Le festival international du film d’histoire de Pessac nous permet souvent de voir une programmation de qualité. Cette année ne déroge pas à la règle notamment avec ce film à la justesse rare « Sympathie pour le diable ».
Synopsis : Sarajevo, novembre 92, sept mois après le début du siège. Le reporter de guerre Paul Marchand nous plonge dans les entrailles d’un conflit fratricide, sous le regard impassible de la communauté internationale. Entre son objectivité journalistique, le sentiment d’impuissance et un certain sens du devoir face à l’horreur, il devra prendre parti.
Paul Marchand dans les traces de Jack London
Jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour notre vocation. Nos désirs, nos luttes, peuvent-elles transcender nos actions et notre condition ? Il est de ces métiers qui nous emmènes à adopter cette réflexion. Paul Marchand, reporter de guerre pour plusieurs médias francophones, se retrouve piégé dans cette fuite en avant. Véritablement témoignage sur la condition de reporter de guerre, Paul Marchand incarne un personnage digne de Jack London.
Le film se base sur le récit du reporter de guerre Paul Marchand lors du siège de Sarajevo en 1992. Il y traduit un métier, cette vocation d’un homme au journalisme, cette quête de décrire son époque. Une guerre à tombeau ouvert où l’inaction de la communauté internationale relate la faillite morale de la fin du XX siècle.Sortant du conflit libanais, Paul Marchand débarque durant le mois de septembre à Sarajevo, soit quatre mois après le début du siège opposant les forces de Bosnie-Herzégovine aux milices serbes. Comme le film Démineurs de Kathryn Bigelow, le réalisateur Guillaume de Fontenay fait le choix de retranscrire son récit brutalement et sans paillettes. Il s’agit ici d’un film de terrain, ne prenant en aucun cas parti sur le conflit, se contentant de retracer à la manière d’un reporter de guerre, les images, les bruits, les déchirures et les espoirs de ces visages sans noms.
Ne pas raconter mais montrer
Cette œuvre cinématographique est avant tout un récit rappelant l’importance et les limites du travail journalistique. Une œuvre à la justesse rare et essentielle dans la même lignée de travail que Veillées d’armes de Marcel Ophlus. Récit d’Histoire, cette tragédie est aussi un film racontant un destin. Celui de Paul Marchand bien sûr mais aussi celui de notre société qui a sans doute perdue une part de son âme dans ce conflit, comme dans les nombreux conflits des années 1990.
Sans aucune concession et complaisance, le spectateur prend directement l’horreur de cet événement silencieux aux oreilles du monde, et de l’isolement moral et psychologique de Paul Marchand incarné remarquablement par Niels Schneider. Guillaume de Fontenay nous plonge dans cette histoire comme s’il s’agissait d’un reportage de guerre. Tentant de peindre la réalité entre l’obscur et la lumière…et seulement la réalité factuelle.