Dans ce Seriefonia, double actu puisqu’on évoque le film Tik Tik Boom et la disparition d’un grand nom de Broadway : Stephen Sondheim.
[Extrait Sonore « Tick Tick Boom, 1991 »]
[« SérieFonia : Season IV : Opening Credits » – Jérôme Marie]
La grande famille du Musical est en deuil… Ce 26 novembre, Stephen Sondheim est décédé à l’âge de 91 ans… Et il se trouve que j’ai appris la nouvelle alors que j’étais, littéralement, en train de visionner le film Tick Tick Boom, sur Netflix, en vue de consacrer ce SérieFonia au compositeur et auteur Jonathan Larson. Alors oui, je sais, en France, ces deux noms sont loin de parler au plus grand nombre… Mais il se trouve que Tick Tick Boom les réunit tous les deux… Sondheim en Mentor ou, tout au moins, en guide occasionnel de la très, trop, courte carrière que fut celle de Larson. Exactement comme le montre si brillamment le film…
[« Tick Tick Boom, 2021 – 3090 » – Jonathan Larson]
Tick Tick Boom… Et non, je vous arrête tout de suite, le titre est loin d’être débile et encore moins annecdotique… c’est donc l’adaptation du one-man-show créé par Jonathan Larson au tout début des années 90, dans lequel il racontait tout simplement… sa vie. En partie tout au moins. Certaines scènes – ou morceaux de scènes – étant volontairement inventées de toute pièce… Et la grande force de ce film est justement de respecter à la fois l’approche semi-autobiographique, semi-fictive entreprise à l’époque par le jeune auteur, tout en l’agrémentant d’éléments de sa vie après Tick Tick Boom. Parce que, je ne vous l’ai pas encore dit, mais Jonathan Larson… parti beaucoup trop tôt à l’âge de 35 ans… C’est juste celui qui a écrit et composé l’un des plus grands Mucicals de tous les temps…
[« Rent, The Movie – Take Me or Leave Me » – Jonathan Larson]
Rent. Adapté au cinéma par Chris Columbus en 2005, le spectacle se veut une transposition de La Bohème de Puccini dans le New York contemporain à sa création, en mettant en scène deux colocataires et leur entourage sur fond de SIDA, de drogues, d’amour et de désillusions… une comédie musicale aux airs naturels d’opéra rock, aux sujets forts et parfaitement humanisés… Le témoignage ultime d’une époque autant bercée de rêves que de drames… à l’exacte image de ce que fut la vie de Larson… décédé d’une rupture d’anévrisme… le matin-même de la toute première représentation de son œuvre en Off-Broadway, le 25 janvier 1996 à New York. Pas moins de 4 Tony Awards (dont meilleurs Spectacle, livret et musique… en sus du Prix Pulitzer posthume… Rent continue, depuis, de vivre sur les planches sans défaillir. Cette année 2021 ayant d’ailleurs été marquée par la tournée US des 25 ans du show…
[« Rent – Rent » – Jonathan Larson]
Comme le montre bien le film Tick Tick Boom, Jonathan Larson n’a que très peu d’œuvres achevées à son actif… Mais tout à vraiment commencé en 1990 lorsqu’il décroche enfin l’opportunité de montrer à un parterre de professionnels le spectacle qu’il a mis près de 8 ans à écrire : Superbia. Un Musical SF qui reçoit les encouragements de… Stephen Sondheim, avec qui il entretenait une correspondance depuis plusieurs années déjà. Et en 1987, Sondheim lui avait même ouvert les portes des répétitions de son…
[« Into the Woods – Prologue » – Stephen Sondheim / James Lapine]
Into the Woods ! LE Musical composé par Sondheim sur des textes de James Lapine, qui se joue des codes de contes de fées avec autant d’humour que de respect et d’inventivité… et qui fut, lui aussi, brillement adapté en 2014 par le réalisateur Rob Marshall pour les studios Disney. Mais, bien entendu, si vous connaissez Stephen Sondheim, ça reste avant tout pour ça…
[« West Side Story, 1961 – America » – Leonard Bernstein / Stephen Sondheim]
West Side Story… qui revient d’ailleurs ce mois-ci sous la caméra de Steven Spielberg… Bien sûr, la partition reste l’œuvre de Leonard Bernstein… Mais c’est bel et bien Stephen Sondheim qui en signait les paroles. Toute sa carrière, il a ainsi alterné entre composition, écriture et production. Alors, afin de lui rendre ici hommage, replongeons-nous quelques secondes en 1973… lorsque la comédienne Glynis Johns interprétait la chanson-phare « Send in the Clowns » dans A Little Night Music.
