériennes. Jojo est un jeune enfant en manque de repère qui se raccroche alors à l’imaginaire collectif pour trouver sa place. Il souhaite ainsi appartenir à un groupe, car le jeune allemand ne peut compter quasiment que sur sa mère et son drôle d’ami imaginaire….Adolf Hitler. S’ensuit une fresque satirique et burlesque qui nous fait passer du rire aux larmes. Entre la violence de la société et l’absurdité de la condition humaine, Jojo 10 ans tente de faire sa vie.
Jojo Rabit tire en premier sa force de son audace qui se matérialise notamment par l’absurdité grotesque du personnage de Hitler. Taika Waititi, qui incarne Adolf, se sert parfaitement de ce personnage pour apporter un ton dédramatisant à son film tout en gardant la force de son propos. Car sous son aspect de comédie satirique, il s’empare d’un sujet inépuisable : les atrocités commises sous le régime hitlérien. Le regard innocent mais empreint de mur de Jojo, renvoie aux scènes insoutenables du génocide Juif, et de l’extermination d’individus ( communiste, opposants politiques, homosexuels, Roms….).
Un tour de force non sans risques
Taika Waititi a souhaité aborder également le sujet de la propagande d’Etat propre à chaque pays et à son absurdité qui conduit au fanatisme des peuples. Comme le film « Beasts ofNo Nation » mais on y apportant une touche « goonies », il nous expose la création des enfants soldats issues des Jeunesses Hitlériennes. Et finalement, le thème se trouve peut-être ici. Dans cette innocence volée et violée de la jeunesse allemande et plus généralement de toutes les générations qui doivent affronter la terreur et l’innommable dès le plus jeune âge. Du dépouillement de l’enfance et du conditionnement de ceux-ci à faire perdurer la haine des aînées. Voilà le thème universel qui se trouve au cœur de ce long métrage créatif, innovateur, sensible, innocent et risqué.
Dangereux car le cinéaste prend un risque en sortant cette comédie hautement satirique et haute en couleur qui montre un Hitler coloré, enfantin et drôlement détestable. Il est sûr que beaucoup ne suivront pas et seront offusqué. Mais pour comprendre au mieux les atrocités de l’Histoire ne fait il pas avant tout humaniser celle-ci pour en démonter son absurdité et sa violence ?
Rendez-vous le 29 janvier 2020 pour le voir en France.