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5 éléments pour comprendre… « l’affaire des masques »

« Inutile », « pas nécessaire », problème d’approvisionnement… depuis le début de l’épidémie, le masque ne cesse de faire parler de lui. D’abord jugé inutile pour le grand public, le masque s’est révélé être incontournable pour faire face à l’épidémie de Covid-19. C’est l’occasion de revenir sur ses huit derniers mois afin de comprendre pourquoi le gouvernement est revenu sur ses prises de position.

1/ Un début d’épidémie sans masque

« Les masques n’ont aucun intérêt pour le grand public « . Voilà ce que Jerôme Salomon, directeur général de la Santé, déclarait le 4 mars sur BFMTV. Dès le début de l’épidémie, la panique afflue, la population se pose des questions sur le niveau de contamination de la COVID-19 et principalement sur comment contrer ce nouveau virus. Les questions sur les masques apparaissent alors. Faut-il généraliser le port du masque? Ne le réserver qu’au personnel soignant ? Est-il réellement nécessaire ? Est-il plus dangereux d’en porter que de ne pas en porter ? Tant de questions qui ont été balayées d’un revers de main par l’Exécutif, faisant ainsi passer le port du masque comme une action inutile.

Ministres et secrétaires d’Etat sont alors envoyés sur les plateaux télévisés pour assurer que le masque ne sert à rien. Des interventions qui ont parfois frisé le ridicule, comme celle de Sibeth Ndiaye, déclarant le 20 mars sur BFMTV « Moi, je ne sais pas utiliser un masque. Je pourrais dire : ‘Je suis ministre, je mets un masque’, mais en fait je ne sais pas l’utiliser ! Parce que l’utilisation d’un masque, ce sont des gestes techniques précis ». Une déclaration qui fait accroître le doute quant à la capacité du gouvernement de pouvoir gérer cette épidémie.

2/ Un stock de masques quasi inexistant

Au début de l’épidémie, l’utilisation de masques par le personnel soignant est estimée à 40 millions par semaine. Un chiffre qui fait relativiser le gouvernement. Agnès Buzyn, ancienne Ministre des Solidarités et de la Santé, fait donc le tour des médias et assure que les masques ne manqueront pas, que tout le personnel hospitalier est prêt à faire face à cette épidémie. Mais la crise frappe, les hôpitaux sont au bord de la saturation. Tout vient à manquer : surblouses, charlottes, réactifs, médicaments, lits et par-dessus tout, les masques. Olivier Véran, nouveau Ministre des Solidarités et de la Santé, fait tomber les chiffres le 19 mars. L’Etat ne possède que 150 millions de masques chirurgicaux et aucun masque « FFP2 ». Cette annonce fait bondir les médecins et le Conseil scientifique. Avec l’épidémie la demande de masques a bondit. La consommation par le corps médical est passée de 40 millions à 100 millions par semaine.

Les médias s’intéressent alors à ce sujet. Les informations affluent. Plusieurs notes et rapports du Sénat et de la Direction générale de la Santé montrent que les stocks de masques étaient plus importants avant la crise. En 2009, la France possède 723 millions de masques FFP2 et un milliard de masques chirurgicaux. En 2011, elle possède 600 millions de masques FFP2 et 800 millions de masques chirurgicaux. Où sont donc passés les masques ? On découvre finalement dans un rapport sénatorial de 2015 que le gouvernement a décidé que certains masque arrivant à péremption ne seraient pas renouvelés. Une seule raison est avancée par le Sénat, cette raison est économique. Le renouvellement des stocks de masques coûterait trop cher et serait ainsi inutile car la France ne connaît plus d’épidémie depuis 2011. Cependant, si une épidémie venait à surgir, le pays se tournerait vers ses fournisseurs étrangers pour faire face à la demande de masques. Une idée vouée à l’échec lorsque la Chine décida de confiner sa population en janvier et de stopper toutes les productions du pays.

