@Claude Petit pour Sud Ouest
Alors que Jean Castex a annoncé Samedi 25 juillet dernier que la ville de Nice allait expérimenter « l’extension des compétences de la police municipale », Pierre Hurmic, nouveau maire écologiste de Bordeaux, se prononce contre et dénonce un « engrenage« .
« À chacun sa sphère de compétence »
« L’augmentation des compétences de la police municipale, c’est un engrenage » a assuré Pierre Hurmic lors d’une conférence de presse. « La police municipale n’est pas là pour faire le job de la police nationale, à chacun sa sphère de compétence« . En effet, la police municipale obéit aux arrêtés de la ville dans laquelle il exerce. La police nationale dépend de l’État et donc du ministre de l’Intérieur. En somme, la police municipale n’a pas les mêmes compétences que la police nationale. Yves Bergerat, président du Syndicat national des policiers municipaux, explique : « On n’a pas le droit de verbaliser toutes les infractions et on ne peut pas faire de contrôles d’identité, sauf si on constate une infraction en flagrance ».
Mais pour certains, comme le maire de Nice Christian Estrosi, la police municipale doit avoir plus de pouvoir. Lui et 17 autres maires de France se sont exprimés dans une tribune pour le Journal du Dimanche. Ils expliquent vouloir proposer au gouvernement « la signature d’une convention entre maire, procureur, et préfet« . Cette convention permettrait d’étendre les prérogatives de la police municipales dans certaines villes qui seraient « volontaires » et qui auraient une « administration adaptée« . Jean Castex a annoncé Samedi 25 juillet que la ville de Nice allait donc expérimenter une « extension des compétences de la police municipale« .
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Pierre Hurmic, nouveau maire écologiste de Bordeaux se dit « en désaccord total avec le maire de Nice« . Pas étonnant de la part de celui qui a battu « la dynastie » de la droite bordelaise. Mais ce dernier ne va pas pouvoir passer à coté des questions de sécurité : depuis le début de l’année, l’insécurité est en hausse à Bordeaux.
Une hausse de l’insécurité à Bordeaux
Depuis le début de l’année 2020 et particulièrement depuis le déconfinement, les agressions à l’arme blanche se multiplient à Bordeaux. Mais pour le nouveau maire, la réponse n’est pas dans l’extension des compétences de la police municipale. Dans une conférence de presse du mercredi 29 juillet, il a annoncé une mobilisation de 120 personnes sur le terrain et la création d’un « groupe local de traitement de la délinquance (GLTD)« .
Ce groupe regrouperait les services de la préfecture, ceux du procureur de la République, mais aussi la police municipale, la mairie, les bailleurs sociaux ou encore les associations locales. Il explique : « On réunira tout ce monde-là autour d’une table pour favoriser l’échange et la remontée d’informations. Le dispositif doit aboutir sur l’émergence d’actions communes de prévention et de répression de la délinquance ». Cet outil a déjà était expérimenté à Grenoble notamment.
Amine Smihi, adjoint en charge de la tranquillité publique, de la sécurité et de la médiation, a expliqué que la ville faisait face à un manque de candidatures de policiers municipaux mais était en « procédure d’urgence de recrutement« . Toujours pour Amine Smihi : « Bordeaux a grandi, s’est densifiée. Les problématiques de la ville exigent qu’il y ait un redimensionnement des moyens de l’Etat. » Ainsi, il ne faudrait pas donner plus de compétences à la police municipale mais que l’État donne plus de ressources à la police nationale : « La police nationale de Bordeaux a besoin d’un soutien en effectifs, en moyens et en matériel pour faire face à un problème qui est plus complexe que d’antan. »
Reste à savoir si Pierre Hurmic, très attendu sur les questions sécuritaires, arrivera à convaincre les Bordelais.