Que serait Steven Spielberg sans John Williams ? C’est la question que l’on se pose aujourd’hui dans ce nouveau Seriefonia.
[« SérieFonia : Season IV : Opening Credits » – Jérôme Marie]
[« EXTRAIT AUDIO – BRIDGE OF SPIES »]
[« West Side Story, 2021 – End Credits » – Leonard Bernstein]
Hier, 8 février 2022, John Williams a eu 90 ans ! Et, souvenez-vous, je vous disais la semaine dernière que votre SérieFonia trouverait un moyen un peu particulier de le célébrer… sans lui. C’est pour ça que cette pastille vient de s’ouvrir sur du Leonard Bernstein… Car hier étant hier… et aujourd’hui étant aujourd’hui… ça fait qu’aujourd’hui, bah, c’est en fait son… « joyeux non-anniversaire ». Oui, je sais c’est tordu… Mais avouez que je parle déjà très régulièrement de lui… Avec Alex, nous lui avions même consacré deux émissions spéciales d’une demi-heure chacune en After de La Loi des Séries il y a quelques années… Je vous encourage à aller réécouter ça… En attendant, j’abrège ici cette introduction déjà bien trop longue et vous annonce donc un peu plus clairement la couleur : aujourd’hui, c’est en fait des quelques infidélités que Spielberg a commise envers Williams dont je vais vous parler…
[« Columbo – Murder by the Book » – Billy Goldenberg]
Par exemple, c’était bien lui qui réalisait le tout premier épisode de Columbo, Murder by the Book, mis en musique par Billy Goldenberg, en 1971. Car, bien entendu, dans un premier temps, le jeune Steven Spielberg ne connait même pas encore John Williams. A peine sorti de l’université et après quelques premiers essais de court-métrages, il est invité par Universal à en réaliser un pour eux, en 35mm et à hauteur d’un budget de 15 000 dollars, en vue d’une distribution en salles… Ce sera Amblin’… Titre qu’il reprendra plus tard pour en faire le nom de sa propre société de production… Nous sommes en 1968 et c’est le producteur Michael Lloyd qui fournit la musique…
[« Amblin’ » – Michael Lloyd]
Oui, comme dirait l’autre : « C’est pas du Williams ». Mais, hé, faut pas trop en demander non plus. Pour un début, c’est quand même rare de bénéficier d’une telle exposition… Le film a remporté plusieurs prix et a même été programmé dans le cadre du Festival du Film d’Atlanta en 1969. Un p’tit succès qui pousse Universal à directement engager Spielberg pour les 7 prochaines années ! Et c’est à la télé qu’il fait donc ses premières armes. Avant Columbo, il y a notamment eu… un segment du pilote de Night Gallery, la nouvelle série d’anthologie du créateur de la Quatrième Dimension : Rod Serling.
[« Night Gallery – Opening Theme » – Billy Goldenberg]
Nous sommes le 8 novembre 1969 et Steven Spielberg signe le segment intitulé Eyes… Avec nulle autre que Joan Crawford dans le rôle principal. Également sous contrat avec Universal, c’était déjà le même Billy Goldenberg qui officiait à la musique. Au cours des années suivantes, il composera également quelques épisodes de L’homme de fer, de La croisière s’amuse, de la version 89 du Tour du Monde en 80 jours, ou encore de Kojak. Et c’est tout aussi naturellement qui lui et Spielberg se retrouvent en 1971 pour… Duel.
