De 3 000 à 5 000 animaux sont tués chaque année dans les zoos européens sur ordre de l’EAZA. L’association européenne des zoos et aquariums a pourtant pour but de préserver les espèces menacées. Alors comment expliquer qu’elle fasse tuer des animaux ?
Vous vous souvenez de l’histoire très médiatisée de Marius, le girafon euthanasié dans un zoo danois parce qu’il « n’avait pas un patrimoine génétique intéressant » (voir photo ci-dessus). Comme lui, entre 3 000 et 5 000 animaux vivant en captivité sont tués chaque année en Europe, selon une dirigeante de l’Association européenne des zoos et aquariums (EAZA) dans une interview diffusée par la chaîne BBC. Cette même association qui a demandé l’euthanasie de Marius.
Si ces animaux sont tués par les zoos, c’est parce que ceux-ci veulent éviter les risques de consanguinité. Du coup, plutôt que de les castrer, ils préfèrent s’en débarrasser. Cela coûte moins cher, évidemment, que de faire vivre un animal dont on ne pourra tirer aucun profit du fait de son patrimoine génétique « à risque ». Simon Tonge, président de l’EAZA, ne s’en cache pas : « Beaucoup de zoos pratiquent l’euthanasie. Ils choisissent de la pratiquer parce qu’il s’agit d’une bonne méthode de régulation des populations », a-t-il déclaré en tout état de cause.
L’excuse bidon des chasseurs
Ah, cette bonne vieille excuse qu’est « la régulation des populations » ! Il suffit de la présenter comme argument, et elle justifiera parfaitement un meurtre. C’est d’ailleurs ce formidable mensonge éhonté que formulent les adeptes de la chasse depuis des lustres afin de répondre aux critiques… « Nous tuons des animaux afin de réguler la faune », prétextent-ils. Comme si la nature n’était pas assez bien faite pour se réguler elle-même…
Mais ce qui est grave, c’est que l’EAZA utilise cette même aberration comme excuse. Comment un organisme de protection des espèces en voie de disparition – qui a d’ores et déjà permis à certaines espèces, comme le tamarin lion, de se réinsérer dans la nature – peut-il promouvoir un argument véhiculé depuis des décennies par des chasseurs ? N’est-ce pourtant pas à cause des chasseurs (entre autres) que des espèces s’éteignent ? Le rôle de l’EAZA n’est-il pas, au contraire, de lutter contre ceux qui contribuent à l’appauvrissement de la faune ?
Depuis le scandale de Marius, l’EAZA se révèle sous un autre jour. De « super-association » aux actes héroïques de sauvegarde des espèces, elle est devenue une sorte d’organisation qui assassine des animaux – et déguise ces assassinats – au nom de la régulation des espèces. Entre ceux qui sauvent les animaux et ceux qui les tuent, la frontière est donc bien plus finequ’on ne pourrait l’imaginer…
Elisa Gorins