L’extrême droite a atteint un pouvoir d’influence inédit en France. Si un tel score est rendu possible, c’est en parti du à l’absence de Front Républicain. Mais d’où vient cette idée ?
Pour connaitre l’histoire du Front Républicain, il faut remonter aux années 1950. Depuis 1890, l’antisémitisme et l’extrême droite ne cesse de prendre de l’ampleur en France et en Europe. A partir de 1894, l’extrême droite prend une nouvelle dimension à travers l’affaire Dreyfus. La première guerre mondiale stoppe temporairement cette montée. Mais dès le début des années 1920, des ligues d’extrême droite apparaissent en France. Dans la lignée d’Action française, elles défendent des idées hostiles à la République parlementaire, souvent antisémites.
Le besoin d’alliance
L’extrême droite atteint son apogée en Europe pendant la seconde guerre mondiale. 10 ans après la fin de la guerre, l’extrême droite française, menée par Pierre Poujade, est au plus fort. Aux élections législatives de 1956, le risque de voir un grand nombre de députés extrêmes entrer à l’Assemblée est élevé. Pierre Mendès France rassemble alors la Section Française de l’Internationale Ouvrière (SFIO), le Parti Radical, l’Union Démocratique et Socialiste de la Résistance (UDSR) et les Républicains Sociaux. Ensemble, ils remportent une majorité relative de 192 sièges à l’Assemblée et repoussent la menace poujadiste. Guy Mollet est nommé chef du Conseil et forme le nouveau gouvernement. Mais ce Front Républicain se délite rapidement et conduit à la fin de la 4ème République.
L’appel au Front Républicain
L’expression revient pour la première fois en 2002. A la surprise générale, Jacques Chirac est au deuxième tour… contre Jean-Marie le Pen, chef du Front National ! Tous les partis politiques français appellent alors au Front Républicain. En d’autres termes, c’est tous unis contre l’extrême droite. La manœuvre est efficace : Jacques Chirac remporte l’élection avec près de 82% des voix.
L’appel au Front Républicain est de nouveau passé en 2017, au deuxième tour de la présidentielle qui oppose Emmanuel Macron et Marine le Pen. C’est finalement le premier qui l’emporte avec 66% des voix. Mais l’extrême droite gagne du terrain. En 2022, bis repetita, Macron est de nouveau face à Le Pen. L’appel au Front Républicain est moins tranchant : le président sortant l’emporte avec 58% des voix.
Aux législatives, lors d’affrontement RN-Nupes ou RN-Ensemble !, aucun camp n’a donné de consignes de Front Républicain. Ce dernier s’est perdu, et voilà le RN première force d’opposition à l’Assemblée nationale.