Traversant une crise économique sans précédent, le Liban doit aujourd’hui faire face à une situation catastrophique. Entre pénuries en tous genres et manifestations contre le gouvernement de Najib Mikati, les Libanais peinent à s’en sortir …
Une crise économique sans précédent
Depuis fin 2019, le Liban traverse une crise économique majeure. Selon la Banque mondiale, cette « crise économique et financière que connaît le pays pourrait être classée parmi les dix, voire les trois crises mondiales les plus sévères depuis le milieu du XIXe siècle », rapporte BFMTV. Une situation sans précédent dans l’histoire du pays, qui se retrouve aujourd’hui au bord de l’effondrement. Et pour cause, en dehors des médicaments et des matériels médicaux, une grave pénurie de carburant frappe le pays depuis plusieurs jours, provoquant des tensions entre les civils et l’armée. La situation est d’autant plus dramatique que cette pénurie a provoqué l’arrêt de plusieurs centrales électriques elles-mêmes alimentées par du carburant, explique l’OBS. Depuis plusieurs jours, des coupures d’électricité pouvant parfois durer plus de 22 heures sont ainsi survenues à travers le pays (et notamment à la capitale).
Alors que le prix du carburant, devenu très rare, a connu une très forte hausse, les Libanais doivent également faire face à une inflation du prix de certaines denrées alimentaires comme le pain. Sur les réseaux sociaux, on peut ainsi voir des images de dizaines de personnes faisant la queue devant certains commerces afin de se procurer de quoi manger.
L’appel à l’aide de l’hôpital américain de Beyrouth face au « blackout » du Liban
Au-delà de la population, les établissements privés font eux aussi les frais de ces pénuries multiples. Entre autres, l’un des plus grands hôpitaux de Beyrouth, le Centre Médical de l’AUB (American University of Beirut), qui prend chaque année en charge des milliers de patients, redoute un « désastre imminent », rapporte Le Monde.
En effet, le Centre Médical de l’AUB a récemment lancé un appel à l’aide alors que des dizaines de vies sont aujourd’hui menacées par les pénuries qui frappent le pays, que ce soit en termes de médicaments ou d’énergies. Alors que des coupures d’électricité sont survenues dans la capitale libanaise, l’établissement a dû recourir à des générateurs afin de continuer à soigner leurs patients. Le problème ? Ces générateurs fonctionnent essentiellement au carburant … Alors même que le pays connaît actuellement une pénurie d’essence. Si le Centre Médical de l’AUB pouvait disposer de ses réserves en électricité et en carburant, leurs stocks s’épuisent cependant très rapidement, ce qui ne leur laisse que peu de temps pour trouver une solution.
Comme le rapporte la Radio Télévision Belge Francophone (RTBF), l’hôpital a ainsi annoncé dans un communiqué que « quarante malades adultes et 15 enfants, sous respirateurs, mourront dans l’immédiat » en cas de panne des générateurs (et par conséquent de nombreux équipements médicaux permettant de maintenir ces personnes en vie). « 180 personnes souffrant d’insuffisance rénale mourront intoxiquées après quelques jours. Plusieurs centaines de malades de cancer, adultes et enfants, décéderont dans les semaines qui viennent. »
Face à l’urgence de la situation, le Centre Médical de l’AUB a interpellé les autorités libanaises, l’ONU ainsi que toutes les institutions capables de les soutenir afin qu’ils les aide à se fournir en matériel médical et en carburant le plus rapidement possible. Si, comme le rapporte L’Orient-Le Jour, l’hôpital a pu reconstituer une partie de ses stocks suite à l’intervention de diverses entreprises, ces nouvelles réserves ne devraient cependant leur permettre de ne tenir que quelques jours de plus.
Et alors que la situation semble s’aggraver de jour en jour, bon nombre d’autres établissements de santé craignent de parvenir à une situation similaire dans les prochaines semaines, si ce n’est moins.
Le « massacre d’Akkar », illustration d’une situation catastrophique
Pour bon nombre de libanais, le principal responsable de cette situation dramatique demeure le gouvernement, jugé « corrompu ». Quelques jours après les manifestations qui se sont tenues à Tripoli contre le gouvernement, de nombreux manifestants se sont retrouvés ce dimanche 15 août devant la demeure de Najib Mikati, Premier ministre désigné du Liban, en réaction à un drame que certains désignent comme « le massacre de Akkar », rapporte l’OBS.
En effet, alors que l’armée avait été déployée afin d’acheminer du carburant à travers le pays, un camion-citerne a explosé dans la région d’Akkar, au nord du Liban, dans la nuit du samedi 14 août. Au total, 28 personnes ont trouvé la mort dans cette explosion ; 80 personnes, blessées, ont été transportées vers les hôpitaux les plus proches afin de recevoir des soins.
Comme le rapporte Le Monde, l’ancien Premier ministre libanais, Saad Hariri, n’a pas manqué de faire le lien entre les explosions du port de Beyrouth en août 2020 et celle survenue ce week-end. « Le massacre d’Akkar n’est pas différent du massacre du port » a-t-il déclaré via un post partagé sur son compte Twitter. « Si ce pays respectait son peuple, ses responsables démissionneraient, du président jusqu’à la toute dernière personne responsable de cette négligence. »