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On regarde ou pas ? Meurtre au polonium – L’affaire Litvinenko (M6)

La série raconte la tristement célèbre affaire Litvinenko, avec une efficacité toutefois ternie par une approche un peu trop austère. 

C’est quoi, Litvinenko ? 2006, à Londres. Un homme (David Tennant) rentre chez lui auprès de sa femme Marina (Margarita Levieva) et de son fils. Peu après le dîner, il est malade et commence à vomir du sang. Seize jours plus tard, affaibli et d’une pâleur cadavérique, il reçoit à l’hôpital la visite des policiers Brent Hyatt (Neil Maskell) et Jim Dawson (Barry Sloane). Il leur révèle son identité : il s’appelle Alexandre Litvinenko, il est un ex-agent du FSB russe qui a fait défection, et il est convaincu d’avoir été empoisonné. Le responsable ? Vladimir Poutine. D’abord incrédules, les deux policiers recueillent son témoignage et enquêtent sur le meurtre de cet homme pas encore mort – sans se douter des répercussions de cette affaire sensible.

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L’essentiel

L’affaire a fait la une des journaux, a marqué l’opinion publique et provoqué une onde de choc dans le domaine de la politique internationale : en 2006, l’ex-agent du FSB Alexandre Litvinenko agonise sur un lit d’hôpital, après avoir été empoisonné en plein cœur de Londres. Avant sa mort, ce transfuge russe qui n’a cessé de dénoncer les exactions du régime de Vladimir Poutine accuse nommément le chef du Kremlin d »avoir ordonné son assassinat. C’est cette histoire que nous raconte la mini-série britannique Litvinenko, à partir du 19 janvier sur M6. 

On aime

C’est une histoire digne d’un roman de John Le Carré : espions russes, transfuges, empoisonnement au polonium, pressions des autorités, tensions internationales… et  Vladimir Poutine, cité dès le début par Litvinenko, victime d’un assassinat qui n’est pas encore mort et qui dénonce son propre meurtrier. Chaque épisode débute en expliquant qu’il s’agit bien d’une histoire vraie, soigneusement documentée malgré quelques modifications mineures. Et l’exposé méthodique de l’affaire est indéniablement bien mené, la série reprenant minutieusement le déroulé des événements en s’appuyant sur les témoignages, les enregistrements de l’ex-agent à l’article de la mort sur son lit d’hôpital, les dossiers d’enquête…  

Les quatre épisodes retracent l’investigation menée par deux policiers britanniques puis par le contre-espionnage, sur une période de dix ans et de manière chronologique. Tout commence lorsque Litvinenko est atteint par les premiers symptômes ; Hyatt, Dawson et une équipe dirigée par Clive Timmons (Mark Bonnar) tentent de remonter jusqu’au lieu de l’empoisonnement et de prouver que l’assassinat est directement imputable aux services secrets russes suite à un ordre du Kremlin ; un agent britannique (Sam Troughton) se rend à Moscou pour interroger le principal suspect ; dix ans plus tard Marina Litvinenko se bat toujours bec et ongles pour obtenir justice, tandis que l’affaire s’est enferrée dans des complications juridiques et diplomatiques. 

C’est d’ailleurs cet aspect qui reste le plus percutant : lorsqu’on épouse le combat de Marina, la série prend une dimension plus intimiste. Incarnée par une excellente Margarita Lieveva, la veuve est certainement le personnage le plus fort et le plus emblématique de la série. Au fil d’une décennie, on la voit lutter pour la mémoire de son mari décédé et pour son fils, tenter d’obtenir justice, mener des campagnes pour que les responsable soient traduits en justice, affronter les pressions et les tentatives d’intimidation, faire face aux imbroglios diplomatiques avec une opiniâtreté farouche, dénoncer sans relâche l’arbitraire d’un pouvoir totalitaire capable d’assassiner ceux qui s’opposent à son chef même sur le sol étranger. 

On aime moins

Le choix de limiter l’aspect fictionnel au strict minimum et de dérouler scrupuleusement les faits rend le récit assez austère. On a parfois l’impression de regarder un documentaire, la série n’offrant finalement aucun enrichissement sur le plan narratif ou humain. Les épisodes se concentrent sur des procédures policières et judiciaires laborieuses – qui sont parfois intéressantes, parfois plus ennuyeuses. A fortiori parce que, exceptée Lieveva, aucun acteur ne tire véritablement son épingle du jeu. A leur décharge, les personnages n’ont guère de profondeur…  

Et si le nom de David Tennant a été largement mis en avant lors de la promotion, c’est de la triche ! Dans le rôle de Litvinenko, il apparaît dans le premier épisode, marmonne avec un fort accent russe approximatif, est maquillé comme une voiture volée pour ressembler au vrai Litvinenko sur les photos prises à l’hôpital… et il meurt. On ne le reverra plus, la série se passant largement de l’homme qui lui donne son titre pour se concentrer sur l’enquête. Ce qui engendre deux problèmes : d’une part, alors que le cœur de l’histoire est l’agonie et la mort d’un homme assassiné pour ses prises de position politiques, aucune émotion ne transparaît vraiment ; d’autre part, arrivé au terme des quatre épisodes, on a du mal à savoir qui il était ou quelles étaient ses convictions politiques et idéologiques.  

Enfin, il est surprenant de voir que, à un moment où la Russie de Poutine est au cœur de l’actualité et alors que la guerre froide semble ravivée, la série ne fait qu’effleurer le sujet. On reste focalisé sur l’affaire Litvinenko en elle-même, sans jamais étendre le propos ou exposer un système généralisé d’ingérence et de représailles meurtrières (de Georgi Markov à  Sergueï Skripal en passant par Anna Politovskaia).   

On regarde si… on aime les séries qui se cantonnent aux faits bruts, à la limite du docu-fiction ; on est prêt à prendre le temps de suivre l’enquête pas à pas, même lorsqu’elle fait du sur place ; on cherche un compte-rendu scrupuleux de l’affaire Litvinenko.

On ne regarde pas si… on veut connaître le personnage de Litvinenko et on s’attend à des flash-back éclairant son combat et sa personnalité ; on veut voir David Tennant en long, en large et en travers ; on est un ex-agent du FSB un chouïa paranoïaque… 

Meurtre au polonium – L’affaire Litvinenko
4 épisodes de 45′ environ.
Le 19 Janvier sur M6. 

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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