[« A Little Night Music – Send in the Clowns » – Stephen Sondheim]
En 1979, c’est également lui qui créait le spectacle que se réappropriera bien des années plus tard Tim Burton… Sweeney Todd, The Demon Barber of Fleet Street. Vous vous souvenez du film avec Johnny Depp et Helena Bonham Carter ? Et bien, sur scène, ça donnait ça :
[« Sweeney Todd, The Demon Barber of Fleet Street – No Place Like London » – Stephen Sondheim]
On lui devait aussi Gypsy en 1959, Follies en 1971, Sunday in the Park with George en 84, ou encore Assassins en 1990… Un grand parmi les grands, que l’on n’est pas près d’oublier… C’est triste à dire mais, en un sens, je suis malgré tout très heureux de vous proposer aujourd’hui cette émission spéciale Musicals. Car au-delà des seules BO de films ou de séries, j’adore ça… Depuis tout gamin, quand mes parents m’ont offert la cassette audio des Misérables de Boublil et Schönberg… Au final, rien ne vaut le frisson que procure la scène. C’est ce qui transparait dans Tick Tick Boom. L’amour du genre, le respect de l’homme, la passion des planches… Normal : ce film est le tout premier réalisé par Lin-Manuel Miranda. Quoi ?… Ce nom ne vous dit rien non plus ?… C’est juste le mec qui a créé In the Heights… Non plus ?! Bon… Et ça, ça vous parle bordel ?!…
[« Hamilton – My Shot » – Lin-Manuel Miranda]
Vous êtes prêts ?… 11… Pas moins de 11 Tony Awards en 2016. Un carton absolu… Hamilton a fait un carton absolu. Et non seulement, il a créé, composé et écrit le spectacle mais, en plus, Lin-Manuel Miranda y a tenu le rôle-titre en off-Broadway d’abord, puis à Broadway ensuite ! Hamilton, ça retrace une bonne partie de la vie d’Alexander Hamilton, qui fut le Premier Secrétaire au Trésor des Etats-Unis de Septembre 1789 à Janvier 1795. Le show est unique en son genre. A la fois classique et « hip-hop-isant »… De l’art de dépoussiérer les codes d’un genre souvent taxé de désuet (surtout chez nous)… on en ressort aussi galvanisé qu’ému… Et puis, la captation officielle du spectacle est disponible sur Disney +, alors… Pas d’excuse ! Bon, sinon, à part ça, vous avez pu le voir récemment dans le rôle (non chanté) de Lee Scoresby dans la série His Dark Materials. Mais, moi, je l’adore surtout pour ça…
[« Mary Poppins Returns – Trip a Little Light Fantastic » – Marc Shaiman / Scott Wittman]
Et oui : il était Jack dans Mary Poppins Returns en 2018 ! La combinaison parfaite entre cinéma et Musical… En faisant de Tick Tick Boom son tout premier film, Lin-Manuel Miranda continue donc de s’imposer comme l’une des principales figures du genre… Extrêmement talentueux et sincère… Visiblement ému et conscient du poids de l’intrigue… de la vie… qu’il met en scène. Pour le rôle de Jonathan Larson, la production a fait appel à Andrew Garfield. Oui, celui-là même que tout le monde espère retrouver en Amazing Spider-Man dans No Way Home d’ici quelques semaines au cinéma… Et lui aussi apparait totalement investi… possédé presque par le personnage et l’héritage culturel qui l’accompagne. Bref… Chapeau, Messieurs… Vous méritez bien une standing-ovation… Je vous quitte sur l’une de mes chansons préférées de ce Tick Tick Boom que je vous encourage, que dis-je ?… Que je vous ordonne d’aller regarder sur Netflix, même si tout cela aurait amplement mérité une distribution en salles… La chanson s’appelle « Why »… Pourquoi… Pourquoi a-t-il fallu qu’il parte juste avant de voir son rêve enfin se réaliser ?… Le Destin est souvent cruel… Mais, heureusement, le talent et l’art peuvent rendre immortel…
[« Tick Tick Boom, 2021 – Why » – Jonathan Larson]
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