3/ La guerre des masques

Pendant le confinement, une guerre des masques est déclarée. La Chine se déconfine au fur et à mesure. Les usines de fabrication de masques reprennent leurs cadences infernales et essaient de respecter le cahier des charges. La France passe commande mais les enchères font entre elle et les autres pays. Les prix des masques augmentent. Certains gouvernements saisissent des livraisons pour leur propre besoin et la Chine redirige des commandes vers les meilleurs enchérisseurs. La France essaie tant qu’elle peut de récupérer des masques mais elle aussi est victime des spéculations du marché. Les commandes n’arrivent pas et le pays ne peut pas respecter ses engagements envers la population. La France se retrouve donc dans une impasse, ne pouvant se faire livrer et n’ayant pas un stock de masques assez important. Le système D apparaît. Des entreprises locales et des habitants s’organisent pour fabriquer et fournir les masques nécessaires aux hôpitaux, EPHAD et autres cabinets médicaux.

Coronavirus : Les Etats-Unis démentent avoir surenchéri sur des masques  destinés à la France

Au 31 mars, Emmanuel Macron essaie d’apaiser les tensions en annonçant que la France sera « en capacité de produire environ 15 millions de masques par semaine. » et qu’elle devrait prochainement recevoir des masques en provenance de Chine. Ce sont ainsi 200 millions de masques par semaine qui seront distribués.

4/ Sortez masqués…

Les jours passent, la guerre des masques se calme jusqu’à prendre fin et le gouvernement prend un virage à 180° degrés. L’ancien Premier Ministre, Edouard Philippe, annonce le 28 avril dans sa présentation de plan de sortie de confinement que le port du masque est « préférable » et qu’il sera obligatoire dans tous les transports en commun, taxis et VTC. Un discours qui va à l’encontre des premiers discours du gouvernement. En même temps l’exécutif annonce qu’il ne peut pas obliger la population à porter le masque et ainsi qu’il ne peut pas le rendre obligatoire dans la rue et les commerces. La confusion s’installe au sein de la population. Quand et où la population doit-elle porter un masque ? Pourquoi ne l’imposer que dans certains lieux ? Pourquoi ce revirement de situation ?

Comme pendant tout le confinement, le gouvernement avance à tâtons. Confiner la population a fait des dégâts, l’économie est au plus bas et il faut la relancer. L’Exécutif essaie alors de se reposer sur les conseils du Conseil scientifique et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ces derniers ne recommandant pas le port du masque pour le grand public, le gouvernement décide donc de mener une politique basée sur les gestes barrières et la distanciation sociale. Ce ni un bon, ni un mauvais choix. Un climat de méfiance envers s’installe envers le gouvernement. La population, consciente que les homologues européens imposent le masque dans tous les lieux publics, ne comprend pas pourquoi la France choisit d’être à contre-courant.

5/ …Mais pas trop

Ce n’est qu’à partir du mois de juin que l’OMS décide d’encourager le port du masque au grand public. Le gouvernement prend acte de cette annonce mais ne généralise toujours pas le port du masque. Ce dernier est seulement imposé dans les commerces et autres lieux publics à la fin du mois de juillet. Ce n’est qu’à la mi-août que le gouvernement délègue la tâche du port du masque aux préfectures qui prennent par la suite des mesures pour l’imposer dans tous les espaces publics.

Cependant, le port du masque, ne fait pas l’unanimité. Notamment le fait de le porter dans la rue. C’est le cas du département du Haut-Rhin qui a décidé début septembre de rendre obligatoire le port du masque dans toutes les villes de plus de 10 000 habitants afin de contrer l’apparition d’une seconde vague. Mais la mesure ne plaît pas. Des avocats se saisissent de l’affaire et portent plainte. Le tribunal administratif de Strasbourg retoque la mesure deux fois pour « atteinte grave et manifestement illégale » au « droit de chacun au respect de la liberté personnelle ».

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