[« Duel – Second Chase » – Billy Goldenberg]
On a tendance à l’oublier, mais Duel était un téléfilm… à l’origine réalisé de main de futur maître pour la chaîne ABC même si, depuis, il a fait les beaux jours de bien des cinéclubs à travers le monde. Après quoi, Tonton Steven a encore signé deux téléfilms, Something Evil en 72 et Savage en 73, respectivement mis en musique par Wladimir Selinsky et Gil Mellé. Désolé, impossible d’en trouver des extraits… Arrive enfin 1974, décidément une très grande année, et la fameuse rencontre entre Spielberg et Williams, organisée par le studio en prévision du montage final de The Sugarland Express. La suite on la connait… ça fait des étincelles, blablabla, tout ça tout ça… Si bien qu’ils ne se quittent plus. Ou presque plus. Après E.T. en 1982, Spielberg mène la vie dure au réalisateur Tobe Hooper sur le tournage de Poltergeist, qu’il produit et dont il a co-écrit le scénario. Ayant du mal à ne pas s’immiscer à chaque plan, beaucoup s’accordent à dire que même si c’est bien Hooper qui criait « Action » à chaque début de prise, Poltergeist reste, en réalité, un film réalisé par Steven Spielberg. C’est faux. Bien qu’ultra présent sur le plateau et décidant quasiment de tout, lui-même continue d’affirmer que Poltergeist est bel et bien de Hopper… Ok, tout ça reste très flou. Mais ce qui est sûr en revanche, c’est que la musique est de Jerry Goldmsith…
[« Poltergeist – The Neightborhood Day » – Jerry Goldsmith]
Tout comme celle de La Quatrième Dimension, le Film… qui arrive sur les écrans l’année suivante, en 1983. Aux côtés de John Landis, Joe Dante et George Miller, Spielberg y réalisait le segment Kick the Can…
[« The Twilight Zone, The Movie – Night Games » – Jerry Goldsmith]
Une fois lancé dans la production, plus possible de l’arrêter. Les Goonies, Les Gremlins, Les Retour vers le Futur au ciné… Les Urgences, Band of Brothers et autres Seaquest DSV à la télé… Tout ça, c’est lui ! Alors, je vous ferai grâce de l’énumération complète de tout ce qu’il a pu entreprendre et je me contenterai ici de m’arrêter sur ce qu’il a réalisé, bien sûr, et sur ce qu’il a réellement écrit. Comme certains épisodes de ses Amazing Stories, Histoires Fantastiques en français… Car non content d’avoir lui-même dirigé les deux histoires Ghost Train et The Mission, toutes deux mises en musique par John Williams, il a par exemple également écrit celle mise en scène par… Clint Eastwood ! L’épisode s’appelait Vanessa in the Garden, c’était diffusé le 29 décembre 1985 sur NBC, et la musique était de Lennie Niehaus : fidèle collaborateur d’Eastwood qui a notamment travaillé sur La relève, Impitoyable et Sur la route de Madison…
[« Amazing Stories – Vanessa’s Laughter » – Lennie Niehaus]
Après, c’est resté rare… Mais il est sciemment arrivé à Steven Spielberg de faire appel à un autre que Williams pour sa filmographie principale. Soit par indisponibilité du musicien, soit par véritable choix éditorial… comme sur La couleur Pourpre, en 1985.
[« The Color Purple – I’m Here » – Quincy Jones]
Afin de parvenir à rassembler blues, jazz et gospel, Spielberg a fait appel au mythique producteur et trompettiste Quincy Jones. Quelques années auparavant, il avait par exemple collaboré avec Michael Jacskon et Diana Ross sur la version The Wiz par Sidney Lumet. Coïncidence… ou pas… lui aussi avait composé pour plusieurs épisodes de L’homme de fer entre 1967 et 1968. Comme quoi le monde est petit… En 1996, soit entre La liste de Schindler et Le Monde Perdu, il co-crée et co-écrit avec Michael Pavone et Eric Bogosian la série policière High Incident. 2 saisons et 32 épisodes, toujours pour ABC, dont le Main Title était confié aux bons soins d’Hans Zimmer et le reste de la partition à son complice John Powell…
[« High Incident – Suite » – John Powell]
Mais de L’Empire du Soleil en 1987 à Lincoln en 2012 : John Williams compose absolument TOUS les films de Spielberg. Toutefois, lorsqu’arrive Le pont des espions en 2015, Williams a déjà 83 ans… et, souffrant, préfère ne pas faire la musique du film. Spielberg appelle alors Thomas Newman… qui a eu droit à son SérieFonia y a vraiment pas longtemps… et que dire ? Faute de mieux, il a très bien fait…
[« Bridge of Spies – End Title » – Thomas Newman]
De nouveau sur pieds, Williams revient le temps du grand écart que constituent Le bon gros géant en 2016 et Pentagone Papers en 2017… Mais passe de nouveau la main pour Ready Player One l’année suivante. Remarquez, ça fait sens et ce n’est pas réellement gênant… Pour l’occasion, Spielberg appelle Alan Silvestri à la rescousse et ce dernier se lance dans une course vertigineuse entre composition 100% originale et bribes multiples de phrases référentielles… y compris de ses propres partitions comme Retour vers le Futur… et, comme on dit, ça fait l’taf. Efficace et dynamique à mort. A défaut d’avoir du bon Williams, on a du bon Silvestri… Y a pire dans la vie…
[« Ready Player One – Last Chance » – Alan Silvestri]
On ne sait pas encore qui fera la musique de The Fabelmans, supposé sortir à la fin de cette année… On sait en revanche, que John Williams – 90 ans hier, je le rappelle, a signé pour Indiana Jones 5 !… Mais qui se tourne sans Spielberg. On verra bien ce que ça donne… 90 ans… Papy Williams… Le patron des patrons… C’est avec lui, bien sûr, que je vais maintenant vous quitter… Et quoi de mieux pour célébrer à la fois son anniversaire et l’impact qu’a pu avoir sa fantastique carrière tout au long de nos vies, qu’une petite balade à vélo ? Alors, destination les studios Universal… et en avant pour l’attraction The E.T. Adventure ! Continuez de rêver et… à très vite !
[« The E.T. Adventure » – John Williams]
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